Mon chum et moi avons un mode de vie plutôt minimaliste... enfin, autant qu'il est possible d'être minimaliste quand on a une grande maison en banlieue. Disons que le fameux "En as-tu vraiment besoin?" qui a transformé un comptable en célébrité, ben on l'applique depuis longtemps.
Souvent, quand je parle de notre mode de vie, les gens me trouvent bizarres. Et quand je suggère à certaines personnes (surtout des amis surendettés) d'essayer d'adopter certaines solutions minimalistes pour se faciliter la vie, les objections fusent. Des objections nées de fausses idées...
1) Je ne peux pas être minimaliste, je tiens trop à...
Mon cellulaire, ma coiffeuse, nos deux voitures, nos sorties au restaurant, notre collection de films, nos voyages... La liste des choses que les gens ne s'imaginent pas capable de couper est très longue. Trop longue. L'idée derrière le minimalisme n'est pas d'éliminer tous les petits luxes et les plaisirs et de garder uniquement le strict nécessaire pour vivre! L'idée, c'est de ne garder que ce qui est essentiel à votre bonheur.
Le principe est simple : contrairement à ce que les agences de publicité tentent de nous faire croire, on ne peut pas tout avoir dans la vie. Pour éviter de s'endetter, il faut donc s'efforcer d'obtenir uniquement ce qu'on veut vraiment. Seriez-vous prêts à payer moins cher pour votre cellulaire, quitte à vous passer d'un forfait de données, pour pouvoir conserver vos sorties au restaurant? Votre collection de films, êtes-vous prêts à la prêter à un ami qui vous donnerait, en échange, libre accès à sa bibliothèque? Vous avez besoin de deux voitures, d'accord, mais est-ce qu'il faut absolument que ce soit deux gros modèles? Peut-être que l'une des deux pourrait être une sous-compacte, moins chère, plus économique et écologique... Au lieu de payer le gros prix pour un restaurant, un massage, une coiffure, peut-être y a-t-il possibilité d'exploiter les écoles de métier qui se trouvent à proximité? (Ça demande un peu de recherche, mais ensuite vous pouvez souvent obtenir des services professionnels pour une fraction du prix.) Ou alors, peut-être y a-t-il certaines choses que vous pouvez apprendre à faire vous-mêmes? (Changer ses pneus, c'est pas si compliqué!)
Être minimaliste, au fond, ça se résume à effectuer une série de choix, qui permettront au bout du compte d'effectuer le choix ultime : travailler moins ou moins longtemps ou dans un emploi moins payant mais plus gratifiant. (En passant, tous les auteurs que je connais appliquent certains principes du minimalisme).
2) Si tout le monde était minimaliste, l'économie s'effondrerait.
Non, mais c'est vrai qu'elle devrait se réajuster. Les minimalistes n'aiment pas s'endetter ou surconsommer et ils essaient d'acheter des produits durables et respectueux de l'environnement, quitte à les payer plus cher. Entre vous et moi, si tout le monde faisait pareil, les industries seraient obligées de s'adapter et la planète se porterait rapidement mieux! (Pis quand on cherche un produit durable, ils seraient plus faciles à dénicher!)
3) Les minimalistes ne payent pas d'impôt et si tout le monde les imite, l'État va faire faillite.
Mais non! Être minimaliste ne veut pas dire être pauvre ou vivoter sur le bras de l'État. Oui, il y a des minimalistes extrêmes qui n'achètent jamais d'objet neuf ou qui plongent dans les poubelles de centre d'achat à la recherche de leur nourriture, mais ce sont des cas rares (et trop publicisés à mon goût). Quelqu'un peut gagner beaucoup d'argent (et payer beaucoup d'impôts) et être minimaliste. La caractéristique principale du minimaliste, c'est qu'il ne dépense pas plus que ce qu'il gagne et qu'il s'efforce de faire des économies pour parer aux coups durs. Il a aussi tendance à avoir des loisirs sportifs ou créatifs qui ne lui coûtent pas très cher et qui le maintiennent en bonne santé physique et mentale.
Et savez-vous quoi? Des gens moins stressés par leur travail et leur endettement, plus en forme physiquement et mentalement, ben au bout du compte, ça va voir le médecin moins souvent et ça coûte moins cher à l'État.
