Voilà des années qu'Élisabeth Vonarburg nous répète, découragée, qu'à force d'écrire et de montrer (sous forme de films et séries télés) des dystopies de droite, hyper inégalitaires, ces idées vont faire leur chemin dans l'esprit des gens et on va se ramasser dans l'une de ces dystopies.
Chaque fois, je lui opposais que non, voyons, ces dystopies avaient une valeur d'exemple à ne pas suivre.
Et pourtant... plus le temps passe, plus les dérives politiques semblent lui donner raison. En plus, j'arrête pas de tomber sur des articles qui illustrent à quel point beaucoup de gens ne font pas la différence entre la réalité et la fiction.
Coudonc, peut-être qu'ils s'imaginent que le futur inégalitaire est inévitable, mais que c'est pas grave, on aura une Katniss Evergreen ou un Takeshi Kovacs pour nous en sortir? (Ils devraient pourtant réaliser que Takeshi est pas fort sur l'aide désintéressée...) C'est peut-être pour ça qu'ils votent à droite? Pour susciter ce point de bascule après lequel les choses s'arrangeront?
Ou peut-être qu'ils ne comprennent juste pas qu'un futur plus à gauche, plus égalitaire, plus communautaire, est possible? Ils ne l'ont jamais vu, jamais lu, alors ils n'arrivent pas à le concevoir?
Je commence à penser qu'il va falloir se mettre à créer des fictions basées sur des utopies de gauche (c'était un peu l'idée derrière le mouvement "solarpunk").
Le problème avec ça, c'est qu'une fois qu'on aura créé un monde qui va bien, va falloir être créatif pour que l'histoire ne soit pas trop plate! :p
Ou alors ptêt que je devrais y aller pour une dystopie de gauche? Tsé une histoire horrifiante où toutes les entreprises d'importance sont nationalisées, où les soins de santé sont gratuits et efficaces, où l'éducation est mise au centre des priorités, où les arts sont appréciés, où les gens ont tout ce qu'il leur faut pour vivre, mais où un pauvre chef d'entreprise dont le salaire a été plafonné se voit interdire de s'acheter une troisième télé...
Mouin... En attendant que je trouve une bonne intrigue, qu'est-ce que vous pensez du concept?
21 commentaires:
Avec la droite qui est hors de contrôle aux États-Unis, le discours politique y est rendu d'une faiblesse incroyable. Être de gauche, aux États-Unis, c'est rendu que ça veut dire s'opposer aux fachos et être contre le viol (ce qui devrait être des principes élémentaires et pas des positions politiques). La gauche étatsunienne n'a plus l'espace pour véhiculer de véritables idées progressistes, et cela se répercute dans leur fiction.
Ce que tu décris me fait penser beaucoup aux romans de l'auteur écossais Ken Macleod. Ses univers sont clairement de gauche, tout en restant des toiles de fond intéressantes pour ses histoires.
Les auteurs québécois de SFFQ sont plus frileux maintenant qu'à une certaine époque de politiser leurs oeuvres. Il est peut-être temps de replonger dans cette marmite.
AH! Tu tombe sur une de mes obsessions des derniers mois! En fait, depuis qu'on m'a rapporté qu'Ursula Le Guin aurai dit quelque chose du genre de : "Le capitalisme ne marche plus, c'est aux auteurs de science-fiction d'inventer un nouveau modèle". En plus, j'ai un chum qui laisse trainer des livres comme "Les utopies réalistes" et autres livres de futurologie philosophique. Ça me fait travailler les neuronnes!
Mais je tombe sur le même noeud que toi: dans un monde où tout va bien, elle est où, la tension?
Peut-être qu'il faut faire un livre dans lequel la société n'est ni le problème, ni l'ennemis, mais simplement le décors?
Difficile d'imaginer le monde meilleur parce que le monde humain reflète l'humain. Que la majorité y va de ses propres intérêts ou de ce qui flatte son ego. Que le monde où l'amour et le partage priment sur l'accaparement égoïste est dans les faits utopique, un monde de saints auquel une minorité de personnes pourrait adhérer mais seulement intellectuellement et pas longtemps face à la nécessité.
Par les temps qui courrent, je ne vois qu'une apocalypse pour que la planète puisse faire du ménage et se débarrasse des humains au "passage" (parce qu'ils ne sont vraiment "pas sages"). ;o)
@Alain : Je note le nom de l'auteur. Et oui, il me semble que la SFF québécoise était jadis plus clairement politisée. Remarque, avant que je prenne la peine d'appliquer une grille d'analyse politique aux dystopies actuelles, l'aspect "droitiste" m'avait un peu passé sous le nez. Tsé, une dystopie, j'me disais, c'est une dystopie... Mais là je me rends compte, que non. (Ouais, la "gauche" américaine manque un peu d'espace pour imaginer mettons!)
