Je viens de passer deux grosses journées à rédiger une communication interne pour un organisme qui comprend le mot "du Québec" dans son nom (j'vous en dit pas plus : mes clients corporatifs ont droit à leur anonymat). C'était un contrat pas facile, parce qu'il fallait être à la fois informatif et léger, mais je pense m'en être bien acquittée. En tout cas, c'est ce que me dit ma cliente par courriel, avant d'insister pour qu'on se parle au téléphone...
Cliente, au bout du fil - C'est super le texte! C'est clair et j'ai ri!
Moi - Merci!
Cliente - Y'aurait juste deux ou trois petites choses à changer.
Moi - Bien sûr, dis-moi.
Cliente - Vois-tu, on a engagé une correctrice pour toutes nos communications à grand tirage. C'est tout nouveau. Elle est avec moi en ce moment, je te mets sur les haut-parleurs. Elle s'appelle Réviseure, dis-lui salut!
Dialogue intérieur : Oh oh. Il y a réviseur et réviseur. Quelle genre de bibitte ont-ils engagé?
Moi - C'est une bonne idée ça, d'engager une pro pour la correction. Salut Réviseure!
Réviseure, d'une voix lointaine - Salut!
Cliente - Elle nous suggère quelques corrections dans ton texte.
Moi - Pas de problème, lesquelles?
Cliente, d'un ton trop mesuré pour être totalement honnête - Quelques coquilles et fautes d'accord et puis... Ben elle voudrait que tu enlèves deux anglicismes.
Moi - Ah? J'en ai mis? Ça se peut, hein, ça se glisse partout. C'est quoi?
Cliente, après s'être raclé la gorge- Fin de semaine et per diem.
Moi, m'étouffant presque de rire - Pardon?
Cliente, peu à peu gagnée par mon hilarité - Fin de semaine et per diem seraient des angli... Ok, non, je ne peux même pas prononcer cette phrase-là. Désolée, Réviseure. On est les Trucs Muches du Québec après tout.
Réviseure, d'une voix lointaine - Oui, mais non, mais weekend et allocation journalière sont...
Je me peux pu tellement je ris. Pauvre réviseure ne sait pas que sa nouvelle patronne a un parti pris pour la langue d'usage.
Moi, les larmes aux yeux - Alors, vous voulez que je fasse les corrections?
Dans un roman, je refuserais catégoriquement, mais pour un texte corporatif qui ne portera même pas mon nom, pourquoi pas?
Cliente - Non, j'voulais juste que Réviseure ait ta réaction en direct. On va s'arranger!
Moi - Bonne fin de journée à toutes les deux! Bon courage, Réviseure!
Désavantage du travail à la maison : j'aurais aimé voir la tête de la pauvre fille.
Avantage : j'aurais ptêt pas ri autant si je l'avais eue en face de moi. Là j'ai rigolé toute seule pendant le reste de la journée. (Pis après je suis tombée sur un statut Facebouette de L'Insolente Linguiste qui riait de la même affaire! Soit c'est de la synchronicité, soit elle connaît Réviseure!)
4 commentaires:
Oh oh oh! "Fin de semaine" est un anglicisme à remplacer par "weekend"! Ah ah ah! J'avoue que c'est vraiment tordant! Encore plus qu'en apprenant que "versus" est un anglicisme aussi (qui vient direct du latin et qui a déjà été en usage en français, mais bon, tsé...) ;)
@Nomadesse : Weekend en tant que "mot français" m'enrage presque plus qu'il ne m'amuse. Par contre, "per diem" c'est comme "versus" : directement issu du latin. Alors les qualifier d'anglicismes, ça me fait vraiment rire! (À la limite, qu'ils appellent ça des archaïsmes ou des impropriétés, mais lâchez-nous avec les anglicismes).
J'en conclus que, comme moi, t'es une partisane des fins de semaine?
Alors bonne fin de semaine! :)
Quelle histoire de Barreau de chaise!
@Daniel: Nope, pas les bons clients ;)
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