Si je vous dis "Columbo", vous voyez un trench coat beige.
Si je parle de "Dean Winchester", les habitués imagineront tout de suite la veste au col relevé.
"Neo"? Le trench noir et les lunettes de soleil. "Trinity"? Bustier et pantalon de latex. "L'homme sans nom"? Un poncho. "L'homme à la cigarette" des X-Files... j'vous laisse deviner! ;)
L'image a un grand avantage quand vient le temps de caractériser un personnage. Un seul vêtement bien choisi peut devenir emblématique d'un personnage, à la fois expression et définition de son style. (Évidemment, le symbole ne peut pas tout faire et un personnage qui n'est rien d'autre qu'une coquille vide n'aura pas soudainement plus de substance même s'il est habillé d'un trench cool, mais ça c'est une autre histoire...)
Enfin, bref, des fois je regarde la télé et je suis jalouse. Parce que je trouve que c'est difficile, à l'écrit, d'utiliser un vêtement emblématique pour donner une idée du tempéramment d'un personnage. Or, au cours de mes études collégiales en théâtre, j'ai vu l'effet qu'un habillement bien choisi pouvait avoir sur la crédibilité d'un personnage et sur sa capacité à frapper l'imaginaire.
Alors là, j'essaie désespérément de transposer à l'écrit les techniques scéniques. Pas évident... Si on décrit trop les vêtements, le lecteur va soit s'emmerder, soit se douter qu'on essaie de lui passer un message. Si on insiste pas assez, un moment donné on va dire "l'homme à la veste noire" et le lecteur va se demander "Hein? Qui ça?". Et, dans tous les cas, on dirait que le jour où un illustrateur va dessiner votre personnage et que vous allez vous exclamer "Oui! C'est exactement ça!", la moitié de vos lecteurs vont penser "Ah tiens, moi la veste, je l'imaginais plus chic..."
Quelqu'un connaîtrait-il une recette magique pour régler ce genre de problème? Ou je me pose (encore une fois) trop de question?
PS : Je commence à ressentir l'appel des vacances et j'ai le cerveau à sec. Je vais donc m'accorder une pause de blogue demain.
17 commentaires:
J'ai déjà vu ça dans des livres. L'auteur place une petite phrase marquant précisément un vêtement, souvent pour habiller le haut du corps et le décrit brièvement, genre: «il portait une horrible petite veste trop cintrée en tweed.» quand il parle de son personnage. Et ensuite, quand le personnage, mettons arrive dans une pièce, l'auteur ajoute: «il entra dans la pièce, comme toujours vêtu de sa veste en tweed trop serrée» J'ai déjà vu ça et ça marche, mais il faut que ça soit vraiment très très bref. Et j'ai comme l'impression que les vêtements montrant le ridicule ou le côté désorganisé des personnages marche mieux que pour montrer leur côté cool où ça tombe parfaitement à plat.
Intéressant!
Je me suis également posé la question. Une partie de la solution, je crois, c'est de rendre ce vêtement signifiant pour le personnage. Il faut qu'il ait une raison pour le porter. Dans un bouquin, il faut que le morceau ait une «histoire» pour frapper l'imaginaire du lecteur. Autrement, si on ne fait que plaquer quelques descriptions «cool» ici et là, en espérant que le lecteur embarque... bah ça fait plaqué, justement.
@Prospéryne : Ah intéressant cette idée que ça marche mieux si le personnage a un côté désorganisé ou ridicule... Sans doute parce que c'est moins courant! ;)
@Pat : Histoire du morceau de linge... mouais... Je vois cent occasions de tomber dans le cliché, mais également une ou deux pistes intéressantes ;)
Ça me rappelle une courte discussion sur les Fez (Fezs?) dans Doctor Who qui a suffi pour rendre le chapeau iconique.
@Joe : Lolol! Ouais, bon, c'est pas tous les accessoires vestimentaires qui permettent autant de jeux de mots! :p
Mon nouveau héros à les oreilles décollées et le sourire asymétriques. Je mentionnais les deux caractéristiques quelques fois... elles se sont fait presque toutes coupées à la direction littéraire. J'en conclu que mieux vaux une mention marquante (ou deux) que plusieurs maladroites. Comme pour le fez (longue vie à Dr Who!).
@Annie : C'est sûr que mieux vaut les mentions percutantes pour tous ces détails (et surtout les mentions qui arrivent rapidement dans le texte, histoire que le lecteur se forge pas sa propre idée et soit déçu de la description).
«Évidemment, le symbole ne peut pas tout faire et un personnage qui n'est rien d'autre qu'une coquille vide n'aura pas soudainement plus de substance même s'il est habillé d'un trench cool, mais ça c'est une autre histoire»
Un vêtement ne peut servir de substance à un personnage.
Case in point: Natasha Beaulieu, que j'aime bien par ailleurs, mais qui compte presque exclusivement sur le costume pour définir ses personnages, avec un succès mitigé. (Du moins pour ce lecteur-ci.)
@Daniel : Succès mitigé pour moi aussi dans le cas de Natasha. (Par contre, c'est sûr qu'un vêtement ne peut pas servir de substance à un personnage, mais peut-être en ajouter?)
Dans le cas de Natasha, elle habille ses personnages en accord avec leur personnalité. Alors que les vêtements emblématiques sont souvent en décalage avec le personnage. Columbo, esprit brillant, porte un trench miteux et frippé. Dean porte un style vestimentaire qui n'est pas de son époque. Neo et Trinity ont l'air pas mal moins cool quand ils sont hors de la Matrice...
Ouais, faut que je continue à songer à tout ça...
J'ai lu quelques Harlan Coben et une chose qui m'a faite décrocher, c'est que, au moins un personnage dans ses romans porte des ''mocassins sans chaussettes'', que j'avais associé avec un personnage du premier roman de Coben que j'ai lu.
@Nicky : Lololol! Ouais, y'a des auteurs qui se renouvellent pas beaucoup d'un roman à l'autre! :p
Je pense que c'est réussi ce genre de truc avec les clowns vengeurs. L'attirail du clown est devenu emblématique.
@Isabelle : C'est ben trop vrai! :) J'vais étudier le procédé! :)
Me semble que c'est différente si le vêtement est emblématique d'un personnage sur lequel la narration est alignée (là, il ne se voit pas avec le vêtement, donc il faut décrire l'item plus dans l'action, selon moi) que s'il caractérise un personnage vu par le personnage aligné. Là, c'est selon comment l'attirail frappe le personnage.
Pis si on est dans une narration non alignée, là je ne sais pas, j'ai un peu de difficulté à naviguer dans ces eaux-là.
@Josée : Bon point le type de narration! En effet, essayer de se décrire au "je", bonjour l'effet artificiel!
Je crois que le costumes doit avoir un détail qui
marque. Par exemple, je me rappels du power ranger jaune a cause de sa tête de tigre-dent-de-sable. Si tu incorpore un détail marquant, son habit le serat autant, exemple le chapeau de sherlock
@Charles-Étienne : Le chapeau de Sherlock, c'est une invention du cinéma je crois... Ou en tout cas, il ne m'avait jamais frappée lorsque je lisais les romans et nouvelles...
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