Selon la dispositions des kiosques et des salons du livre, parfois vous vous retrouverez à effectuer votre séance de signature à très faible distance d'un (ou de plusieurs) autres auteurs. Et ces voisins de table peuvent, dépendamment de leur attitude, vous rendre votre journée très agréable... ou très pénible!
En cette époque de l'année où on se prépare aux salons de l'automne (alors que j'ai toujours pas pris mes vacances!), voici un petit tour d'horizon (pas caricaturé du tout voyons!) des types de voisins de table et des moyens à prendre pour leur survivre...
(J'en profite pour mettre ce billet en ligne alors que tous ceux qui me lisent savent qu'ils n'ont pas été mes voisins de table jusqu'à maintenant! Hihihihi!)
Le parfait : Il est sympathique et c'est un excellent vendeur. Il n'est pas compétitif pour deux sous. Il attire les clients par dizaines et lorsqu'il se rend compte que l'un d'eux serait plus intéressé par vos livres que par les siens, il vous l'envoie en quelques phrases efficaces. Quand l'achalandage diminue, il a l'art de vous entretenir de sujets intéressants, du coin des lèvres, sans arrêter d'établir des contacts visuels avec des passants. Si vous en avez la chance, volez-lui quelques cheveux ou un échantillon sanguin, histoire de pouvoir le cloner!
Le jacasseux : Cousin du parfait. Il est brillant, sympathique et pas compétitif pour deux sous. Malheureusement, il a un petit défaut : vendre ne l'intéresse pas beaucoup. Il aime bien mieux vous parler. Sauf que deux auteurs en grande conversation, ça risque de repousser les lecteurs, qui auront peur de vous déranger! Avec lui, faut arriver à limiter les échanges, même si c'est tentant d'en profiter.
L'interrupteur : Il ne peut pas s'empêcher d'intervenir dans votre laïus de vente, pour faire de l'esprit. Les deux premières fois, c'est drôle, mais à la longue ça dilue l'attention des clients potentiels et ça vous fait perdre le fil de vos idées. Parfois, il agit ainsi afin d'accaparer vos clients potentiels. Mais le plus souvent, c'est juste parce qu'il est incapable de la boucler. Lui adresser un sourire féroce (avec trop de dents) lors de la enième interruption peut parfois vous donner un moment de répit.
Le compétitif : Il veut vos clients. Il veut vendre plus que vous. Il ne vous parle que pour se vanter de ses ventes. De la taille de son éditeur. De ses prix, de ses bourses, de ses per diem. Heureusement, comme il est habituellement un vendeur agressif, s'il y a un peu d'achalandage il vous laissera en paix pour se concentrer sur les lecteurs... qui risquent cependant de prendre rapidement l'habitude de passer au large de votre secteur du salon. Y'a pas grand chose à faire avec lui, sinon éviter d'entrer dans le jeu des comparaisons. Même (surtout) si vous vous débrouillez mieux que lui!
Le fauché : Comme plusieurs, il paie ses frais pour le salon. Mais il paie aussi son loyer avec ses droits d'auteur. Il doit vendre un nombre précis d'exemplaires avant la fin de la journée histoire de pouvoir manger au souper. Il vous entretiendra sans doute des difficultés de la vie d'auteur au Québec (au cas où vous seriez pas déjà au courant). En soi, il est pas méchant, mais son stress risque d'être contagieux et son pessimisme aussi. Si vous pouvez vous le permettre, payez-lui une tisane à la camomille ou à la verveine, c'est bon pour les nerfs.
L'échotier : Il sait quels auteurs montent, quels éditeurs descendent, quels contrats secrets ont été signés et, généralement, qui couche avec qui dans le milieu littéraire. C'est une mine d'informations pour tout débutant et il se fera un plaisir de partager son savoir avec vous, surtout si vous avez quelques renseignements privilégiés à lui donner en échange. Si vous ne lui confiez rien que vous aimeriez garder secret, il pourra devenir un allié précieux. Mais faites attention à ne pas confondre un échotier et...
