jeudi 27 mars 2014

J'suis juste pas faite pour le marché du travail

Plus les années passent, plus j'en arrive à une conclusion : j'suis juste pas faite pour le marché du travail.

Quand je lis des billets comme ceux d'Isa ou d'Isabelle ou même de Prospéryne, ça me fascine. Ça me fascine aussi quand je vois mon chum coder des projets personnels après avoir passé une journée à se casser la tête sur des lignes de code. Les découvrir passionnés par leur travail, prêts à s'y investir et à y mettre du temps, même non payé, pour affiner leurs compétences et mieux accomplir leurs tâches, je trouve ça beau. (Bon, dans le cas de mon chum, que ses projets personnels affinent ses compétences, c'est plutôt un adon, mais reste que ça lui est profitable dans son travail).

Je trouve ça beau, donc, et... incompréhensible. J'ai toujours travaillé parce qu'il le fallait bien. Oh, on m'a souvent dit que c'était parce que je n'avais pas trouvé l'emploi qu'il me fallait, que j'étais pas dans mon domaine, etc... Mais quand je discute avec mes amis qui enseignent l'histoire au cégep ou qui travaillent pour des groupes de recherche, j'en arrive toujours à la même conclusion :

Oui, ça a l'air vraiment intéressant comme boulot, mais à leur place, me semble que je ne garderais pas longtemps la même passion.

J'aime la recherche, surtout historique, ah ça oui, j'aime l'enseignement aussi, mais... mais pas trop longtemps. Pour me garder allumée, stimulée, impliquée, il faut que le boulot varie, que les sujets changent fréquemment, que je sois toujours en train d'apprendre, de créer...

Bref, je suis faite pour être écrivaine. Pour papillonner d'un sujet à l'autre au hasard des exigences de mes projets (d'ailleurs, trois romans sur le même sujet, je trouve ça dur!). Sur le merveilleux marché du travail, y'a pas grand job qui me convienne (ironiquement, celle que j'ai occupé pendant quatre ans avec les avocats correspondait fort bien à mon profil, puisque les dossiers variaient beaucoup, jusqu'à ce qu'un supérieur problématique me force à choisir entre une démission ou une dépression).

Je me dis que c'est pas grave, qu'il faut de tout pour faire un monde. Mais des fois, me semble que ça doit être tellement plus simple quand on est passionnés justement par le truc qui fait rentrer l'argent!

Enfin, ce genre de réflexion me conforte dans ma décision : il ne me reste qu'un mois de boulot! ;)

23 commentaires:

idmuse a dit…

hahaha ouais, ça c'est sûr! En plus, les profs d'histoire, y vont en chercher les prochains mois, les cegeps (réforme marois). Dommage que ça ne t'allume pas, parce que moi, je trouve que c'est le boulot le plus cool du monde ;)
Mais je n'ai pas peur pour toi, tu as une passion et tu auras bientôt le boulot le plus exigeant qui soit :) être maman!

Gen a dit…

@idmuse : Je crois que je n'aurais pas détesté être prof au cégep (c'était mon plan de carrière après tout), mais j'aurais ressenti quand même l'appel de l'écriture.

Et, euh, les cégeps vont chercher des profs d'histoire... du Québec et du Canada! J'suis une antiquisante moi. Enseigner Québec/Canada quand tu es habituée à l'empire romain, c'est l'équivalent d'expliquer une longue chicane de clôture!

Nomadesse a dit…

Mais non, ton argumentaire ne marche pas pantoute, Geneviève et tu le décris toi-même: tu es faite pour le marché du travail, dans l'emploi d'une écrivaine. C'est aussi un boulot. C'est juste qu'il n'est pas assez payant pour en vivre. Comme celui de musicien, de conférencier, d'artiste, de peintre, etc.