@Annie : En tant qu'historienne, je sais très bien que le capitalisme n'est pas une finalité et qu'on a déjà vu des sociétés fonctionner très bien sur d'autres modèles (l'Égypte n'était pas capitaliste du tout et si Rome et la Grèce connaissaient les inégalités sociales, ils avaient aussi des mécanismes de redistribution qui ne fonctionneraient plus dans notre cadre mental actuel!). Mais je n'avais jamais pensé à m'attarder là-dessus dans mes fictions. Là, je crois que je vais m'y mettre. Et oui, comme tu dis : j'ai l'impression qu'il faudra utiliser ces sociétés-là comme décor plutôt que comme moteur d'intrigue.
@Daniel : Des modèles communautaristes ont déjà existé pourtant. Ils n'étaient pas "parfaits" (aucun système humain ne sera jamais parfait, parce qu'on n'est pas parfaits, ni sage, comme tu le soulignes), mais ils étaient "moins pires"! À partir du moment où l'humain s'est mis à théoriser sur ce qu'était la richesse (au lieu d'y aller côté pratico-pratique : c'est quand tu ne manques de rien!) et à vouloir l'accumuler, on a vu naître le mercantilisme, le caitalisme raisonné et tous les autres systèmes qui ont mené à des niaiseries!
Est-ce que les dystopies de droite sont plus faciles à imaginer parce qu'elles ont davantage d’antécédents historiques? Le monde "idéal" tant désiré par les libertariens, c'était l'Angleterre victorienne, et c'était loin d'être glorieux.
Je rejoins Annie : Je viens de voir le documentaire consacré à Ursula K Le Guin et en somme c'est ce qu'elle a fait dans ses fictions: montrer un monde différent et aller toucher les limites à gauche. La fiction Trek a carrément mis de côté le "comment" on est arrivé à une société où le développement de soi et de la contribution à la société prime sur le gain matériel. C'est quasiment socialiste. Il y a une chance que, dans la lutte pour la survie qui a suivi les guerres eugéniques, plus l'influence des Vulcains sur la société terrienne, l'ouverture à d'autres systèmes de pensée, puisse être une partie de la solution. Pour Ursula K Le Guin, c'est la confrontation des différences qui fait prendre conscience des systèmes. Quand elle imagine dans the lathe of heaven, tous les changements et leurs conséquences (dans ce cas ci, une seule personne change quelque chose et comme dans les contes, les changements ont plus d'impact négatif que ce qu'elle a imaginé). Probablement que le changement économique repose sur le changement de mentalités. J'avais lu un article il y a quelque temps qui soulignait que les gens étaient plus solidaires en temps de guerre. Peut-on imaginer que suite à une guerre importante, les liens de solidarité puissent perdurer ? Si tous les types de gens belliqueux se sont entretués, il resterait les pacifistes ? :D
Les Vulcains sont présentés comme des moines zen revus et corrigés : éradiquer les émotions pour être équanime... mais pour les humains, favoriser certains traits pacifistes et recaler les autres pourrait aussi faire l'affaire.. C'est une question intéressante, qui obligerait à sortir du mode de pensée actuel. Qu'est-ce qui pourrait être un bénéfice en terme d'évolution des espèces qui soit tellement important que cela changerait les choses ?
@Alain : Mais l'Angleterre victorienne, c'est justement les débuts du capitalisme sauvage. On dirait que notre imaginaire reste calé sur cette époque et n'arrive pas à remonter plus loin en arrière, alors que la majorité de notre culture intellectuelle s'est développée sous les régimes antiques, qui n'étaient pas capitalistes ou, à tout le moins, pas de la manière dont on l'entend actuellement. (À Rome, la richesse d'un homme venait non pas de ce qu'il possédait, mais du nombre de "clients" qu'il pouvait faire vivre. On parle de richesse, certes, mais pas de possessions passives comme on voit maintenant).
@Lily : En effet, je crois que le changement économique reposerait sur un changement de mentalité. On le voit avec les gens qui entrent volontairement en décroissance, qui deviennent minimalistes. À partir de ce moment, ils peuvent donner plus à leur prochain, car ils n'ont plus cette impression (soigneusement entretenue par la pub) de manque permanent.
Des fois je me dis que, plutôt qu'une guerre, ce qu'il nous faut c'est la disparition de la notion même de marketing!