4) J'ai des enfants et Noël s'en vient, alors le minimalisme, hein...
L'idée derrière le Noël minimalisme, c'est "Donner peu, mais donner mieux" (à moins qu'inonder vos proches de cadeaux fasse partie de vos priorités pour assurer votre bonheur... voir le point 1 ci-haut!). Évidemment, si vos enfants sont habitués à recevoir un déluge de gogosses du Dollorama dans leurs bas de Noël et trois-quatre gros cadeaux sous le sapin, couper tout ça drastiquement risque de faire mal. Par contre, vous pouvez déjà commencer à réduire les quantités petit à petit et, surtout, à changer la nature des présents. Acheter un seul gros cadeau de type "jouet" et, pour le reste, se concentrer sur des trucs créatifs ou réutilisables, comme du matériel d'art, des livres, des jeux de société, des casses-têtes, de l'équipement de sport (traîneau, patins, ballons, raquettes, etc).
Pour les cadeaux aux adultes qui nous sont chers, on tente en premier d'en réduire le nombre (le troisième cousin de la fesse gauche qu'on voit une fois par an, on est ptêt pas obligés de lui donner quelque chose), puis de se concentrer sur des petits cadeaux significatifs (petit montant sur une carte-cadeau de son café préféré, un livre, une bonne bouteille de vin, un signet personnalisé, une tasse élégante ou amusante, du thé, de la bouffe maison, etc) en pensant à des trucs personnalisés, durables, réutilisables ou, au contraire, consommables. Bref, on évite d'acheter 24 plats de service qui iront prendre de la poussière dans leurs armoires. Ou d'investir des gros montants qu'on n'a pas.
Et, surtout, on prend le temps de réunir tous ceux qu'on aime autour de la table pour le souper, le brunch, le dîner, le déjeuner, un cocktail, un café... Bref, on passe du temps avec eux au lieu de dépenser de l'argent qu'on n'a pas (et de les forcer à faire pareil).
Le minimalisme, c'est pas compliqué, c'est pas douloureux, c'est pas extrême, ça ne menace ni l'économie, ni le gouvernement, ni la magie de Noël. La seule chose que le minimalisme risque de mettre sérieusement à mal, c'est votre compagnie de crédit. Avouez que vous en brailleriez pas! ;)
Quelles autres objections en défaveur du minimalisme avez-vous entendues?
8 commentaires:
Je sais pas si on peut qualifier ta philosophie de minimaliste, pour moi c'est juste le gros bon sens. Tout ceux qui ont eu des cours d'économie familial (ou juste économie tout court) devrait déjà vivre de même.
Pour moi c'est assez simple:
- Vivre selon ses moyens (moi je vais plus loins, on peut vivre sur un seul salaire, alors le 2e salaire, c'est de l'extra!)
- Ne pas acheter à pression (Je dors tout le temps sur une décision!)
- Éviter de s'endetter pour d'acheter (exception potentiel de maison/condo/auto)
- Éviter l'endettement sur des trucs éphémères (ex: s'endetter pour voyager! Ayoye erreur fatal!)
- Quand tu achètes, vise quelque chose de durable / utile, dans le pire, location
Connaître ses besoins est la base, ça c'est sûr. S'assurer de faire un cadeau qui vise dans les goûts de la personne en est un autre (Non, Maman, j'ai pas besoin de 36 couteaux à steak, je suis célibataire et j'aime pas trop le steak!!!). Se permettre de se gâter aussi. Cuisiner. Et prendre du temps au lieu de donner de l'argent.
Petit conseil perso: Pour les gens proches de vous, donner des billets de spectacle à aller voir avec quelqu'un. Ça vient pas de Chine, ça encourage les entreprises d'ici, ça fait fonctionner notre culture et c'est vraiment pas le truc le plus polluant du monde. Que du bon!!!
@Shadow : Ben oui, dans notre société actuelle, appliquer ce qu'on dit (et qui oui, relève du gros bon sens), c'est être minimaliste, parce que c'est se contenter de "moins que la plupart des gens". Et, surtout, ça veut dire qu'on a du temps et la liberté de faire ce qu'on veut de notre vie.