La langue de vipère : Il sait quels livres vendent plus que les siens et il les dénigre allègrement, surtout quand des lecteurs qui l'ont sous le bras s'éloignent de lui sans avoir acheté. Il connaît toutes les autres maisons d'édition... et les dénigre. Il sait qui couche avec qui dans le milieu littéraire... et trouve que personne n'y fait des choix très éclairés. Il passe à la moulinette la culture, la forme physique et l'habillement des lecteurs et des autres auteurs. Par moment vous seriez tenté d'être d'accord... jusqu'à ce que vous réalisiez qu'il dit probablement du mal de vous aussi lorsque vous n'y êtes pas. Vous avez deux choix : la boucler ou vous en donner à coeur joie, en sachant que ça ne suffira pas à entrer dans ses bonnes grâce.
Le puant : Ça se passe d'explication, non? La gomme et le déodorant ne sont pas recommandés seulement aux écrivains en quête d'éditeur! Vous pouvez toujours vous traîner un sapin à accrocher aux miroirs d'auto et le suspendre sous sa table pendant qu'il regarde ailleurs... ;)
En avez-vous rencontré des semblables? Ou d'autres, que j'aurais oublié?
24 commentaires:
Vraiment drôle! Mais bon, je manque d'expérience comme auteur pour te dire s'il manque des genres. Ah si, le vendeur qui se fou de vendre, qui veut juste se vanter d'avoir un livre et qui se fait prendre en photo avec tout le monde pour être sûr que la planète entière sache qu'il est auteur!
@Prospéryne : Lololol! Le wannabe-vedette! J'y avais même pas pensé à celui-là! :p
Je pense les avoir tous rencontrés, en particulier les « langue de vipère » dont les salons me semble infestés. Il faut apprendre à les ignorer ou les contourner, ceux-là.
Et moi-même, je crois être passé par plusieurs de ces étapes...
@Dominic : On est tous "le fauché" un jour ou l'autre! ;) (Et dans mon cas, "le jacasseux" est une tendance lourde... ;)
LOLOL! Je sens que j'aurais quelques tendances avec certains types (dont le jacasseux moi aussi, oups! Hihi). Maintenant que me voilà avertie... J'aimerais bien atteindre un jour l'idéal du "parfait", tant qu'à viser haut! ;)
Excellent billet, Gen, j'ai bien rigolé! (Et, tout à fait entre nous, je me suis amusée à mettre des visages sur certaines descriptions... LOL!)
@Isa : Toute ressemblance avec des personnes existantes est totalement fortuite, voyons!
Malheureusement, je n'ai croisé que la langue de vipère. Et le parfait aussi...
@Nomadesse : Les deux extrêmes, c'est quand même pas pire ;)
Les célèbres sont quelque chose aussi.
Encore là, plusieurs catégories. Les super sympathiques qui se souviennent de leurs débuts et qui te donnent 1001 trucs. Généralement, ils finissent même par te donner un de leur livre.
Mais il y a ceux qui ignorent leurs voisins sauf s'ils sont eux aussi célèbres. Il te regardent de haut et méprise les petits auteurs, mais Ô comme ils sont gentils avec les lecteurs innocents qui sont donc bien heureux de voir leur auteur.
Souvent, pourtant, les auteurs du haut de l'échelle se tiennent ensemble, gentils ou chiants. Les gentils ne réalisant pas que les chiants empêchent les nouveaux auteurs d'approcher du cercle des élus...
Bon billet, en passant. Ça faisait longtemps que j'étais pas passé.
@Carl : Les seuls célèbres que je connais étant super gentils, je peux pas dire! ;) Mais j'ai entendu des histoires d'horreur à propos d'auteurs à succès, en effet...
Oh et je réalise que j'ai oublié une catégorie : la vedette qui vient de sortir un livre. Celle-là, y'a rien à faire avec : on l'haïs! :p
HI!Hi! Moi qui avait hâte de reprendre les salon, je n'en suis plus sure!
Oh ! Je me suis drôlement bidonnée ! Merci. Je pense que je vais imprimer ton billet... et le conserver sur moi au prochain salon. Hi hi. Merci pour ta plume, ton humour et ton sens de l'observation !
