J'ai toujours été plutôt du genre organisée (c'est pas pour rien que je gagnais ma vie comme secrétaire malgré mon absence de formation dans le domaine), à me faire des listes et des itinéraires, à prendre cinq minutes pour discuter avec mon chum de la planification d'une fin de semaine chargée.
Cependant, dans mes premiers essais d'écriture, j'y allais sans plan, au fil de la plume, me laissant guider par des récits dont je connaissais vaguement le début, mais jamais la fin.
À l'université, j'ai appris à organiser l'information, à écrire les plans de textes académiques de manière à être sûre que les arguments appuient la thèse. Cependant, cette manière d'écrire me semblait tellement rigide, jamais je n'ai même pensé à l'appliquer à des textes de fiction.
Par contre, lors de la préparation de mon cours de mythologie de deuxième cycle, j'ai eu une illumination. On devait lire l'Illiade et l'Odyssée. C'est long. Et toufu. Il y a plusieurs batailles, beaucoup de détails. Pour m'y retrouver, je me suis mise à noter le contenu de chaque chant/chapitre. Et c'est alors que j'ai vu apparaître, claire et nette, la structure des deux récits (linéaire pour l'Illiade, mais avec une alternance de deux personnages pour l'Odyssée). D'un coup, je venais de comprendre à quoi servait le plan d'un récit!
Je ne m'en suis jamais remise! hihihi! Depuis ce temps là, je fais des plans pour tout. Même pour les textes du concours d'écriture sur place du Boréal!!! (J'peux pas croire que je suis la seule à le faire, mais Julie Martel semble penser que oui...) Mon plan typique contient autant d'information que si j'entreprenais de vous raconter mon projet de vive voix. Et pour cause : c'est au moment d'écrire le plan que je me raconte à moi-même mon histoire.
Au début, mes plan me guidaient dans mon écriture, mais je me permettais d'en déroger en cours de retour si j'en ressentais le besoin (si une meilleure idée surgissait, si la psychologie d'un personnage l'exigeait, etc). Mes premiers jets pouvaient donc différer pas mal des plans initiaux.
Mais, peu à peu, j'ai pris l'habitude, quand je ressentais l'envie de dévier de la trajectoire prévue, de mettre mon plan à jour, histoire qu'il reflète le texte que j'étais effectivement en train d'écrire.
Et mes dieux que c'est pratique!
En travaillant avec un plan "évolutif", je vois tout de suite, dès la modification enclenchée, quels impacts elle aura sur l'histoire que j'avais prévue. Quels autres chapitres devront être modifiés. Je peux réfléchir à l'avance, ajuster la structure du texte, déplacer tel morceau, enlever tel autre, en rajouter un ici ou là.
En prime, à la lecture du plan, je peux déjà me rendre compte que tel moment du récit sera plus lent, tel autre plus actif. Si c'est un problème, je peux faire des corrections en conséquence! :)
Dans les récits reposant sur plusieurs points de vue, j'aime aussi établir dès le plan l'alternance de ces narrateurs. Ça me permet d'assurer un certain équilibre, de donner la parole à chaque personnage.
Bref, le plan, pour moi, est un outil de première importance, car il me permet de travailler la structure profonde du récit.
Et vous? Quel place le plan occupe-t-il dans votre démarche?
6 commentaires:
Pour la fiction, je fais les deux: j'y vais d'abord avec l'inspiration. J'écris ce qui me vient. C'est un peu en désordre les premières idées: c'est souvent lié à des moments très forts de l'histoire. À ce moment-là, je ne sais même pas si mon texte ne sera qu'une nouvelle pour te dire. Puis plus j'écris, plus je me rends compte que j'aime les personnages, l'histoire. Que les idées commencent à être touffues. Et j'ouvre un autre document pour y mettre les idées à écrire (parce qu'à ce moment-là, les idées vont plus vite que le temps que j'ai!) Et puis, si ça prend vraiment de l'ampleur (comme dans le cas des Fleurs du Nord), je fais une ligne du temps avec les dates de naissance, de décès, les événements importants, les grands changements historiques et personnels, etc. Ça me guide pour la suite.
@Nomadesse : Je suis quand même pas 100% cartésienne : moi aussi je jette des idées sur le papier quand je suis en débroussaillage! :) Comme tu dis : ce sont les moments forts du texte qui nous viennent en premier.
C'est souvent après cette première séance d'écriture que je commence à noter la suite (on pense toujours plus vite qu'on ne peut écrire! lolol!), à replacer les morceaux écrits dans leur contexte, à évaluer si le texte sera une nouvelle ou un roman, à structurer l'ensemble, etc.
Et j'pense que c'est normal de ne pas savoir, quand l'idée se présente, si ce sera un roman ou une nouvelle). Entk, moi je le sais seulement une fois que j'essaie de faire mon plan.
Mes premiers romans comportant 8 personnages principaux qui se séparaient souvent en deux ou trois groupes, alors j'ai pris l'habitude du plan chapitre par chapitre pour pouvoir alterner entre les différents groupes et m'assurer qu'ils arrivent tous au point de rencontre en même temps! Maintenant, je fais surtout des plans pour éviter que mes romans ne soient trop courts. J'ai toujours la fin de mes romans en tête quand je commence un projet, et je suis si pressée d'y arriver, que si je ne mettais pas les grandes lignes du milieu sur papier, j'irais directement à la fin et je me retrouverais avec un roman de 5 000 mots!
@Annie : Hihihihi! J'aime bien l'idée que, sans plan, tu ferais des sprints vers la fin de ton histoire! En effet, le plan sert beaucoup à coordonner les actions et à planifier les intrigues secondaires je crois! :)
À part pour ma thèse, où je n'avais juste vraiment pas le choix (!), je n'ai jamais fait de plans pour tous les articles que j'ai publié depuis ma maîtrise. J'ai toujours une idée claire de la structure de l'article en question, de mes arguments et de mes exemples.
Maintenant que je suis revenu vers la fiction, on dirait que j'ai gardé l'habitude de ne pas en faire. Bon, avec des nouvelles, c'est moins casse-gueule, mais quand même, là aussi, j'ai une bonne idée de la structure de la nouvelle et je sais où je m'en vais. Il y a un seul projet de nouvelle pour lequel j'ai fait un plan (et ironiquement, où j'ai dû construire une ligne du temps durant ma réécriture, parce que la chronologie ne fonctionnait absolument pas!)
Maintenant que j'ai entamé un projet de roman, oh que je comprends l'importance et la joie du plan détaillé! Bon... c'est chiant, j'ai sacré beaucoup et je me suis senti vidé en le terminant... MAIS! Maudit que je suis content de l'avoir ce plan! Je sais ce qui va se passer, qui fait quoi ou s'en va où, etc. Bref, pour un projet d'envergure comme un roman, le plan m'apparaît essentiel.
Mais pour une nouvelle? J'aime bien le fait de travailler sans filet, quitte à me planter de temps à autre! :)
@WikiPA : Le plan, c'est un outil qu'on apprivoise. ;) Cela dit, j'avoue que je connais peu de gens qui écrivent des plans pour leurs nouvelles.
C'est surtout utile, selon moi, si tu ne peux pas te permettre d'écrire le texte d'un seul coup.
Se planter et devoir réécrire, c'est une chose, mais relire un texte qui commençait vraiment bien et n'avoir plus aucune idée d'où on voulait aller avec ça, c'est horriblement frustrant! (et c'est depuis que ça m'est arrivé que je me suis mise religieusement aux plans!)
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