Je suis entourée de gens qui ont des affinités avec des emplois qui les condamnent à la misère s'ils ne font que cela. Et qui sont obligés d'avoir une "job alimentaire" à côté de leur vrai travail pour pouvoir survivre. Cette job alimentaire vient prendre du temps et donc nuire à ce qui les fait vraiment vivre. Et le piège, c'est d'en oublier un moment donné que son vrai travail, ce n'est pas la job alimentaire, mais d'être peintre, illustrateur, écrivain, musicien, compositeur...

Triste.

Gen a dit…

@Nomadesse : Désolée, en bon rejeton de la classe moyenne, pour moi "marché du travail" équivalait à "salarié" dans ce billet. Du moment où on est artiste-travailleur-autonome, j'ai l'impression on se place en marge du marché du travail classique. La game change pas mal.

Et, malheureusement, les revenus aussi.

Mais comme tu dis, à trop rester dans un boulot alimentaire, un moment donné on en perd de vue que c'est pas pour ça qu'on veut vivre.

Dominic Bellavance a dit…

Je te comprends tellement! Je n'ai jamais aimé un seul de mes emplois rémunérés, seulement "enduré". Quand des gens me disent qu'ils adorent leurs jobs, je ressens un mélange d'incompréhension et d'envie. CE SERAIT SI SIMPLE D'AIMER ÇA, TRAVAILLER! Entk. Au moins, je me débrouille pas si mal en tant que travailleur autonome, mais comme dans tout, il y a des hauts et des bas. Mais, il me semble qu'un emploi stable où j'aurais hâte d'aller chaque matin, ça simplifierait tellement de choses. Le problème est qu'une des seules choses qui me fait vraiment triper, c'est faire avancer "mes" propres projets. Et c'est pas avec un emploi rémunéré qu'on fait ça, malheureusement.

Gen a dit…

@Dominic : Contente de voir que je suis pas la seule à se dire que la vie serait tellement plus simple si on aimait sagement une job stable et payante! Mais je suis comme toi : faire avancer mes projets me semble beaucoup plus intéressant que travailler pour qu'une compagnie fasse des profits... qu'elle ne partagera pas avec moi ensuite.

Oh, en passant, j'arrive pas à commenter sur ton blogue. Je voulais te dire bravo pour le recueil paru chez Québec Amérique (quand même, c'est du gros éditeur ça!). Je sens que je vais faire un cadeau à un futur papa de ma connaissance. :)

Dominic Bellavance a dit…

Oh, désolé, le commentaire a abouti dans les indésirables. Aucune idée pourquoi! J'ai corrigé.

Gen a dit…

Merci! :)

idmuse a dit…

i know, je ne te dis pas le nombre de profs qui vont perdre leur job aussi :( enfin... ;)

Gen a dit…

Je dois dire qu'avec l'enseignement au cégep, c'est l'instabilité d'emploi qui me décourageait le plus. J'ai une seule amie qui a terminé sa maîtrise en même temps que moi (en 2008) et qui vient d'avoir sa permanence. Les autres sont chanceuses lorsqu'elles ont un temps plein pour une session.

Vincent a dit…

*tousse tousse* Est-ce que tu m'as vraiment pris comme exemple de personne qui aime son emploi ou qui fit bien sur le marché du travail?!? oO

Gen a dit…

@Vincent : Demande le gars qui fait de l'overtime depuis un mois? Essaie pas : si tu aimais pas ta job, tu les aurais envoyés paître depuis longtemps! ;) Mais bon, t'as pas été toujours aussi bien adapté à ton boulot, j'avoue! lolol! ;)

Vincent a dit…

Je fais de l'overtime parce que j'aime ma job? Elle est bonne celle-là...

Isabelle Lauzon a dit…

Moi, je trouve ça tellement triste quand les gens n'aiment pas leur boulot... Bon, ça n'a pas toujours été parfait de mon côté, mais j'aime ce que je fais, j'aime mon travail, je me réalise pleinement dans mon boulot...

D'accord, je crois bien que je serais aussi très heureuse d'écrire à temps plein, mais disons que la stabilité que j'ai présentement me manquerait!

