Au cinquième siècle de notre ère, après avoir christianisé les pays de tradition celtique, les dirigeants de l’église catholique se sont retrouvés avec un gros problème sur les bras : à l’époque de l’année où la nature s’endort pour l’hiver, les Celtes avaient l’habitude de commémorer leurs morts et de payer leurs respects aux forces de la nature lors de la fête de Samhain.
Pour tenter de couper l’herbe sous le pied des rituels païens, les hommes d’église ont voulu mettre sur pied une alternative chrétienne à ces célébrations. Il leur a fallu quelques siècles, mais, au neuvième siècle, ils ont fini par déplacer au premier novembre la fête chrétienne de la Toussaint (qui, comme son nom l’indique, célèbre tous les saints). En vieil anglais, la veille de la fête se nommait All Hallow Eve(n) (approximativement "veille de tous les saints"). Répétez rapidement trente fois et vous comprendrez d'où vient Halloween...
Ainsi, l’église catholique se retrouvait dotée d’un cadre pour organiser en son sein une célébration chrétienne des forces bénéfiques de la nature. Rassurés par le fait qu’ils pourraient honorer d’une façon ou d’une autre les esprits leur ayant assuré une bonne récolte, les paysans restés un peu païens (paysan et païen sont d'ailleurs issus du même mot latin paganus) ont accepté de renoncer peu à peu à leurs rites druidiques pour utiliser à la place ceux de l’église romaine. Une messe a été substituée au banquet et des cierges ont remplacé les feux de joie, tandis que les prêtres se sont mis à invoquer la protection des saints sur le bétail et les champs, à la place des druides qui invoquaient jadis celle des dieux. Bref, l’église s’est emparée d’un moment où le changement de saison et des siècles de traditions poussaient les gens au mysticisme et elle l’a détourné à son avantage. (Ça n'avait rien de scandaleux d'ailleurs : les religions anciennes faisaient ça tout le temps! C'est juste que les chrétiens, eux, le nient ensuite...)
Ce détournement s’est finalisé au onzième siècle, lorsque la fête chrétienne des morts a été instaurée, le deuxième jour de novembre. Désormais, après avoir demandé la protection des saints lors de l’ancien jour de Samhain, les peuples de tradition celtique pouvaient, le lendemain, se rendre dans les cimetières et entretenir les tombes de leurs chers disparus, en y disposant, entre autres, des fleurs et des bougies. Si les lanternes découpées dans des légumes utilisées anciennement par les druides lors des rituels de Samhain n’étaient pas les bienvenues, l’esprit des rites subsistaient donc.
L’Amérique du nord ayant été peuplée en majorité par des peuples de souche celtique, il ne faut pas s’étonner, je crois, de voir que l’Halloween y a connu une renaissance dans le dernier siècle. Après tout, cette fête des morts et des esprits, cette célébration du moment de passage entre les mondes, n’a jamais été complètement abandonnée. L'abandon du christianisme pur et dur nous a permis de retrouver ses racines païennes et festives.
J’espère que ce petit récapitulatif vous a plu et que vous êtes désormais conscients que lorsque vous vous promènerez dans les rues demain soir, vous serez en fait de vilains païens qui courent le risque de vous faire enlever par des esprits, na!
Ne vous demandez donc pas où je suis passée si jamais je disparais de la blogosphère… ;p
3 commentaires:
Tres bon historique, j'ai appris plein de choses :).
C'est un juste retour : d'habitude c'est moi qui apprend chez toi ;)
Merci pour toutes ces informations, j'ignorais tous ces détails! Et surtout, que j'étais une païenne aussi pratiquante...
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