Le titre du roman de Joseph Heller fait référence à un article du règlement militaire auquel ses personnages, des bombardiers américains de la Deuxième Guerre Mondiale, sont soumis. L'article, Catch-22, se lit comme suit :
- Un homme est considéré fou s'il participe volontairement à des missions dangereuses. Toutefois, si l'homme demande pour ce motif à être exempté desdites missions, le fait de déposer la demande sera une preuve de santé mentale et il ne pourra être relevé de ses fonctions.
C'est dans l'imbroglio bureaucratique et l'impossibilité logique causés par cet article de règlement (sans oublier également le chaos plus ordinaire causé par la guerre) que les personnages de Heller évoluent. Ils sont tous un peu fêlés, sauf, peut-être, Yossarian, le personnage principal, qui n'arrive pas à se faire à l'idée que des gens qu'il ne connait pas tentent de le tuer et qui n'a qu'un désir : rentrer chez lui sain et sauf.
Le bouquin nous narre, de façon complètement éclatée, le détail des stratagèmes qu'il met en place pour tenter d'hâter son rapatriement. Saboter son propre appareil et se faire porter pâle ne seront que deux de ses tactiques. Malheureusement, au sein d'une bureaucratie où vous pouvez être déclaré mort malgré vos plus vives protestations, l'ingéniosité de Yossarian n'est pas nécessairement suffisante pour lui procurer un billet de retour vers les États-Unis...
J'ai bien aimé la lecture de ce livre qui fait partie des piliers de la culture américaine contemporaine. La langue est vive, les phrases sont parfois d'un délicieux illogisme et la narration saute du coq à l'âne avec un naturel complètement déboussolant. Toutefois, le roman aurait gagné à être amputé d'un bon tiers de ses pages. Si le début et la fin du récit sont trépidants, le milieu manque de rythme et d'intérêt.
Je le recommande aux amateurs de Kafka ou à tous ceux qui se heurtent régulièrement à l'esprit fonctionnaire : l'éclatement du récit et l'omniprésence des bureaucrates aux principes absurdes vous amèneront en terrain connu! :)
6 commentaires:
Je n'ai pas lu le livre, mais j'ai vu le film, qui était fort sympathique.
Comme souvent avec les trucs éclatés, j'arrive à peine à croire qu'on ait pu en faire un film! lol!
"Un homme est considéré fou s'il participe volontairement à des missions dangereuses"... Voilà qui laisse place à beaucoup d'interprétation! Qui décide s'il est vraiment fou? Qui le relève de ses fonctions? Il ne peux pas le demander lui-même, sinon ça prouve qu'il n'est pas fou... Et en plus, ça arrange ses employeurs, qu'il participe à ces fameuses missions dangereuses, non? Illogique et intrigant!
Une traduction, si je comprends bien? Si le style est aussi éclaté que tu le dis, le boulot a dû être difficile pour le traducteur.
Enfin, ce livre semble intéressant. Peut-être plus tard, quand j'aurai lu tout ce qui se fait du côté des auteurs québécois! ;)
@Isa : C'est ça l'arnaque : personne ne le relève de ses fonctions s'il ne le demande pas! :p
Je suppose que le livre a été traduit, mais je l'ai lu en anglais. Ça m'a demandé tout mon petit change au début d'ailleurs!
lol! "Tout ce qui se fait du côté québécois"? ;) C'est comme décider de retourner chaque pierre de ton propre pays avant d'aller faire du tourisme! hihihi ;) Je pense que tu vas devoir t'attaquer à la source de l'offre de romans québécois si tu veux avoir une chance de lire Catch-22 (mais pas en posant une bombe au Boréal, s'il-te-plaît!).
À Gen : MDR! Je sais, c'est foutu d'avance, je ne lirai plus de romans étrangers! Faut dire que je n'ai carburé qu'à ça pendant des années, alors il n'est que justice que mes intérêts se concentrent d'abord et avant tout sur les auteurs d'ici. Un juste retour des choses... Et pour lire en anglais, tu me connais, yes, no, toaster, alors on oublie ça!
T'inquiète, je ne poserai pas de bombe au Boréal. J'ai bien trop hâte d'y aller, surtout que cette fois-ci, mon amoureux m'y accompagnera...
Méchante arnaque pareil, ce règlement Catch-22!
@Isa : Faut qu'on se reparle du Boréal. ;) Pour ce qui est des romans québécois vs étrangers, j'essaie de diviser mes lectures 50/50.
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