lundi 20 octobre 2025

Fractale citrouille 2025

 


L'automne se sera fait attendre cette année, longtemps déguisé en été. Mais voici enfin le temps gris, les arbres flamboyants... et le retour des citrouilles fractales!

Si vous ne connaissez pas la tradition, c'est par ici!

Si vous la connaissez, j'attends vos offrandes, vos historiettes d’Halloween en 31 mots, ni plus ni moins… Trente et un mots, pour nous faire rire, frissonner, grimacer, sur le thème de la peur, de l'étrange, de l'horreur... bref, c'est l'Halloween, amusez-vous!

(Comme d'habitude, les commentaires du blogue resterons ouverts jusqu'au 1er novembre)

vendredi 19 septembre 2025

Constats suite à une expérience d'IA

Je suis contre les IA génératives. (Vous pouvez lire pourquoi ici et ici.) Non seulement, elles pillent les œuvres des artistes et génèrent une pollution monstre (dix fois plus qu'une recherche classique pour les requêtes simple, jusqu'à 60 fois plus pour les images), mais on commence à voir une dégradation des capacités cognitives de ses utilisateurs. 

Cela dit, je ne suis pas dogmatique : quand on me dit que "l'IA est bon pour ci ou ça", avant de me braquer, je vérifie. (Ce qui me permet de me tenir à jour technologiquement... même si, pour une fille qui a connu les ordinateurs pré-Windows et qui bidouille parfois ses clefs de registre, toute techno récente est assez facile à prendre en main.)

C'est ainsi que, ayant appris que plusieurs jeunes auteurs utilisaient l'IA comme bêta-lectrice, j'ai décidé d'expérimenter. 

Évidemment, comme j'ai pas envie de donner encore de mes textes à la machine (elle m'en a déjà volé plusieurs), j'ai utilisé une de mes nouvelles qui est disponible en ligne - donc déjà pillée - et dont je n'ai aucun doute sur la qualité (précisément "Certaines oublieront leurs boucles d'oreille" jadis finaliste au prix de la nouvelle de Radio-Canada). 

J'ai demandé à l'IA d'analyser le texte (thèmes, narration, style, rythme, personnages). 

Au début de ma lecture de l'analyse, j'ai été impressionnée, presqu'effrayée : wow, c'était au-dessus de ce que je pensais recevoir... Puis je me suis attardée aux détails. Hum... Côté thèmes, on reprenait beaucoup les mots du texte, sans vraiment les utiliser dans le bon contexte. Par exemple, l'IA me parlait de sororité des femmes (alors qu'il n'y a aucun lien entre les femmes de ce texte, au contraire, on parle du parallélisme des expériences), de narratrice au ton intime (alors que c'est une narration chorale), etc. Comme avec les images générées par IA, le premier coup d'oeil avait eu l'air très bien, mais dès qu'on examinait de plus près, les incohérences apparaissaient. La machine a identifié un style lyrique (je ne saurais pas faire ça même si ma vie en dépendait), disait que le texte avait un "rythme rapide" (alors que non, vraiment pas : il est juste court) et tentait de créer des personnages en fusionnant des expériences appartenant pourtant clairement à des femmes distinctes. 

Puis j'ai demandé à la machine comment "améliorer le texte pour le rendre plus littéraire". Et là... 

Là j'ai ri. Les suggestions de reformulations prenaient des phrases intéressantes, avec un rythme et une musicalité agréable et en faisait... des phrases plates, banales. L'IA me disait que c'était pour "varier le rythme" mais en fait l'application de ses suggestions aurait uniformisé la longueur des phrases (les textes par IA ont souvent ce défaut d'ailleurs). 

De la même manière, l'IA me suggérait d'utiliser davantage de métaphores, ce qui n'est pas un mauvais conseil en théorie, mais en pratique les exemples suggérés étaient ultra convenus. Les appliquer aurait rendu le texte à la fois difficile à comprendre (puisqu'il est déjà chargé) et banal. 

Finalement, la machine voulait que je creuse davantage les personnages (dans un texte fait pour être un collage d'instants), peut-être via des dialogues... Et puis, pour l'exemple, elle me mettait en scène un dialogue expositoire style série télé entre deux personnages qui, selon le texte, étaient dans deux chambres distinctes (je suppose qu'elles se parlaient à travers les murs). 