Oh et une augmentation de l'empathie. Parce que les Vulcains sont très bien, mais je crois que l'humain a plus de chance de devenir empathique (et donc de se préoccuper de son prochain) que détaché de toutes émotions.
"J'avais lu un article il y a quelque temps qui soulignait que les gens étaient plus solidaires en temps de guerre. Peut-on imaginer que suite à une guerre importante, les liens de solidarité puissent perdurer ? "
Il ne faut pas oublier par contre que, lors d'une guerre, les gens sont plus solidaires avec le groupe auquel ils s'identifient, pas en général et avec tous. Aussi, la haine envers les groupes "ennemis" perdure autant sinon plus que l'élan de solidarité et avec moins d'efforts conscients.
Et évidemment , les dépossédés, d'Ursula K Le Guin, explorait certaines idées socialistes dans les années 70 !
J'ai un étrange sentiment à savoir qui est l'inspiration de ce billet... :P
Perso, j'ai une autre opinion. Après tout, Orwell avait au départ écrit 1984 pour dénoncer les régimes communistes de style stalinien, alors que de nos jours, nous y voyons surtout des allusions aux régimes totalitaires de droite... Un de mes profs d'histoire à l'université avait dessiné l'échelle des partis de l'extrême droite à l'extrême gauche au tableau et il avait dit que peu importe qui était au pouvoir dans les extrêmes, c'était une dictature.
Peut-être est-ce davantage le contexte dans lequel nous vivons, nos peurs et nos craintes qui nous font voir dans les dystopies systématiquement des régimes de droites? Si on y pense bien, les dystopies sont souvent bien plus centrées sur les régimes totalitaires que sur des idéologies politiques. Et la réponse est souvent la révolte. Pensez à Hunger Games. On dénonce la violence du système, on veut le renverser, mais la grande question du troisième tome est bien, par quoi? Il ne suffit pas de renverser un tyran pour renverser un système. En ce sens, les dystopies dénoncent le totalitarisme bien plus qu'une idéologie politique.
Alors plutôt que de penser aux dystopies comme étant de gauche ou de droite, pensons plutôt aux dystopies comme un avertissement contre le totalitarisme parce que peu importe laquelle, dans une dystopie, on retrouve comme forces essentielles la loi du plus fort, la violence de l'État et la répression sous différente forme, en premier lieu la liberté d'expression.
@anonyme : oui la guerre polarise beaucoup et longtemps les haines portées par les groupes qui se sont battus. Donc il est question ensuite de résilience et de capacité à aller dans une nouvelle direction. C'est là que Star Trek ne donne pas de recettes (sinon la guerre eugénique des surhommes contre tous les autres pourrait polariser contre des hommes peu nombreux et différents de tous). Bien des traditions démontrent que le changement passe d'abord par une transformation intérieure. Les Vulcains ont montré une autre forme de société possible à des humains assez exsangues pour arrêter de se taper dessus.. ?
@Gen : oui l'empathie et la compassion : là on arrive à une société bouddhiste qui met certaines valeurs de bonté et de compassion en avant. Le point de bascule : que suffisamment de gens vivent ces valeurs là pour que les autres perdent de leur importance. Et s'il n'y a plus de ressources, ceux qui sont déjà dans le consommer moins seront favorisés. Quand on est riche à l'intérieur, plus besoin d'aller dans l'accumulation ?
@Anonyme : En effet, la guerre n'est pas une panacée, même si elle peut provoquer un peu de solidarité : elle laisse des cicatrices bien pires.
@Prospéryne : Ce qui est drôle, c'est que ce billet a été écrit la semaine passée et programmé pour être mis en ligne aujourd'hui... ce que j'avais complètement oublié!!! J'étais en train de préparer le billet post-atelier quand j'ai constaté que, ah ben, j'avais déjà un billet du jour! lol! (Avoir su, je l'aurais repoussé, parce que je suis pas sûre d'avoir l'énergie de gérer cette conversation aujourd'hui).
Pour en revenir à ton commentaire : en effet, les extrêmes et le totalitarisme sont toujours le problème. Cela dit, les dystopies actuelles, avec une classe dirigeante qui possède des trucs en son propre nom, c'est clairement des extrémismes de droite.
Et pourquoi penser tout de suite à l'extrême gauche quand on pense à la gauche? N'est-ce pas le fruit de notre conditionnement de consommateur? On pourrait très bien imaginer une gauche modérée et démocratique. Hé, le Québec a été une démocratie gauchiste et modéré quand il a mis sur pied l'Assurance-maladie!!!
