Ça fait plusieurs fois que je me fais dire par des amis, à qui je pointais les défauts d'un film ou d'un livre, "Oui, mais moi je suis bon public".
À chaque fois, j'ai eu l'impression de me faire dire que j'étais excessivement exigeante. (Et pourtant, si vous saviez comme je suis indulgente à côté de mon chum...)
Au début, ça me déstabilisait. J'avais quasiment l'impression de me faire dire que j'étais méchante. Que j'aurais dû, voyons, donner une chance au pauvre créateur du film/livre qui venait de me faire bailler aux corneilles ou d'insulter le concept de cohérence interne.
Mais dernièrement, j'ai réalisé quelque chose.
Je m'en fous de ne pas être "bon public".
Non, la Mère Thérésa des livres et des films, qui les aime tous parce qu'ils sont tous la création chérie de quelqu'un, c'est pas moi.
Parce que je n'ai ni temps, ni argent à perdre à m'emmerder, surtout ces temps-ci.
La vie est trop courte! (Et Éliane trop prenante! ;)
Et vous, êtes-vous "bon public"?
AJOUT : Les premiers commentaires ont pris pour acquis que je parlais d'une situation où je connaissais le créateur du truc nul et/ou que mes commentaires se rendraient à ses oreilles. Et pourtant, non, le plus souvent, quand on me reproche de ne pas être "bon public", c'est au sujet d'un navet hollywoodien ou d'un mauvais bouquin américain. Pourquoi, mais pourquoi, devrais-je, dans cette situation, être "bon public" et prendre des gants pour critiquer?
14 commentaires:
Je sais reconnaître les efforts de quelqu'un, mais ça ne veut pas dire que parce qu'il fait des efforts, son oeuvre va être bonne pour autant! Je ne sais pas si je suis bon public, j'ai tendance à être assez critique, mais je fais attention à ne pas être blessante par contre. C'est peut-être ça la différence...
Le Québec est reconnu pour être bon public et donner facilement des ovations debout! Personnellement, non, je suis plutôt critique mais exubérante quand quelque chose me plaît. Reste que c'est délicat de critiquer quand on connaît l'auteur. Et, il faut bien l'admettre, les artistes sont des êtres sensibles qu'il vaut mieux ménager. Je viens d'aller voir l'ami d'un ami qui donnait un tour de chant à ses frais. Il avait payé ses musiciens (qui étaient bons) et tout et tout et franchement, j'ai trouvé que c'était plutôt mauvais. Comme il ne m'a pas demandé mon opinion mais m'a remerciée d'avoir assisté au spectacle, fiou! j'ai été bien heureuse de l'embrasser sans commentaires! J'en aurais pas fait de toutes façons, c'est un gars vraiment sympathique. Pas si simple ta question finalement, Gen!
Quand je prends la peine d'écrire un mot personnel à l'artiste ou l'auteur, ça veut dire que j'ai vraiment, mais vraiment, aimé cela. Sinon ça peut vouloir dire que je n'ai pas lu encore, ou pas vu, ou pas aimé, ou pas assez aimé... C'est ma petite diplomatie interne.
Mais il reste aussi que je comprends souvent que même si la personne est un ou une ami-e, je n'ai pas toujours la personnalité pour apprécier telle ou telle oeuvre. Je peux donc reconnaître que c'était très bon, mais que pour moi, c'était trop noir ou trop dur.
@Prospéryne : Je m'efforce de ne pas être blessante dans mes critiques officielles. Par contre, en privé, je ne mâche pas nécessairement mes mots.
@Femme libre : C'est normal de faire preuve de plus de sensibilité et de gentillesse quand on connaît l'artiste, oui. Mais quand je pointe les défauts immenses d'un navet hollywoodien et que je me fais répondre "t'as raison, mais... mais tsé t'es vraiment pas bon public", là je ne comprends pas. Je ne blesse pas les créateurs, ils n'entendront jamais parler de ma critique. Pourquoi faudrait que je me force pour apprécier leur navet si c'est un navet?
