jeudi 11 juillet 2013

Scène de bureau (20) - Vintage

Certaines des prochaines scènes de bureau vont être des morceaux "vintage", que j'ai notées il y a longtemps, mais que, pour des raisons qui devraient être assez évidentes, je n'ai pas pu publier à l'époque où je travaillais encore avec les personnes concernées...

J'ouvre la boîte de courriels de mon nouveau patron, qui est un illettré technologique et ne prend pas ses messages lui-même (en fait, il n'a même pas d'ordinateur).

Devant mes yeux ébahis apparaissent cinq ou six photos de jeunes femmes peu vêtues dans des poses aguicheuses. Kossé cé ça?!?

Je ferme le courriel et regarde le nom de l'expéditeur. Monsieur Chose. Dans les quelques jours qui se sont écoulés depuis mon arrivé dans la boîte, j'ai déjà eu le temps d'apprendre que c'est un client/ami du patron. Hum... Il s'est peut-être fait pirater son adresse courriel?

Je mets le courriel à la corbeille et je continue ma journée de travail sans plus y penser.

Quelques heures plus tard, nouveau patron se pointe.

Lui - Est-ce que j'ai reçu un courriel de Monsieur Chose?

Moi (qui me sent rougir) - Euh... Oui, mais...

Lui (l'air d'un gamin excité malgré son costume Armani) - Imprime-moi les photos!

Hein?!? Bon, sans trop poser de question (c'est ptêt pour un dossier après tout), je récupère le courriel dans la corbeille, imprime les images en essayant de pas les regarder et puis je pointe au patron la direction de l'imprimante pour qu'il récupère ses photos. J'ai pas tellement envie de manipuler ce matériel!

Nouveau patron disparaît un instant et revient avec les cinq photos, qu'il tient comme des cartes à jouer.

Lui (perdu dans ses pensées) - Heille, c'est vraiment dur de se décider...

Il semble soudain se souvenir de ma présence, prend deux des photos et me les tend.

Lui - Toi, si t'étais moi, laquelle tu réserverais?

J'analyse les mots qu'il vient de prononcer, en essayant de ne pas trop regarder les filles qui exposent leur décolleté et/ou leur chute de rein sur les impressions laser qualité "on est un bureau d'avocats avec du budget". Non, j'ai beau la tourner dans tous les sens, je comprends pas la question. Ça doit paraître dans ma face d'ailleurs, parce qu'il finit par préciser :

Lui - C'est des escortes! Laquelle tu réserverais si t'étais moi?

Comme la lumière se faisait brutalement dans mon esprit (à propos des photos, de l'ami/client et, surtout, du genre de personne qu'était mon nouveau patron), mon opinion profonde sur la question s'est précipitée par ma bouche, sans attendre la validation du service de la politesse :

Moi - Non, mais, je m'en câlisse-tu!!!

Déstabilisé par ma réaction (et l'air fort déçu de mon peu de serviabilité), nouveau patron est parti demander conseil ailleurs.

Et moi j'ai passé le reste de la journée à envoyer des cv!

Pour la petite histoire : cet emploi fut la seule et unique fois où j'ai accepté un boulot sans avoir rencontré mon supérieur immédiat auparavant. On ne m'y reprendra plus!!!

17 commentaires:

Prospéryne a dit…

J'en reviens pas! :O Quel manquement de jugement frappant!!!

Nomadesse a dit…

Moi c'est ta réponse que j'adore. Disons qu'une réponse plus diplomatique aurait été moins correcte à mon sens! :)

ClaudeL a dit…

Je gage qu'il n'a même pas compris que tu étais en désaccord avec ce genre d'activité!

Gen a dit…

@Prospéryne : Et ce ne fut que le premier exemple d'une longue série!

@Nomadesse : Franchement, je n'ai pas pris le temps de peser la correction de la réponse! :p

@ClaudeL : Je suis plutôt du genre "vivre et laisser vivre", alors c'est pas tant les escortes qui me posaient problème que le fait qu'il recevait ça au bureau et demandait l'avis de sa secrétaire et de ses collègues!!! Même s'il avait eu la vie sexuelle la plus plate et pépère du monde, le boulot n'aurait pas été la place pour en parler!!!

Prospéryne a dit…

Une bonne réplique pour lui faire remarquer son manque de savoir-vivre aurait été: Ils auraient pas des beaux hommes à la place? :P

Gen a dit…

@Prospéryne : C'était vraiment pas le genre de patron avec lequel je voulais entrer dans les discussions tendancieuses et/ou salace, même en blague : il avait la réputation de coucher avec ses secrétaires.