@Lily : En effet, je crois que cette idée de masse critique, de point de bascule, est à creuser. En fait, je regarde les problèmes sociaux actuels et je me dis que les gens qui sont minimalistes sont déjà favorisés. Pas seulement à cause de leur richesse intérieure, mais quand tu fais déjà pousser tes légumes ou que tu reprises ton vieux linge, les prix peuvent monter sans que ça t'atteigne. Tu ne vivras pas de panique devant un effondrement de l'économie, etc.
Hihihi! Ok, quand on pense à la gauche, on tombe souvent dans l'extrême-gauche, donc, bon point, on a du mal à imaginer une société égalitaire, où la richesse est également répartie et où l'entraide et le partage sont des valeurs fondamentales. Totalement d'accord!
Par contre, si on compare le régime stalinien où une certaines élites membres du parti communiste avait un train de vie supérieur à l'ensemble de la population (accès à des magasins spéciaux, possibilité d'avoir une datcha hors des grands centres, etc), on se retrouve quand même avec une classe dirigeante qui possède des trucs en plus que le reste de la population n'a pas. Pour paraphraser La ferme des animaux, en URSS, tous les hommes étaient égaux, mais certains étaient plus égaux que d'autres... La différence est la raison qui permet l'accumulation de richesse, pas le fait que dans les deux cas, certains peuvent le faire. Alors, quand dans Altered Carbon, on met en scène un homme d'affaires d'une richesse absolument indécente, on peut associer ça à la droite, parce que c'est ce qu'on vit actuellement. Par contre, est-ce que les affaires sont vraiment associés à la droite dans cet univers futuristes? Aucune idée! J'ai pas encore regardé la série au complet, mais de ce que j'en aie vu (et avec le regard et l'analyse que j'ai sur le monde), il semble faire partie d'une classe privilégiée voire dirigeante, mais a-t-il pour autant des valeurs semblables à celles de la droite actuelle? Je ne sais pas, mais il me semble que le fait que l'on associe ça à la droite vient bien plus de notre réalité actuelle que ce que l'on peut effectivement voir à l'écran. Va falloir que je finisse la série... :P
Quand à l'énergie que ça doit prendre pour gérer une telle discussion, chère Gen...
JE
TE
COMPRENDS!!!
Bonne chance!
@Prospéryne : Dans les livres à l'origine de Altered Carbon, oui, il est clair que le capitalisme a encore cours.
Cela dit, l'idéologie de gauche tend à amoindrir les inégalités (sauf que, bon, comme tu le soulignes, ça n'a jamais vraiment été appliqué correctement, il y avait toujours des gens "plus égaux que d'autres"), alors que la droite les cultive (avec l'idée que ça donnera à la base miséreuse un but à atteindre, une motivation à travailler). Donc oui, quand je parle d'imaginer des fictions "de gauche", je pense à des sociétés "égalitaires, où la richesse est également répartie et où l'entraide et le partage sont des valeurs fondamentales". Si tu préfères appeler ça des sociétés "communautaristes" plutôt que "de gauche", ça me dérange pas : on est dans la terminologie, la grille d'analyse reste identique. ;)
Merci pour les voeux, car je dois aller donner un atelier (encore! O.o) moi là...
Tout à fait d'accord. J'ai surtout centré mes commentaires sur le fait que l'on parlait de dystopies et qu'au fond, à droite comme à gauche, quand c'est une dystopie, peut importe la base pour moi, ça va finir par revenir au même!
Par contre, pour les fictions de gauche qui imaginent une société futuristes qui seraient plus égalitaires, plus justes et plus humaines aussi, et bien, je ne pensais pas à des dystopies, mais on va s'entendre très facilement ensemble que ce sont des livres qui sont plus que nécessaires en ce moment. Surtout des fictions qui montreraient comment on pourrait surmonter les changements climatiques! Cependant, je ne suis pas sûre que je mettrais ça dans la catégorie dystopie qui sont pessimiste par nature. Je mettrais ça dans la catégorie des utopies réalistes et ça, on en a sérieusement besoin!
Comme de quoi, on s'enfarge dans les fleurs du tapis terminologiques, mais qu'au fond, on est d'accord! :P
Et si l'accumulation de richessess étaient necessaire pour assurer la survie d'un groupe (grâce à du meilleur équipement) face aux autres et qu'en bout de ligne il s'agit historiquement de rapports de forces plus ou moins contrôlés par des groupes de dirigeants qui en tirent leurs profits personnels au risque d'oublier la mission de survie de certains groupes sur d'autres. Et si aujourd'hui il s'agit plutôt de quelques rares qui savent diviser pour mieux régner sur un monde moderne qui courre à sa perte.