@Nomadesse : Ah oui, le "c'est sans doute bon, mais c'est pas pour moi", je connais aussi et j'utilise. Mais des fois, c'est juste pas bon.
Le pire, c'est que je constate que tous les commentaires prennent pour acquis que je connaitrais l'artiste. Or, ce genre de remarque, on me l'a souvent faite à propos de trucs américains!!!
Pourquoi vises-tu spécifiquement la culture américaine?
@Joe : Parce que comme elle nous envahit avec ses produits, elle nous offre aussi une proportion plus élevée de navets! :p
Même si on ne connaît pas l'auteur, ce n'est pas simple non plus. Ainsi, hier, je suis allée voir OVertigo à la Place-des-arts. Huit danseurs. Habillés en noir. Aucun décor. Des solos, les autres en toile de fond dans la pénombre. Ils dansent bien mais chacun de leurs pas, me semble les avoir vus mille fois déjà. Neuf heures et demi. C'est fini. Tout le monde applaudit. Moi aussi. Je n'ai ressenti aucune émotion particulière pendant le spectacle. Est-ce un mauvais spectacle pour autant? Je me remets alors en question. C'est moi qui ne connais pas assez bien la danse moderne pour l'apprécier? Pas simple, je te dis. Pas simple.
J'ai payé 47.14$ (et c'est un bas prix d'abonnement) et me semble que je n'en ai pas eu pour mon argent. Est-ce qu'une opinion bassement mercantile de l'art, ça compte?
@Femme libre : Je pense que ça tombe dans la catégorie du "c'était ptêt bon, mais c'était pas pour moi".
Et pour avoir fait de la danse moderne pendant des années... un moment donné, on se tanne des spectacles de danse, surtout s'ils ne nous font ressentir aucune émotion. Tant qu'à moi, les bons spectacles de danse, ce sont ceux qui ont une trame narrative.
Eheh! J'aime le nom de la catégorie et je vais le retenir!
Deux éléments:
1) La fonction de l'oeuvre: on ne juge pas un truc de pur divertissement de la même manière qu'une oeuvre qui se veut plus poussée.
2) Y'en a marre du nivellement par le bas! "Ouin mais ce boute-là était bien" ou "Ce personnage-là était correct". Un élément ne suffit pas à racheter un navet, et un navet PEUT contenir quelques trouvailles. L'affaire, c'est que ce n'est pas difficile d'avoir des idées, tout le monde en a. (Présentez-vous écrivain une fois ou deux et vous verrez les suggestions pleuvoir). C'est l'exécution qui fait la différence, bien souvent. Et là, pas de pitié.
Pis une troisième chose: Le degré d'expertise...
J'ai été voir un concert l'autre jour. C'était bien, mais il y a eu quelques mauvais départs et un ou deux arrangements moins réussis. On m'a dit difficile. Non, je connais le métier (les deux, compositrice et musicienne d'Orchestre). Le premier est impardonnable, le deuxième, c'est moins facile à juger, alors je nuance plus mon propos. Demeure que, quand on sait de quoi on parle de l'intérieur du métier, on apparaît plus sévère, mais on se doit de l'être.
Selon moi.
@Josée : Tant qu'à moi, même l'œuvre qui se veut un pur divertissement n'est pas excusée lorsqu'elle est complètement nulle et mal conçue. Elle n'a pas besoin de réinventer la roue, juste d'être minimalement cohérente.
Parce que oui, moi aussi j'en ai marre du nivellement par le bas.
Et à lire ton troisième point, je vais commencer à me méfier des écrivains qui ne sont pas assez critiques à propos des histoires qu'on leur raconte. Après tout, ils devraient connaître le métier... ;)
Ne le suis pas non plus, sauf peut-être pour les créations québécoises à qui je pardonne beaucoup.
Mais j'en parle beaucoup moins qu'avant. Ce que je fais moins qu'avant, finalement, c'est discuter. À moins que ce soit rencontrer du monde avec qui discuter!
@ClaudeL : Peut-être en effet que le problème c'est le manque d'interlocuteur? ;)
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