J'ai aussi soumis à l'IA un autre texte, volontairement écrit tout croche (un rescapé de mes participations aux maltraitements de texte du Boréal). Là, la machine a mieux performé comme aide à la réécriture. Le résultat est passé de "horriblement mauvais" à "correct, banal". 

On m'opposera que j'ai testé une seule IA, que vous ne savez pas comment j'ai formulé mes prompts exactement, etc, mais en fait, sachant comment l'IA fonctionne, comment elle se base sur tout ce qui a été fait et sur ce que vous semblez attendre d'elle pour vous proposer des trucs, il est assez évident qu'elle va toujours arriver à un résultat "attendu", "banal" ou "convenu". 

Bref, l'IA peut effectivement prendre un mauvais texte et en faire un texte correct. Le problème, c'est qu'elle risque aussi de prendre un bon texte et d'en faire un texte... correct. Pendant ce temps-là, les éditeurs n'ont rien à faire du correct, ils ne cherchent même pas du "bon" : ils veulent du "wow". 

Alors à la place des jeunes auteurs, je resterais loin loin loin des bêta-lectrices artificielles.

mercredi 20 août 2025

Léguer de la soie

Il y a quelques années, mon amie Valérie Harvey, qui se préparait à partir pour le Japon, m'avait demandé si je voulais qu'elle me rapporte quelque chose. "Un haori" avais-je répondu. En fait, je rêvais d'un kimono ou d'un yukata, mais sur ma silhouette sablier hyper marquée, je savais que ça n'irait pas. Le haori, cependant, je pourrais le porter comme veste...

Valérie m'avait donc ramené un superbe haori corail trouvé pour trois fois rien (50$ si ça vous intéresse) dans l'équivalent japonais d'une vente de garage. (D'habitude j'ai un certain dégoût des vêtements de seconde main, mais entre la propreté légendaire des Japonais et le fait qu'un haori n'est pas porté à même la peau, ça a bien passé.) Je l'ai porté dans presque tous les salons pendant trois ou quatre ans. Puis Valérie est repartie au Japon. Je lui ai fait la même demande. Un haori bleu ciel s'est ajouté à ma garde-robe. 

Je précise que l'haori corail, lui, était toujours aussi beau! Et qu'il s'inscrit sans mal dans ma démarche, commencée il y a plusieurs années, d'avoir une garde-robe minimaliste de vêtements durables. 

Et puis un jour, par hasard, sur Etsy, je suis tombée sur des revendeurs japonais de vêtements vintage. Des haoris. Au bout de mes doigts! Bon, avec les frais d'expédition, ils coûtaient trois fois le prix de ceux rapportés par Valérie, mais cette fois je pouvais les choisir moi-même et ne pas attendre les hasards des voyages de mes amis!

Et puis, 150$ pour une pièce de pure soie, un petit bout du passé japonais que je pourrais porter, c'était... bon c'était pas rien, mais c'était pas si cher. 

J'ai réussi à me modérer. Je n'ai cédé que deux fois aux sirènes d'Etsy. Ça me fait quand même désormais quatre haoris. Un pour chaque saison. (Je ne promets pas de m'arrêter là, mais je ne veux pas en acheter trop non plus. Non seulement j'essaie d'être minimalisme, mais vertu mise à part, je compose avec les limitations d'un quatre et demi!)

À ma fille qui me demandait si je lui en achèterais un éventuellement, je lui ai dit que je pouvais lui prêter les miens. Et même, qu'elle en hériterait sans doute. 

En cette ère d'ultra-fast-fashion, j'adore cette idée : je léguerai à ma fille des vêtements de soie brodée.  

lundi 4 août 2025

Où est passé juillet?

Où est donc passé juillet?

Je l'ai égaré, je crois, entre le souper qui fêtait mes 43 ans et le chant du huard qui venait saluer la brunante sur le lac près duquel on a pris nos vacances. 

Ou peut-être dans les pages des livres dévorés avec abandon. 

Peu importe, voici août, et le retour à la normale. 

Je vais m'ennuyer de mes baignades matinales.




lundi 16 juin 2025

Magies des temps brodés... enfin en prévente!

Je suis une autrice de fantasy. Ma bibliographie (avec ses romans historiques et policiers et ses nouvelle éparpillées dans tous les genres) pourrait vous laisser croire le contraire, mais non : comme autrice et comme lectrice c'est, depuis toujours, dans la magie que je m'évade. 