La sédentarité aura permi l'accumulation de richesses que la compétition et le besoin de survie aura simplement entraîné tout naturellement (pour l'humain) vers le capitalisme sauvage. Il y a bien plus de gens qui travaillent pour soi ou à la promotion du chacun pour soi qu'il y a de gens qui travaillent pour tous au nom d'idéaux ou de principes plus élevés. Aujourd'hui sur la planète, la banque mondiale met les pays à terre, les contestataires disparaissent et les journalistes qui osent parler des injustices ou des magouilles sont emprisonnés ou assassinés. Lorsque la majorité met au pouvoir des gouvernements de plus en plus maladroits, il est difficile de croire qu'une gauche sera éventuellement élue démocratiquement sans être aussitôt sapée (par tous les moyens) par ceux qui ont des intérêts tout autre. Si on veut faire de la SF de gauche et ou imaginer un monde meilleur faudrait probablement mettre ça dans un futur lointain... Genre dans 400 ans.
@Prospéryne : Je ne sais pas si j'appellerais ça des "utopies" pour autant (tsé, surtout si c'est moi qui les écrit), mais ce ne serait plus des dystopies, c'est sûr.
@Daniel : Pas nécessairement. La capitalisme sauvage, même si on tend à l'oublier, il est né avec la Révolution industrielle. À la limite, on peut le faire remonter au Mercantilisme. Il est né, dans tous les cas, d'une idée d'accumulation de la richesse sans rapport avec les besoins. Une accumulation que la plupart des gens n'arrive pas à effectuer (y'a qu'à voir comment les gens vivent au-dessus de leurs moyens) et n'aurait sans doute pas le réflexe de faire. Donc, non, je ne crois pas qu'il faudra situer la société si loin dans le futur. Y'a un mouvement populaire qui se met tranquillement en place avec le zéro déchet et le minimalisme. Suffira de l'étendre... Deux générations, je crois, et on a des chances d'avoir une société différente.
De la SF mettant en scène de meilleures sociétés, ça serait bienvenu, c'est certain. L'être humain étant ce qu'il est, on n'y manquera jamais de sources de conflit (et donc de catalystes à l'intrigue) de toute façon. Je peux imaginer presque n'importe quoi à part une société sans histoires...
Plus généralement, dans le climat actuel, je crois que n'importe quelle histoire en vaut la peine si elle aide les gens à développer leur empathie, si elle montre des personnages surmontant leurs différences, ou s'instruisant et améliorant leurs circonstances par des gestes réfléchis... ou s'amusant plutôt que de se laisser abrutir, tiens. N'importe quoi qui puisse donner le goût aux gens de garder la tête haute pour voir loin et envisager mieux. (Je réfléchis beaucoup à tout ça ces derniers temps -- notre tournure dystopique, l'impact positif que peut avoir la fiction -- et ça n'a pas exactement facilité mon écriture. Décrire le beau futur qui nous attend dans 400 ans, j'aimerais bien, mais si je peux décrire l'un des pas formant la longue marche qui nous mènera là, ça sera déjà ça.)
Notons qu'il y a des mouvements de balancier. Certains Américains ont paniqué face à l'arrivée d'un président noir (je simplifie, il y a d'autres éléments), ils ont tout fait pour renverser le mouvement; si on peut y survivre, on repartira dans une meilleure direction.
@Éric : Merci pour le lien, je crois que c'est en plein ce qu'il me fallait. Et j'ai l'impression que tu n'es pas tout seul à avoir du mal à écrire ces temps-ci. Mais oui, je pense qu'il faut commencer à imaginer des futurs positifs. On trouvera bien des intrigues après! ;)
Ah, les mouvements de balancier... en effet, c'est une vérité historique. Mais des fois, le balancier ne revient pas autant qu'il aurait pu ou aurait dû.
Eh, la la! grosse journée de discussion hier. Il ne faisait pas beau, était-ce jour de congé? C'est beau de vous voir discuter et vouloir changer le monde. Le jour où justement je me disais que j'avais du mal à suivre les théories des uns et des autres.
Allez, go, écrivez-nous un monde nouveau.
@Claude : Je pense que le sujet a rejoint beaucoup de gens, parce que c'est à la fois un écho de l'actualité et un reflet de nos préoccupations à tous.
Cela dit, l'ampleur de la discussion m'a surprise aussi.
Pour le monde nouveau... on va essayer!
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