Daniel Sernine a dit…

Hum... C'est peut-être en pensant à lui qu'on t'avait engagée? :O)

Gen a dit…

@Daniel : Par la suite, j'ai appris qu'en effet les critères qu'il avait laissés à la fille des RH pour qu'elle choisisse sa secrétaire était "faut qu'elle soit cute et qu'elle sache utiliser un ordi".

J'pense qu'il a été déçu en constatant que je rencontrais peut-être ses critères décoratifs, mais que j'étais résolue à garder ma vie sexuelle loin de mon lieu de travail!

Sébastien Chartrand a dit…

Ah bin, sirop de moutarde !

Tu parles d'une anecdote ! Je savais que la sélection de gens sur critères esthétiques existait (certains directeurs d'école primaire choisissent leurs stagiaires/nouvelles prof uniquement sur l'apparence et vont jusqu'à s'en vanter)... mais de là à demander l'opinion d'une autre personne ! D'une femme qui, de surcroît, est nouvelle, en couple et n'a absolument aucun lien avec la situation... ah merde ! pis là on ne parle même pas d'embauche en bureau, on parle d'escortes... quel imbécile ! il ne peut pas choisir sa pitounne lui-même ? Tu parles d'un colon (je dis colon car c'est plus profond qu'un trou de cul...)

Sébastien Chartrand a dit…

Et remarque... j'suis un homme et pourtant, si mon patron me demandait mon opinion pour une escorte, je l'enverrais promener beaucoup plus vulgairement que ce que tu as fait (en supposant que je ne lui rie pas au nez, croyant à une blague)...

bon, ok, je l'avoue, je suis outré...

Gen a dit…

@Sébastien : Je suppose que dans le domaine des escortes, la sélection sur l'apparence est normale! ;p Dans celui des profs ou des secrétaires, là ça pose problème.

Et je dois dire que j'aurais ptêt été plus vulgaire si je n'avais pas été aussi ébahie. J'arrivais juste pas à y croire! lol!

Sébastien Chartrand a dit…

la sélection des escortes sur l'apparence est normale, mais de là à demander l'opinion d'autrui... c'est lui qui allait se ramasser au lit avec l'escorte, après tout !

...mais effectivement, quand on choisi une secrétaire sur ce critère, pffff...

Une femme libre a dit…

Malheureusement, ce genre de comportement irrespectueux reste le plus souvent impuni. Les secrétaires se contentent d'envoyer leur cv ailleurs et se succèdent donc auprès de ce patron vicieux. Probable qu'il t'aurait fait des avances, ça s'en venait aussi.

Une de mes filles a subi un comportement qui frôlait trop le harcèlement pour qu'elle n'en parle pas au supérieur de son patron. Comme elle venait d'apprendre que les assistantes ne restaient pas longtemps dans ce bureau et que la secrétaire précédente avait fui pour demande directe de fellation,elle a décidé de ne pas attendre que le libidineux en vienne là avec elle aussi. Le grand patron a réagi en la changeant de succursale et en trouvant... un homme comme nouvel assistant au malotrus.

Gen a dit…

@Sébastien : Hep! C'est malheureusement assez courant (raison pour laquelle je me "poupoune" très peu pour les entrevues désormais).

@Femme libre : Mon attitude générale et le fait que je parlais haut et fort de mes cours d'arts martiaux a découragé toutes avances directes, mais l'ambiance désagréable m'a poussée à quitter. Malheureusement, le malotru, dans ce cas-là, dirigeait la boîte.

Mais, en effet, le harcèlement, qu'il soit sexuel ou psychologique, est souvent impuni, normalement sous prétexte que c'est trop dur à prouver. Mais quand le personnel se succède à une vitesse folle, y'a des entreprises qui devraient s'ouvrir les yeux!

Isabelle Lauzon a dit…

Ayoye! Tu m'avais déjà glissé un mot à propos de cette anecdote, mais je ne connaissais pas toute l'histoire!

Wow, j'espère qu'aucun patron ne me la fera, celle-là... En tout cas, je garde ta réplique en tête, c'est sûrement quelque chose qui sortirait sur le coup! Non mais... Ayoye!

Gen a dit…

@Isa : Je te souhaite sincère de trouver quelque chose d'encore plus punché! ;p

Isabelle Lauzon a dit…

Yep! Je ne conseille pas à aucun patron de me faire ce coup-là!