Cela dit, maintenant que la poussière est retombée et qu'on ("on" exclut ici définitivement la personne qui parle) a élu un gouvernement caquiste majoritaire, puis-je remarquer un truc?
On vit vraiment dans une idéologie du tout-à-l'argent, où le bidou idéal, c'est celui qu'on ne dépense pas et qui reste dans nos poches.
On ne pense pas au long terme, on ne pense pas à ceux qui n'ont pas les mêmes moyens que nous. On pense au contenu immédiat de nos poches. Pas au coup dur qui risque de venir les vider demain.
Un exemple de cette pensée à court terme?
Présentement, de plus en plus de gens, découragés de l'état des écoles publiques, envoient leurs enfants à l'école privée, où ils obtiennent plus de service. Ça représente une dépense moyenne de 5000$ par an, par enfant. Plus tard, ces mêmes enfants iront à l'université, ce qui coûtera, au minimum, un autre 5000$ par année.
Chaque fois qu'on parle de réinvestir en éducation et peut-être même de mettre en place la gratuité complète, les gens montent aux barricades : Ça va coûter trop cher. Et ce qui m'étonne, c'est que ceux qui crient le plus fort, ce sont souvent ceux qui paient déjà pour de l'école privée. Est-ce qu'ils préfèrent vraiment flamber 50000$ pour que leur enfant ait une bonne éducation, mais que le système reste brisé et que leurs petits-enfants aient besoin de la même somme pour s'éduquer? Est-ce qu'ils n'aimeraient pas mieux payer un peu plus d'impôt par an, mais pouvoir envoyer leur enfant finir sa scolarité au public, pis choisir ensuite son université sans se soucier de son prix? Est-ce qu'ils n'aimeraient pas savoir que leurs petits-enfants pourront faire la même chose? Pis que les enfants de la rue d'en arrière, dont la mère travaille au salaire minimum, auront une chance d'être bien éduqués eux aussi, pis ptêt de gagner plus cher qu'elle et donc payer plus d'impôt et participer à l'effort commun?
Réponse : non. Tout ce qu'ils voient, c'est que, pendant deux ou trois ans, le temps que le système se redresse, ils paieront probablement en double : la scolarité au privé ET l'augmentation d'impôt.
C'est la même chose dans tous les domaines, transport, santé, environnement, etc. À un point où je me demande... Ces gens-là, est-ce qu'ils font des rénovations chez eux?
Parce que la dernière fois que j'ai changé les fenêtres de ma maison, j'ai pas pris le produit le plus cheap et ça m'a coûté une beurrée. Sur le coup, ça a été dur à avaler. Par contre, mes coûts de chauffage ont baissé depuis. J'économise. Et la valeur de revente de ma maison sera meilleure.
En contrepartie, quand j'ai fait refaire mon toit, mon budget était plus serré et j'ai cru faire une bonne affaire en y allant avec le plus bas soumissionnaire. Après tout, le bidou idéal est celui qui reste dans mes poches... Un méga dégât d'eau, quatre mois de bordel, une facture salée et des primes d'assurance doublées plus tard, j'ai appris ma leçon.
Ah, attendez, est-ce que c'est ça qu'il nous faut, collectivement, pour se défaire de cette vision du bidou idéal? L'équivalent social d'un dégât d'eau?
Est-ce qu'on parie sur ce que ça sera?
(Pour le fun, allez voir la définition de kakistocratie... non, c'est pas une farce, j'ai eu des doutes moi aussi, mais les racines grecques sont légitimes, un très sérieux dictionnaire anglais et un plus long article anglophone le confirment!)
2 commentaires:
Hélas, trois fois, hélas, il semblerait que nos différents gouvernements soient de plus en plus dirigés par des comptables que par des gens ayant une pensée à long terme... C'est ainsi et c'est très triste. On dirait que la pensée d'investissement pour s'enrichir est passé du collectif à l'individuel. Inverser la tendance prendra du temps (si la planète ne pète pas entre-temps faute d'entretien...)
@Prospéryne : Ce qui m'étonne, c'est que les comptables modernes semblent avoir perdu les notions de "patrimoine" et "de générations futures". Nos grands-parents, pourtant peu éduqués, voulaient tous laisser un peu d'argent à leurs enfants. Nos planificateurs financiers modernes semblent avoir pour objectif de s'assurer qu'on ait flambé tous nos avoirs le jour de notre mort (mais pas avant). Et nos gouvernements agissent de la même manière.
Pauvre planète.
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