lundi 16 juillet 2012

Solaris #183

Bon, me voilà à jour dans ma lecture des Solaris! Voici donc ce que j'ai pensé de ce numéro 183, placé sous le signe de l'humour et de la légèreté (donc une lecture de canicule fort appréciée).

Le jardin des derniers humains, prix Solaris 2012, de Jean-Louis Trudel, ouvrait le numéro. La nouvelle raconte les déboires d'un artiste-sculpteur qui, dans un futur dévasté, a reçu la mission de dresser des totems pour marquer le niveau de la mer et en rappeler les changements aux générations futures. Cette mission, appuyée par les autorités politiques, est contrariée par la propriétaire des matières premières envisagées, que l'artiste devra convaincre.  Jean-Louis Trudel nous offre ici un texte complexe, profond, plein de nuances, imprégné de nostalgie, bref époustouflant au niveau technique, mais qui m'a laissé une impression de froideur. Peut-être parce que je m'attendais à voir l'artiste à l'oeuvre ou davantage d'interractions avec la propriétaire...

Mario Tessier nous raconte ensuite le destin de Aux frontières de l'impossible, série canadienne fictive qui fut à l'origine de toutes les séries américaines et européennes de science-fiction. Et en lisant ce texte, je me suis dis "Coudonc, y'a-tu quelque chose qui va pas chez moi?" Parce que là non plus, j'ai pas vraiment embarqué, malgré quelques clins d'oeil amusants. Il faut dire que ces longues descriptions de produits qui n'existent pas me plaisent rarement si elles ne sont pas rattachées à une intrigue quelconque.

Les deux nouvelles suivantes, Petit Poucet en salade de Geneviève F. Goulet et Le Disséminateur de Philippe-Aubert Côté, sont issues du concours d'écriture sur place du Congrès Boréal 2012. Celle de Geneviève m'a fait sourire, tandis que celle de Philippe-Aubert, fort intéressante, m'a donné à réfléchir. Sachant que Phil vient de remporter pour la deuxième fois un concours d'écriture sous pression, mais que, le reste du temps, il écrit très lentement, je commence à me demander si la solution pour obtenir de lui une production plus substancielle ne se situerait pas dans la veine du roman Misery de Stephen King... (Phil, te voilà prévenu! ;)

L'etrange cas du 234, Joseph-Bouchette, un reportage de Guillaume Bourque, m'a rassurée sur ma capacité à m'amuser des mêmes choses que tout le monde. J'ai beaucoup apprécié le style de cette nouvelle où un journaliste tente de faire la lumière sur de curieux événements qui ont dérangé le party d'une gang d'amateurs de heavy metal de Boucherville. Par contre, j'ai trouvé la fin un peu abrupte.

La nouvelle Les amants liquides de Romain Benassaya raconte la quête de l'érotisme et de l'amour à l'époque des métempsychoses artificielles (traduction : quand on peut copier votre personnalité dans une puce et la transférer de corps). Ou alors, selon un autre personnage de la nouvelle, ce texte est le récit d'une gaffe monumentale. Peu importe l'interprétation, c'est une agréable réutilisation d'un thème cyberpunk fréquent.

J'attendais depuis longtemps de lire Les dieux pure laine de Luc Dagenais dans une version achevée et je n'ai pas été déçue. Ce texte, dont vous avez pu lire un extrait ici, parle de religion, de relations de couple, de multiculturalisme et de réinvention de notre identité, le tout sans jamais s'approcher de la langue de bois politique ou de la leçon de morale. Au contraire : on reconnaît sans mal le ton irrévérencieux de la nouvelle qui avait valu à Luc le prix Solaris 2009 (La vie des douze Jésus). À faire imprimer en multiples copies et à poster à nos politiciens!

Finalement, Une parfaite correspondance de Steve Stanton s'éloigne du ton généralement joyeux de ce numéro pour nous plonger dans une dystopie où l'expression "vendre son corps" a pris une toute nouvelle tournure. Les rapports entre les personnages, justes et poignants, valent la lecture. 

À la suite des nouvelles, on retrouve un fascinant dossier sur les rapports entre l'anthropologie et les livres-univers science-fictifs, signé Martin Hébert. C'est bourré de pistes qui pourraient se révéler fort inspirantes et j'ai très hâte de lire la suite (mais bon, moi dès qu'on parle sciences humaines et SF, je suis aux anges). Il y a aussi un article de Mario Tessier sur la thérémine et les autres instruments électroniques qui m'a inspiré la réflexion suivante : "Quand ils ont inventé la thérémine, ils avaient l'air de penser que c'était l'avenir de la musique. Cent ans plus tard, on joue toujours des instruments classiques. Et quand ils ont inventé la liseuse électronique..." ;)

Au final, un numéro de Solaris que j'ai trouvé moyen par moment, mais les nouvelles de Luc Dagenais et de Steve Stanton en font un volume à conserver précieusement!

4 commentaires:

Luc Dagenais a dit…

Merci pour les bons mots. :)))

Le plus curieux de cette nouvelle, c'est que quand je l'ai écrite tout l’aspect sociopolitique ne m’apparaissait pas si exacerbé. L’actualité m’a rattrapé on dirait ! ;o)

Philippe-Aubert Côté a dit…

LOL

Un seul mot: DAMOTHÈSE :-)

Ceci dit, maintenant que je me suis mis à écrire du polar... :-p

Gen a dit…

@Luc : En effet! ;)

@Phil : Damoclès?

Gen a dit…

Ou alors c'est une contraction entre "thèse" et "damoclès"? ;)