Bon étant donné que l'ermite (lui là) a trouvé une formule que j'adore pour critiquer les recueils de nouvelles et autres périodiques, je vais l'imiter honteusement pour ce billet. ;) Dans le Solaris 171, on retrouve donc :
Lettre d'amour de Neil Gaiman. Vaguement étrange, étrangement malsain... Une lettre écrite à l'objet, peut-être inconscient, d'un amour tordu et sans doute non partagé. Ça m'a laissée plutôt froide.
Orange de Neil Gaiman. Deuxième oeuvre du grand maître... et là on retrouve davantage le ton du collaborateur de Terry Pratchett et de l'inventeur du Sandman! :) Une histoire de... heu... substance orange aux effets inattendus... racontée à travers un formulaire. Idée de génie pour la forme, mais évidemment, ça laisse un flou sur le fond.
Ors blancs de Alain Bergeron. Avant de vous en parler, il faut que je vous raconte une anecdote. J'avais à peine treize ans. À la bibliothèque municipale, j'avais emprunté une nouveauté "Escales sur Solaris" (que je savais être un recueil de nouvelles de SFF issues de la revue Solaris dont j'avais vaguement entendu parler). Dans le recueil, il y avait la nouvelle "Le huitième registre" de Alain Bergeron. Le texte m'avait flabbergastée comme dirait mon chum. Imaginez : j'ignorais le concept même de l'uchronie, mais j'aimais déjà l'histoire et l'écriture. Et tout d'un coup, je découvrais ce type d'histoire alternative sous la plus belle forme qu'il m'ait été donnée de lire jusqu'ici. C'était il y a presque quatorze ans... hé bien, hier, en lisant les premiers mots de Ors blancs, j'ai senti l'excitation me parcourir, aussi intense que la première fois : j'étais devant la suite du Huitième registre. On y raconte un complot autour de l'emprise du pouvoir impérial (romain) et de la montée de la modernité dans le Nouveau Monde. Inutile de dire que je l'ai dévorée!
Recette maison de Éric Gauthier. Je ne connais Gauthier que depuis "Une fêlure au flanc du monde", alors j'étais impatiente de découvrir un autre de ses écrits. Je n'ai pas été déçue. C'est le récit de la cohabitation de deux artistes qui se découvrent un talent pour le jardinage fantastique et la confiture maison... avec, peut-être, une réflexion sur les OGM et le terrorisme? J'en aurais repris!
Désaxés de Jean-Louis Trudel. La nouvelle qui m'a laissée la plus froide. Elle parle de relations humaines et parentales sur fond de SF... La SF me semble justement plus un décor qu'un élément nécessaire. Pas mauvais, mais pas mon style.
La mort aux dés d'Élisabeth Vonarburg. Notre grande dame québécoise nous livre une courte visite dans l'univers de Tyranaël, sous la forme d'histoires racontées par une grand-mère à ses petits-enfants. Vonarburg y revisite la fonction ancienne de la littérature et des mythes : éduquer les gens, leur expliquer le monde qui les entoure. Intéressant et dépaysant, quoiqu'un peu touffu pour ceux qui, comme moi, n'ont pas lu tout "Tyranaël". Rythme lent, sans doute voulu, mais qui fait qu'on ne se précipite pas vers la fin du récit.
Alors, pour résumer, le Solaris 171, numéro spécial Anticipation/Boréal, est un excellent numéro, bien que ce ne soit pas nécessairement, à mon avis, les plus grands noms qui nous donnent les meilleures nouvelles. J'espère qu'Alain Bergeron finira par réunir ses uchronies en un seul recueil!
8 commentaires:
J'ai pas vu-lu la formule de l'Ermite.
Ben il détaille les nouvelles une par une, comme je le fais :p Mais en plus, il les note, ce que j'ose pas faire.
J'y songeais depuis quelque mois, mais je crois que je vais abandonner le système de notation individuel des nouvelles. Je vais me contenter de donner une note générale à la revue.
Va falloir que je lise aussi le 171. Bon commentaire de ta part, j'aime beaucoup la forme, hé hé hé.
Évidemment : notation individuelle, ah là là.
Contente que mon petit plagiat ne te dérange pas trop Richard ;)
Ah oui, tu vas abandonner la notation individuelle? Pourtant, c'était intéressant... La raison pour laquelle j'ose pas m'y mettre, c'est parce que je sais, par expérience professionnelle, qu'il me faut des heures à me résoudre à mettre une note... J'élaborerais probablement des grilles de critères et autres... bref, trop de boulot!
Toi, pourquoi tu veux laisser tomber?
Toujours @Richard... J'ai bien hâte de voir tes commentaires. Ça va me permettre de mieux cerner nos ressemblances ou divergences de goût! :) (Toujours utile si je veux me fier à ton blog pour des suggestions de lecture...)
Pour ce qui est de la notation individuelle, je crois qu'elle est plus "néfaste" qu'autre chose. Quand je mets 6, pour moi ça dénote un bon texte, l'équivalent d'un 4 sur la cote télé-cinéma. Un bon texte mais pas remarquable.
Plusieurs y voient une note de passage. Ma réflexion n'est pas terminée là-dessus...
Que veux-tu, nous les "jeunes" sommes habitués d'être surnotés ;) Peut-être que tu devrais te faire une échelle sur 8 : ça serait moins facile de transformer ça en pourcentage rappelant l'école ;)
Mais je comprends la remise en question. C'est jamais facile de noter.
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