mercredi 13 juillet 2016

Les résultats moyens sont parfois utiles

Une connaissance parlait, dans tous ses états, des résultats de la première année de cégep de son fils. Des résultats moyens. Très très moyens. Du genre juste sur la limite de la note de passage. Sauf en français. Là c'était un peu mieux. Pas extra, mais fiston écrit sans faute, disait-elle, alors ça l'aide.

J'ai essayé de la rassurer. Première année de cégep, ça veut dire bien des adaptations. On apprend à prendre des notes. C'est pas facile.

Mais la dame s'est entêtée dans sa catastrophisation de la situation. Le fiston est déjà "juste" en sciences humaines. Si même là (hum) il ne réussit pas, qu'est-ce qu'il va faire dans la vie? Il veut devenir prof. Il y arrivera jamais avec des notes pareilles.

J'ai arrêté d'argumenter, parce que pour se mettre dans un état pareil, la maman avait pas réalisé certains éléments :
1- J'ai étudié en histoire (donc en sciences humaines), alors son mépris trouvait difficilement écho chez moi.
2- Les programmes d'enseignement ne sont pas contingentés. Ou tellement peu que ça vaut pas la peine d'en parler.
3- Si fiston écrit sans faute, il va passer haut la main les tests obligatoires du programme d'enseignement.

Et 4- J'ai été ce que les anglophones appelle un "straight A student".  En français, on dit une bolle. Encore maintenant, je comprends souvent les concepts avant qu'on ait fini de me les expliquer (Surtout en sciences humaines. Pour les sciences pures, partez de la base, svp, je lisais Asimov pendant mes cours de physique et de maths). J'ai aucun mérite : j'suis faite de même, c'est tout.

J'ai essayé d'être enseignante. J'ai fait un an. J'avais du fun avec les ados. Ils m'aimaient bien. Mais soit dit entre nous, avec le recul, j'pense que j'étais une prof déplorable. Vivante oui, mais nulle quand même.

Parce que je ne sais pas comment expliquer quelque chose de deux (trois, quatre, douze) façons différentes. Je n'arrive pas à comprendre qu'après trois répétitions d'un concept, il y a vraiment des gens qui, sincèrement, n'y pige toujours rien. Je veux dire : je le sais, intellectuellement, que certaines personnes apprennent moins vite que d'autres, mais pratiquement, émotionnellement? Niet, désolée. Mon premier réflexe est souvent de penser que la personne devrait se concentrer un peu plus.

D'un autre côté, mettez-moi une balle ou un ballon (ou un volant de voiture) dans les mains et demandez-moi d'exécuter des manoeuvres complexes et là, je comprends soudain toutes les difficultés qu'on peut éprouver. J'étais une nullité totale dans mes cours d'éducation physique. Et même maintenant, dans mes arts martiaux que j'adore, j'suis pas très bonne. J'assimile les nouveaux concepts très lentement. Et je les oublie à une vitesse effarante. Mais plusieurs personnes me disent que de m'entendre parler, de voir mon énergie, leur donne envie de se mettre au sport.

Bref, je pense qu'un élève moyen qui veut s'améliorer et qui travaille fort pour y arriver fera, plus tard, un bien meilleur enseignant que l'élève qui maîtrise les contenus sans effort.

Dans la vie, avoir des résultats moyens, j'pense que c'est parfois utile. (Et dans les romans, un personnage moyen, c'est plus sympathique qu'un expert international... et plus facile à mettre en scène de manière crédible!).

Suivant cette logique, j'ai manqué ma carrière comme prof d'éducation physique! :p

5 commentaires:

Nomadesse a dit…

"Il est juste en sciences humaines." Bonyenne. J'ai fait la voie "sciences pures" au secondaire, et j'étais parfois jalouse de mes anciens collègues qui avaient poursuivi au cégep parce que, eux, au moins, ils pouvaient avoir des notes parfaites. En sciences humaines, la perfection ben...ça n'existe pas! Bref, ça me choque toujours de lire de telles inepties.

Je parle trois langues et les gens me disent que je suis donc ben bonne en langue. Eh bien... C'est le domaine où je réussissais le moins à l'école! J'apprenais très bien les mots par coeur, mais passé cette étape, j'avais bien du mal à mettre tout cela ensemble pour parler une autre langue. Je les oublie très vite aussi, contrairement à mon chum, qui se rappelle encore son espagnol du secondaire... Bref, je ne suis pas bonne en langue, mais je suis passionnée. Alors même si ça me prend trois fois plus de temps et d'efforts que celui qui est bon là-dedans, je ne lâche pas.