Comme tu dis, il faut de tout pour faire un monde! :)

Prospéryne a dit…

Ouf... Je trouve ça bizarre d'être citée en exemple! Il me semble que je me retrouve beaucoup trop dans ton billet... Mais bon, je fais partie de cette catégorie de gens pour lequel la fée-marraine de la vie a fait cadeau d'une passion qui peut se conjuguer avec le boulot. Néanmoins, je précise que je ne fait pas la même chose le jour et le soir: je n'aborde tellement pas les livres et la littérature de la même façon! Sans doute ce qui fait que je peux continuer à en manger encore et encore...

Une femme libre a dit…

Je pense que oui, la passion est le plus important. Et le sentiment de faire ce qu'il faut et d'être où il faut ici maintenant. Et tu en est là. Cependant la vie est longue et les intérêts changent. L'écriture te passionne, les enfants aussi. Il est tout à fait possible qu'à un moment donné, tu trouves d'autres passions et qu'elles s'adonnent à être lucratives. Elles s'ajouteront à celles que tu as déjà. Avant, les femmes mouraient peu de temps après leur ménopause, tellement qu'on n'en parlait pas de la ménopause, elle n'existait pas. Maintenant on ne parle que de ça et les femmes vivent quarante ans après! Alors, tu auras bien le temps d'explorer de nouveaux horizons si tu ne fermes pas la porte.

idmuse a dit…

ben avec marois, ca va changer

Une femme libre a dit…

tu en es là

Gen a dit…

@Vincent : Disons que tu l'haïs moins que d'autres que tu as eu... mais reste qu'après une journée à programmer pour le boulot, tu passes parfois des heures à programmer ensuite pour ton jeu. :)

@Isa : Je n'ai jamais l'impression de me réaliser au travail. De faire du bon travail, oui, mais jamais j'ai l'impression d'utiliser mes capacités à plein.

@Prospéryne : "Une passion qui peut se conjuguer avec un boulot" Oui, voilà ce qui me manque. Ce que j'aime faire, personne veut me payer pour! ;) (Et c'est sûr que ce que tu fais le soir est pas pareil à ce que tu fais le jour : même chose pour mon chum et ses projets personnels, mais ça reste que l'un nourrit l'autre tôt ou tard)

@Femme libre : Oh, je ne ferme pas la porte du tout. Peut-être que je retournerai sur le marché du travail "régulier". Par exemple, je commence à tâter de la rédaction corporative récemment et je ne déteste pas ça. C'est pas de la littérature, mais c'est pas trop loin. Qui sait, peut-être que je pousserai éventuellement dans cette direction!

Daniel Sernine a dit…

Dix-neuf réponses sans prononcer le mot en «B»!
B...b...boulot!

Gen a dit…

@Daniel : Lololol! ;) Je me demandais si tu arriverais à résister! ;)

Josée a dit…

Je passe mon temps à voir si le travail que font les autres m'intéresserait mieux. Mon chum est découragé, lui qui m'a trouvé un travail dans une librairie. Mais voilà, je suis gérante... je gère des gens et des problèmes, je ne passe pas ma journée à bouquiner! Il se dit que je n'aurai jamais de travail que j'aimerais, et je crois qu'il a raison. Ça me tue à chaque fois que je vais me coucher pour être en forme pour le travail, de me rendre compte que mon emploi me draine au point où j'ai de la difficulté à lire deux phrases plus complexes qu'un statut Facebook. Pis ce n'est pas parce que tu fais de l'overtime que tu aimes ton travail.... des fois, c'est juste l'intégrité professionnelle. M'enfin.

Gen a dit…

@Josée : Peut-être qu'un boulot de bureau te drainerait moins qu'un truc de gestion comme ça? Parce que je dois dire que les années de ma vie où j'ai été le plus épuisée mentalement, c'est quand je devais interagir constamment avec de la clientèle.

Et l'intégrité professionnelle... Euh... J'pense que quand tu haïs assez ta job, ça prend le bord! ;)