C'est pourquoi je travaille depuis plusieurs années, avec les Six Brumes, à un recueil regroupant mes nouvelles de fantasy, éditées comme inédites.

En fait, au moment où on a commencé à y travailler, un tel recueil n'existait pas vraiment sur le marché québécois... Bon, depuis, j'ai participé au collectif "Territoires enchantés, royaumes ensorcelés", mais la fantasy reste tout de même rare sous forme courte. 

Et pourtant, c'est un genre qui se prête très bien aux idées suggérées, aux arrières-mondes esquissés et aux métaphores sociétales... Ou même parfois à l'exploitation de clichés détournés, comme les épées intelligentes... hum, enfin, disons "pensantes". 

Dans ce recueil, je vous en fait la démonstration treize fois plutôt qu'une, en humour comme sur le mode sérieux, en m'inspirant tantôt du Moyen Âge (évidemment), mais aussi de la Mésopotamie, de l'Égypte ancienne et du Montréal contemporain. 

Pour découvrir mes Magies des temps brodés avant tout le monde, c'est par ici

Et si jamais vous aviez envie de vous retrouver dans une de mes histoires en tant que personnage - ou d'y transposer un membre de votre entourage - je vous en offre la possibilité! (Les modalités exactes seront à discuter! ;)

vendredi 9 mai 2025

Remettre le dentifrice dans le tube

L'autre soir, à moitié endormie et distraite, j'ai pris le tube dentifrice de ma fille au lieu de celui que mon chum et moi utilisons. L'odeur m'a frappée dès que j'ai approché la brosse à dents de ma bouche : un mélange de sucre artificiel et de gomme balloune. Ouache! Pas question de me brosser les dents avec ça! 

Mais, évidemment, comme le veux l'adage populaire, on ne peut pas remettre le dentifrice dans le tube. 

On nous sort cette maxime souvent dernièrement. Surtout au sujet de l'intelligence artificielle. Ça complique la job des profs? Ça rend les élèves encore plus paresseux? Ça répand des faussetés parce que la machine hallucine? Ça vole les créateurs? Ça inonde les réseaux sociaux de contenu de piètre qualité? Ça facilite la désinformation?  Et tout ça en consommant une quantité effroyable d'énergie et en contribuant au réchauffement climatique?

On peut pas remettre le dentifrice dans le tube, voyons! Faut s'adapter! Il y a des domaines où c'est super utile, notamment pour les recherches en santé ou en statistique...

Ok... alors pourquoi est-ce qu'on ne réserverait pas l'intelligence artificielle à ces domaines-là? Pourquoi est-ce qu'on la rend aussi facilement accessible - et gratuitement - à tous? (Parfois même de force comme les IA maintenant intégrées à Google et Windows et Meta...)

C'est impossible de revenir en arrière une fois la technologie disponible?

Savez-vous que lorsque le four à micro-ondes a été popularisé, les gens ont essayé de s'en servir pour cuisiner absolument tout? Parce que c'était l'avenir! Que c'était simple! Rapide! Nouveau! Et c'était... souvent immangeable. 

Peu à peu, le micro-ondes a pris sa juste place : il peut décongeler des aliments, réchauffer vos lunchs, faire quelques trucs simples (je m'en sers notamment pour la cuisson du riz), mais, en gros, il n'a pas détrôné la cuisinière traditionnelle. 

Oh! Aurait-on... remis le dentifrice dans le tube?!?

Non. Mais on a décidé que ça ne valait pas la peine de l'utiliser si ce n'était pas approprié. Comme moi, l'autre soir, qui a balancé la pâte à dents à la gomme balloune dans la poubelle, rincé ma brosse et utilisé mon bon vieux dentifrice à la menthe.

Puis j'ai écrit ce billet moi-même, lettre par lettre, à la plume trempée dans l'encre... Ah non : j'ai rédigé à l'ordinateur. Parce que c'est la technologie appropriée pour cet exercice. ;) 

mercredi 2 avril 2025

Analyse féministe de la situation géopolitique

S’il y a une chose que les penseuses féministes m’ont appris, c’est de réfléchir aux diverses situations sous l’angle des rapports de pouvoir.