Je n'étais pas la meilleure en éducation physique non plus. Mais j'aimais nager. Et je suis devenue sauveteuse quand même. À force de travail, ça aussi. J'ai coulé des cours, j'ai recommencé, je me suis entraînée. J'avais le goût.

Inversement, j'avais beaucoup de facilité avec les maths. Mais je n'aimais pas cela. C'était facile, mais je n'aimais pas. Alors, même si c'est un domaine socialement reconnu, j'ai décidé très tôt de ne pas poursuivre là-dedans. J'aimais la physique et la chimie toutefois. J'ai flirté avec l'idée de devenir astrophysicienne pendant un temps... Mais bon, il y avait trop de maths à mon goût. J'ai respecté mes goûts, et pas les goûts de la société (tu imagines le regard des profs quand je leur disais que j'allais en Arts et lettres, alors que j'avais des grosses notes en sciences? Bizarre, la fille, bizarre!) ;)

Sur ce, je suis maintenant en sociologie, mon vrai domaine, j'en suis convaincue. Et je suis abonnée à Québec Science. ;)

Claude Lamarche a dit…

J'étais moyenne en tout au secondaire. Une fois à l'école normale, j'ai délaissé maths-chimie-physique pour me concentrer sur français-histoire-géo. Ma moyenne a remonté pas mal. J'ai compris que j'apprenais mieux en expliquant aux autres.

J'ai appris ma grammaire en enseignant et, une fois graphiste dans un journal, en corrigeant les textes des autres.

Chez nous, ma mère disait toujours qu'elle n'aurait pas fait un bon prof,justement parce qu'elle ne comprenait pas que les autres ne comprennent pas ce qui avait l'air si simple pour elle.

De toute façon, je suis persuadée que tout ne s'apprend pas à l'école. On apprend toute sa vie... selon nos besoins et nos intérêts qui, eux, peuvent très bien changer au cours d'une vie.

Gen a dit…

@Nomadesse : Lol! J'avais même oublié la possibilité des notes parfaites en sciences pures!

Et c'est drôle : j'avais aussi beaucoup de facilité en maths et en physique au secondaire (c'était pas compliqué : fallait retenir une formule par cœur, puis pitonner les bons chiffres sur la calculatrice pour l'appliquer). Mais moi aussi ça m'ennuyait. Alors j'ai bifurqué vers histoire-géo dès que j'ai pu (soit en secondaire cinq... au grand déplaisir du directeur d'école, qui a même appelé ma mère pour être sûr qu'elle "approuvait mes choix"). Avec le recul, je me dis que j'aurais ptêt aimé la physique et la chimie si mes profs avaient été moins nuls!

Mais je ne pense pas qu'ils auraient réussi pour autant à m'éloigner de mes passions : la littérature et l'histoire! :)

@ClaudeL : C'est sûr qu'on apprend beaucoup en dehors de l'école et pendant toute notre vie, mais... mais dans notre société, un diplôme, ça aide à se partir mettons!

Prospéryne a dit…

"Il est juste en sciences humaines."

(&%&?*$*?$%&?*(%/$*?%/%/*)!!!!

Non, mais les sciences humaines, elles sont utiles aussi, ce sont les sciences qui nous concernent le plus directement car elles concernent l'humain justement! Et je m'excuse, mais Méthodologie quantitative des sciences humaines a été LE cours de mon cégep en sciences humaines qui m'a le plus appris sur la science, plus que mes cours de science au secondaire. Je ne les aimais pas parce qu'il y avait les maths et les maths et le sanskrit, c'est la même chose pour moi: j'y comprends rien. C'est pas logique! (Alors qu'on dit que les maths c'est le truc le plus logique du monde, moi je trouve que c'est profondément illogique, trouvez la logique!)

Ah, ça me tue les commentaires comme ça!

Et puis, tu as raison Gen, les moyens ont souvent un gros avantage. Parce qu'ils s'habituent à travailler dur pour avoir des résultats. Un échec ne représente pas une aussi grosse épreuve pour eux que pour ceux qui sont habitués de tout réussir du premier coup. Alors les moyens finissent par réussir bien souvent. Ils ont la force de l'endurance. :)

Personnellement, je dirais à cette dame de ne pas capoter et de laisser un peu de temps au temps: son garçon va trouver et va réussir, être un peu plus lent au décollage permet souvent de bien réchauffer la machine avant qu'elle donne son plein potentiel ;)

Gen a dit…

@Prospéryne : Lol! Cette formulation en a dérangé plusieurs on dirait! ;) Pour ma part, j'suis tellement habituée de l'entendre que je m'en fous un peu. :p

Eh oui, comme tu dis "les moyens" ont de l'endurance et souvent beaucoup plus de persévérance que "les bons".