@Prospéryne : OUI!!! Bonne idée les billets de spectacle! :) J'oublie toujours! Des sorties, ça peut être le fun pour les enfants aussi. Souvent, on pense qu'ils ne comprendront pas, mais selon mon expérience, dès 3-4 ans, ils sont capables de se projeter un peu dans le futur, tant que c'est pas trop loin (et qu'ils ont quand même au moins un cadeau à déballer et utiliser tout-de-suite-maintenant). :p
Comme je ne sais souvent pas quoi offrir à ma chère maman à Noël et à sa fête, j'ai pris l'habitude de prendre des billets de spectacle pour nous deux. Ça nous fait un après-midi de filles ( on prend les représentations de 16h le samedi) et puis, on fait de belles découvertes (Femmes à Berlin l'an dernier :O )
Maintenant, défi: trouvez des pièces qui vont intéresser Neveu et lui faire lâcher la tablette ;)
Une fausse idée qui me fait bien rire sur le minimalisme : "Mais comme ta vie doit être ennuyante!" Cette impression qu'ont les autres qu'il n'y a pas de plaisir, pas d'instantanéité, pas d'adrénaline, qu'il faut toujours compter et tout calculer, être pingre, s'empêcher de vivre... Mmmoui, sans commentaire :'D
Aussi, louer, acheter à plusieurs et emprunter reviendraient à être "dépendant" des autres. Ce qui est mal, évidemment!! Faut être "indépendant", voyons! Je ne comprends pas l'intérêt d'acheter quelque chose que j'utiliserai au mieux 1 fois par an si je peux l'emprunter à quelqu'un qui l'a et ne s'en sert aussi qu'une fois par an.
@Prospéryne : D'habitude, les enfants sont très heureux de découvrir le théâtre. Et il y a des pièces destinées à pas mal tous les publics à Montréal! :)
@Marine : Ah oui, je les ai oubliées celles-là!
"Comme la vie doit être ennuyante"... C'est sûr que c'est pas toujours facile d'avoir du temps pour lire, écouter la télé, s'entraîner, se préparer des bons repas maison, jouer avec ses enfants... :p J'la comprends pas non plus cette idée-là. Pourtant, les minimalistes ont, au contraire, souvent moins besoin de compter que le consommateur moyen qui a du mal à payer ses factures!
Ah et "dépendre" des autres... Comme si le salarié qui a absolument besoin de sa prochaine paye ne dépendait pas de son boss! Remarque, j'suis d'un naturel indépendant moi aussi (et, surtout, je manque de minimaliste dans mon entourage proche), alors je me suis arangée pour ne plus avoir besoin du tout des trucs que j'utilisais jadis une fois par an! lol!
Je suis très minimaliste moi-même et j’en éprouve une vive satisfaction. C’est comme se retrouver libre, délestée d’un lourd fardeau. Ce qui est tout de même hallucinant, ce sont les biens, choses, cossins,objets qui finissent à la longue, insidieusement, à envahir de nouveau la demeure préalablement magnifiquement épurée. Je viens d’aller porter trois sacs pleins au Chaînon, profitant de la voiture de ma fille en visite, car ça non plus, de voiture, je n’en ai plus et je n’en souffre pas. En fait, je ne souffre pas du tout de ce que je n’ai plus et rien ne me manque. Mais quand même, ces sacs pleins, ils viennent d’oú? Je n’arrive pas encore à refuser les cadeaux, prix, primes, promotions, enveloppages, vêtements d’occasion et autres. Si je n’ai rien payé pour, me semble que je fais une bonne affaire. J’ai tort. Ce qui encombre et ne contribue pas au bonheur n’est jamais une bonne affaire.
@Femme libre : Hihihi! c'est vrai qu'on a beau épurer, trier, donner, on dirait que tous les coins non occupés de la demeure finissent par se retrouver pleins à nouveau.
En même temps, je me dis qu'il ne faut pas s'en faire outre mesure à ce sujet : après tout, il faut bien donner une chance aux différents objets pour décider si oui ou non ils contribuent à notre bien-être. Et si la réponse est non, on s'en défait, c'est tout.
Mais oui, il me semble qu'on se sent libéré quand on se rend compte que les possessions qui nous sont chères tiennent dans deux valises! (Plus un container de livres dans mon cas, mais bon... ;)
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