En
passant, la dernière fois que Luc m’a demandé des détails sur ma
grossesse, il m’a dit, à la suite de ma réponse, que je devrais
écrire pour la Maison des Viscères. Vous êtes donc avertis :
si vous n’avez pas d’enfants, les prochains billets de blogue
contiendront peut-être des détails que vous n’aviez pas
nécessairement envie de savoir! ;) Lisez à vos risques et périls!
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Alors lundi soir le 11 août, Vincent et moi sommes partis avec nos bagages pour l’hôpital. Nous savions déjà, parce que c’est la norme dans ce pavillon des naissances et que j’ai plusieurs amies qui y ont accouché, que nous serions logés dans une chambre privée et que mon chum aurait un genre de sofa-lit pour dormir.
À 19h, nous arrivons à
l’hôpital et on nous installe dans notre chambre. La gynécologue
de garde vient me voir avec une infirmière et me demande pourquoi
mon médecin a décidé de provoquer l’accouchement à 41 semaines
tapantes. Euh... J’avoue mon ignorance : mon médecin, qui
pourrait donner des leçons d’opacité au gouvernement Harper, m’a
juste dit que je serais provoquée tel jour. La gynéco me pose
quelques questions et en apprenant que j’ai fait du diabète de
grossesse et de l’hypertension, elle me dit que ça doit être pour
ça qu’il ne m’a pas laissé dépasser ma date de 10 jours, comme
ça se fait souvent.
Elle m’examine. Le
col de mon utérus est ouvert d’environ 1 centimètre (note pour
ceux qui savent pas : il faut qu’il s’ouvre de 10
centimètres pour laisser passer le bébé). La gynéco m’explique
la procédure qui sera suivie : tout d’abord, on va me mettre
un espèce de tampon imbibé d’hormones contre le col de l’utérus.
Ça pourrait suffire à déclencher le travail, mais ça va surtout
aider le col à s’ouvrir. Au matin, on crèvera mes eaux. Là
encore, ça pourrait suffire à déclencher le travail. Si jamais ça
ne suffit pas, là on me mettra sous perfusion d’ocytocine. À
cette mention, je grimace : une perfusion d’ocytocine, je sais
que ça implique qu’on me branchera presque en continu sur un
moniteur qui écoute le cœur du bébé. Et donc que je devrais
passer tout le travail couchée ou assise dans un lit. Moi qui me
suis exercée à contrôler la douleur grâce à divers mouvements et
à des poses de yoga! La gynéco me rassure : les deux premières
étapes suffisent souvent.
Elle consulte mon
dossier et m’informe cependant que dès la rupture de la poche des
eaux, je devrai être sous perfusion d’antibiotiques, puisque je
suis porteuse du Strep B, une bactérie qui vit en commensalisme
avec, semble-t-il, 30% des femmes, mais qui pourrait s’attaquer au
bébé. Je le savais déjà, mais... Beurk, j’aime pas les
perfusions! La dernière fois que j’en ai eu une de longue durée,
pour ma grossesse ectopique, le soluté s’est infiltré hors de ma
veine et mon bras avait doublé de volume. En plus, ce sera dur de
marcher ou d’utiliser mes poses de yoga avec un soluté dans le
bras.
Mais bon, il faut ce
qu’il faut pour la puce!
On me demande ce que je souhaite comme méthode pour soulager la douleur. Devant ma réponse « rien », la gynécologue et l’infirmière qui m’est attitrée s’entre-regardent. Elles m’expliquent ensuite que c’est possible, oui, mais qu’avec l’ocytocine, les contractions sont très brusques et fortes et qu’il ne faudra pas du tout que je me gêne si je change d’idée, que l’épidurale est disponible à 30 minutes de préavis dès que mon col sera à 4 centimètres d’ouverture. La gynéco m’explique qu’un accouchement fait mal, très mal, que c’est un processus naturel, oui, mais que plus on le brusque, pire c’est. Le discours m’étonne un peu. Est-ce qu’il y a vraiment des femmes qui se présentent pour un accouchement en pensant que ça ne fera pas mal?
On m’installe le
tampon aux hormones et on me branche sur moniteur. La gynéco quitte,
me laissant seule avec l’infirmière. Le moniteur nous offre
rapidement une surprise : apparemment, j’ai des contractions,
environ aux quinze minutes. En effet, si je me concentre sur la
région de mon ventre, je ressens par moment un léger tiraillement
musculaire. L’infirmière semble enthousiaste. Selon elle, il se
pourrait très bien que le tampon d’hormones suffise.
Après deux heures de monitorage du cœur du bébé (pour être sûrs qu’il réagit bien à la procédure), les contractions se sont légèrement intensifiées et rapprochées... Enfin, selon la machine, parce que moi, bof, je ne ressens pas grand chose.
À 22h, je me couche. Ça fait bizarre de dormir toute seule dans un lit simple avec mon chum à l’autre bout de la chambre. Mais bon, je suis fatiguée, alors je dors sans problème jusqu’à 2h du matin. À partir de là, la douleur me réveille de temps à autre. Les contractions se sont un peu intensifiées, mais j’arrive à me rendormir.
À 6h du matin, j’ai assez mal pour ne plus pouvoir dormir. Comme je me lève pour aller à la salle de bain, je sens un peu de liquide couler le long de ma jambe. Je comprends tout de suite : la poche des eaux vient de se rompre. Le travail est commencé!
Je sonne l’infirmière, qui arrive avec la gynéco. Celle-ci constate que mon col est ouvert de 3 centimètres, que la poche des eaux est fissurée (et non rompue) et s’apprête à compléter la rupture quand je lui rappelle que je suis porteuse du Strep B. On me met alors sous perfusion d’antibiotiques. La gynéco m’annonce qu’elle a fini sa garde. C’est mon médecin habituel qui prend le relais. Elle me dit qu’il viendra me voir dans 4 heures, le temps que la perfusion d’antibiotique passe dans mon système et commence à protéger le bébé. Ensuite, il finira de crever mes eaux.