Bon, dans la société, on en vient vite à une conclusion : les hommes sont au pouvoir. Le système est fait par eux, pour eux, avec les femmes à leur service. (Si on veut détailler, les hommes blancs sont au sommet de la pyramide, mais chez les couples racisés, la même exploitation des femmes est présente). Et dès que cette situation privilégiée est menacée (par exemple par le droit à l’éducation que les femmes ont gagné de haute lutte et qui leur permet d’avoir accès à des emplois payants donnant l'indépendance financière ou alors par le droit au divorce et la diminution du stigma social qui y est relié ou même par les identités trans et non-binaires qui brouillent les catégories), on voit le pouvoir exercer sa violence (cyberintimidation, discours masculinismes prônant le retour à la sujétion féminine, discours anti-théorie du genre, féminicide). 

Mais j’aimerais attirer votre attention sur le fait que, géopolitiquement, la structure de pouvoir suit la même hiérarchie. Au sommet, il y a les grandes puissances, appelons-les des états « mâles » toxiques, qui peuvent s’imposer par la violence : Russie, Chine, États-Unis. 

(Je m'excuse ici pour les clichés binaires et genrés que je vais utiliser, mais comme lesdits états toxiques pensent de cette manière, ils sont appropriés à la démonstration.)

Autour d’eux, il y a les états gentils et doux qui les soutiennent, à l'image d'épouses traditionnelles : l’Urkraine, la Biélorussie, le Canada, le Mexique… (J’ose pas m’avancer pour les états assujettis entourant la Chine, mes connaissances en géopolitique orientales datant du 15e siècle). Et de temps en temps, l’état-mâle-toxique trouve que l’une de ses épouses-tradwifes en mène trop large : elle parle de divorcer pour se joindre à l’OTAN, elle ne veut pas donner une partie de ses revenus à son homme, elle est tannée des rôles stéréotypés dans lesquels on veut l'enfermer…

Alors la violence commence : on l’insulte, on parle pour elle en débitant des mensonges (l’attitude de Trump, qui balaie de la main une rectification des faits avec un sourire condescendant, puis répète son mensonge, c’est un comportement connu de toutes les femmes qui ont eu des relations toxiques), on lui impose des violences économiques (la forcer à dépenser son argent là où ça nous plaît, lui arracher de force une partie de ses revenus), on se pose en victime (si on commet des gestes violents, c’est parce que l’autre a commencé… en voulant diminuer les privilèges de l’État toxique) et on laisse planer un recours à la force dont la tradwife ne se relèvera pas.

Nos politiciens devraient se réveiller : messieurs (puisque c'est surtout des messieurs, d'ailleurs Mélanie Joly, elle, semble avoir vite compris la dynamique en place), vous êtes dans une situation de violence conjugale! Faites venir des intervenantes spécialisées dans ce domaine, elles vont pouvoir vous aider. Je devine déjà ce qu’elles vont vous dire… 

Quand on vous insulte, vous devez mettre fin à la conversation. On vous appelle « Gouverneur »? Vous corrigez immédiatement votre titre. Et vous ne dites rien d’autre. Tant que l’autre ne vous respectera pas, vous ne discutez pas avec lui. (Carney semble avoir bien commencé de ce côté.) 

On vous impose des violences économiques? Faites comme si cela ne vous importait pas. N'essayez pas de négocier : ça ne fonctionnera pas ou le répit sera temporaire. Rétorquez, mais sans faire de grande annonce. Ou en faisant comme si c’était un hasard si, tout d’un coup, l’électricité vendue aux USA était plus chère. Comme si l’argent rendu disponible pour les entreprises, il n’était pas lié aux difficultés que l'état-toxique leur fait vivre. L'état-toxique ne veut pas négocier, il veut gagner. Et sa parole donnée ne vaut rien. Alors ignorez-le. 

Préparez votre défense, mais discrètement (alertez l’armée). Mettez de l’argent de côté (oui, augmentez les impôts, montez les tarifs, mais sans laisser voir que c’est en réaction). Encouragez les industries locales (encore là, comme si c’était un hasard). Ou les boycotts (j'en avais jamais vu un rencontrer un tel succès!). Et, surtout, assurez la sécurité (physique et économique) des citoyens/enfants dont vous avez la garde. Vous avez peur de perdre la bataille de l’opinion publique? En campagne électorale, ce sera le temps de dire, sans jamais utiliser le mot « riposte », ce que vous avez fait et pourquoi. 

Contrairement aux conjoints victimes de violence, un pays ne peut pas aller se mettre à l’abri dans un refuge. Mais le temps joue pour lui. Les dictateurs ne sont pas immortels. Et les citoyens des états-toxiques vont finir par se lasser.