Ouin, je suis un peu dans chaque catégorie, faut croire...!!!! ;-))
J'en profite pour mettre ce billet en ligne alors que tous ceux qui me lisent savent qu'ils n'ont pas été mes voisins de table jusqu'à maintenant! Hihihihi
???
Et moi, au stand Alire ? Je suis dans quelle catégorie ? Ceux qu'on oublie ?
:-)
@Annie : lolol! ;) Désolée pour le brusque rappel de la réalité! ;)
@Katia : De rien, tout le plaisir est pour moi! ;)
@Mathieu : lol! On est toujours la langue de vipère (ou l'interrupteur ou le jacasseux) de quelqu'un d'autre! ;)
@Richard : Oh non, c'est ben trop vrai! J'avais effectivement oublié cette séance de signature-là! Mais t'étais un "parfait", t'en fais pas. :)
Quoique... faudrait que j'invente une nouvelle catégorie pour nous deux ce soir-là : "l'enfant dans le magasin de bonbons". Heille, on signait chez Alire! Je sais pas pour toi, mais pour ma part, on aurait pu me déverser un truck de vidange sur les pieds ou m'abreuver d'insultes, j'aurais été aux anges anyway!
J'en ai rencontré, vrai de vrai, qui levaient le nez sur les lecteurs :S
Faut le faire...
@Pat : Je ne suis malheureusement pas étonnée. À entendre certains, ils sont les seuls à avoir la culture pour mériter de se lire eux-mêmes!
Gen, tu devrais faire un billet dans le même genre sur les lecteurs. On se bidonnerait autant en se reconnaissant!
Très bon billet! Super divertissant :) Que de phénomène dans le milieu littéraire! Je seconde le commentaire de Prospéryne, moi qui a toujours peur de faire une gaffe lorsque je rencontre un auteur que j'aime!
Deux autres types me viennent à l'esprit
Le pseudo-génie
Souvent un auteur peu reconnu, parfois de la région, ayant fait un peu de vente et qui s'enfle la tête sur « mon livre c'est du jamais-vu ! personne n'a fait comme moi ! c'est le meilleur livre de la terre entière » Ils répètent inlassablement leur mantra et leur cassette vous tapent royalement sur les nerfs
Le costumé,
Varie en plusieurs types. D'où son type, ils portent tous des costumes, mais ils sont parfois à deux extrêmes : le premier est rigolo, se prête au jeu du déguisement de manière très humble et tente d'attirer l'attention sur son oeuvre plutôt que sur son costume. Le second se prend carrément trop au sérieux et vend plus un personnage (lui) qu'une oeuvre littéraire.
Sinon, je reconnais tous tes types Gen ! Hihihihi ! Et je me suis bidonné !
@Prospéryne : Si j'arrive à l'écrire en étant plus drôle que vache, je vous fais ça, promis! ;p
@Anne-Marie : Dis-toi que l'auteur en arrière de sa table est aussi terrifié que toi!
@Keven : Oh yeah! Des pseudo-génie et des costumés! J'les avais oublié ceux-là. Et pourtant, comment ai-je pu? ;)
Jacasseux, fauché, langue de vipère, puant... C'est tout moi.
Manque juste le timide, catégorie dont je fais partie itou, et qui dans certains cas donne l'impression que je fais partie des crisse de fendants/sauvage (je parle pas beaucoup, j'orgarde à terre, ou je dévisage carrément). Je me rabats donc sur les quelques amis que j'ai dans la place, des espèces de bouées, ce qui donne aussi l'impression que je suis incapable de « sortir de ma gang ».
C'est pourquoi je travaille toujours une flasque de scotch. Ça dégêne. Pis je me mets à jacasser, je sors ma langue de vipère, pis finalement, je pue.
On se voit au salon du Saguenay, gang ?
Hm. Je voulais dire « je me traîne » au lieu de « je travaille ». Chuis au bureau, ça me déconcentre, t'sais.
@Ed : Lolol! ;) On se voit avec plaisir au Saguenay. ;) J'pourrai spiker mon café avec ton scotch et après ça on fera une belle paire de jacasseux avec haleine de fond de tonne ;)
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