jeudi 20 mars 2014

Suprématie de Laurent McAllister

Bon, malgré le fait que le bouquin s'est pratiquement désintégré dans mes mains, j'ai fini par terminer "Suprématie" de Laurent McAllister.

Le livre raconte l'histoire d'Alcaino, commandant de la nef spatiale le Doukh, et commence durant la dernière mission d'envergure de ce capitaine. Face au Doukh et à son équipage se dressent les Suprémates, de races et d'origines diverses, mais tous unis par le même consensus, la même façon de percevoir la réalité. Remarquez, les Suprémates n'ont pas tellement le choix d'adhérer à ce consensus : des implants cérébraux manipulent leurs perceptions et leurs raisonnements grâce à des "filtres de réalité" qui aplanissent les différents. Le capitaine du Doukh, son équipage et leurs alliés s'opposent à cette tyrannie de la bonne entente obligée et entendent prouver que la créativité de l'esprit humain est plus forte que les consensus artificiels.

Comment ne pas aimer un bouquin qui raconte comment la créativité et la libre pensée se montrent plus fortes qu'un bonheur factice et anesthésiant? ;) Le concept de "Suprématie" est excellent. La construction, qui accumule les retour en arrière et nous raconte les personnages au moyen de leurs souvenirs, est bien faite et donne son rythme à l'ensemble du récit.

Ryhtme qui, cependant, est lent. Très lent. Les personnages sont nombreux, pas à l'excès, mais leur nombre, et l'obligation de les présenter convenablement, ralentit la progression de l'intrigue. Par contre, toutes leurs histoires personnelles sont passionnantes. Au point où, parfois, malgré le volume déjà conséquent du bouquin, on se dit qu'on aurait pas détesté en savoir un peu plus sur certains d'entre eux. Alcaino, le capitaine, est une figure centrale riche, bâtie par petites touches habiles. Il n'a pas beaucoup de nuances, mais son passé explique son fanatisme et arrive à nous le rendre sympathique.

Cependant, ce qui, à mons sens, nuit le plus au rythme du récit, ce sont les explications techniques, passages obligés de tout livre de SF qui se respecte. Dans un roman, les longs raisonnements et explications scientifiques tendent à m'emmerder rapidement. Une fois qu'on m'a dit que tel système planétaire se présente sous la forme suivante et que oui, c'est un truc possible, je n'ai pas besoin de l'explication de deux pages sur le pourquoi du comment, avec équations physiques devinées en filigrane. C'est, tant qu'à moi, l'équivalent du lexique linguistique de la langue inventée dans une série de romans de fantasy : c'est le fun que l'auteur soit au courant de ces informations et détails, mais c'est pas nécessaire de tout mettre dans le bouquin.

Cela dit, je ne suis pas une fan de hard SF. J'ai lu "Suprématie" un peu par à-coups, accélérant le rythme de lecture lorsqu'on plongeait dans l'action, dans l'histoire des personnages, dans la planification de leur grand coup final, puis ralentissant drastiquement, allant même jusqu'à le mettre de côté quelques jours, lorsque je tombais sur, par exemple, la description détaillée (en 2 pages!!!) des effets de l'explosion d'une bombe.

Cela dit, je ne l'ai jamais laissé tomber, curieuse de connaître la fin. Et celle-ci valait la peine de s'accrocher. :) Si vous n'avez pas lu de bon space opera depuis longtemps, "Suprématie" est à essayer. Quitte à lire les bouts techniques en diagonale. ;)

2 commentaires:

richard tremblay a dit…

La sf : un genre de littérature où sauter des pages fait partie de la game... Tout le monde le fait.

Gen a dit…

@Richard : Ah, c'est ça l'astuce que j'avais pas compris à propos de la SF! :p