Dernièrement, j'ai écrit une nouvelle qui se passait au coeur de l'univers des arts martiaux mixtes. L'histoire d'un gars qui entre dans la cage en pensant affronter un adversaire et qui découvre plutôt des choses sur lui-même...
Ladite nouvelle vient d'être rejetée. Un refus qui fait mal, un vicieux crochet au foie.
Parce que le refus n'est pas motivé par le fait que la nouvelle était mal écrite ou pas originale ou manquait de ci ou manquait de ça ou ne cadrait pas avec autre chose. Bref, on ne refuse pas le travail de l'écrivaine.
Non, on rejette la nouvelle sous prétexte qu'elle relevait plutôt de la boxe ou de la lutte et que la "philosophie" (les guillements sont dans le refus) de ces sports de combat s'éloigne beaucoup de celle des arts martiaux.
La personne à l'autre bout du courriel ne peut pas le savoir, mais elle vient de cracher sur la discipline et les valeurs qui ont gouverné les douze dernières années de ma vie. Merde, dans les combats de MMA, on voit souvent des gars se relever l'un l'autre entre deux rounds, se faire des high five avant de se taper sur la gueule, se féliciter mutuellement après des affrontements acharnés, lâcher une prise avant que l'arbitre ne le réclame pour ne pas blesser leur adversaire... et c'est cet aspect du MMA que je racontais dans ma nouvelle. C'est douloureux de voir que, malgré ça, pour la personne qui m'a lue, les arts martiaux mixtes ne méritent même pas de figurer au rang des arts martiaux.
Ou alors c'est moi qui n'ait pas su rendre mon sujet assez éloquemment... Après tout le temps que j'ai passé à explorer cet aspect particulier de l'écriture, c'est tout aussi déprimant comme pensée.
Ouais, ben, j'aurais besoin d'un câlin là.
Ou de taper dans quelque chose. C'est ptêt pas philosophique, mais c'est très efficace! ;)
26 commentaires:
Fermeture déplorable.
Il est de mon avis qu'on peut trouver une source de discours philosophique (et littéraire, d'ailleurs) dans toute activité humaine.
Mais bon, tu peux toujours faire que les combattants de ta nouvelle ont de longues barbes blanches, fument la pipe dans la cage et citent Nieztche entre deux coups sur la gueule.
Gneh, j'ai lu tout croche (j'avais lu que les MMA ne tenaient du tout de la philosophie, point), Guillaume ne devrait pas commenter les blogs avant de terminer son thé le matin ;)
Cela dit, même si c'est poche tout ça, ça peut te conforter dans la pertinence de ta démarche de prendre ça comme sujet; c'est manifestement encore bien peu compris en dehors d'un cercle (certes grandissant) d'initiés.
Pour avoir lu le refus, ça me donne l'impression que la personne qui a refusé le texte est soit:
1- Bourrée de préjugés
2- Confond yoga et arts martiaux
3- Complètement ignare dans le domaine
4- L'étendue de sa connaissance du domaine vient de films ou de romans
Enfin, on ne sait jamais ce qui motive réellement un refus, mais mettons que dans ce cas-ci, ça a l'air d'un jugement de valeur et c'est ça qui fait mal.
@Guillaume : Lol! Pas grave, j'ai bien aimé le combattant qui cite Nieztche (parce que GSP le fait). Et tu me remontes vraiment le moral! T'as raison : si la vulgarisation du sujet est encore à faire, c'est signe que ma démarche est pertinente. :)
@Vincent : Ouais, bon, j'ai tendance à penser comme toi... Cela dit, on a des préjugés envers les gens qui ont des préjugés envers les arts martiaux ;) Mais ouais, c'est le jugement de valeur qui a fessé.
Je verrais très bien histoire un Nietszche Ninja qui a appris les arts martiaux suite à son intérêt pour la philosophie orientale ou bien auprès de Schopenhauer, transformé en l'occasion en vieux mentor de kung fu qui se bat contre Hegel, son éternel opposant du côté obscur... Et Nietszche déciderait d'améliorer les arts enseignés par son maître en en faisant des arts martiaux mixtes (pour appliquer la maxime de son Zarathoustra: soyez-moi fidèle en m'étant ìnfidèle, inventez de nouveaux arts martiaux...)
Bon, je vais aller prendre mon café du matin, moi :-)
P.S. Bien sûr, Nietszche invente la technique secrète de la "moustache de la mort" :-p
Café. OK. Compris.
Alors moi j'y vais du gros câlin pour te réconforter, dans le genre colle de maman ours hyper protectrice. ;)
@Phil : Lololol! Double dose le café ce matin! ;) Mais j'aime beaucoup l'idée du combat Nietzsche contre Hegel! :p (Le nom de Nietzsche ressemble à un accident de Scrabble, merci de nous en avoir rectifié l'orthographe, je me souviens jamais comment faut l'écrire!)
Cela dit, dans toutes les sciences on trouve ça normal d'hybrider les disciplines pour s'améliorer, avancer et aller chercher le meilleur de chacune... Aux arts martiaux ce serait mal? Sun Tzu serait pas fier.
@Isabelle : Merci maman ours! ;) J'suis entourée coudonc. Est-ce que c'est mon parfum qui sent le miel? ;)
@Gen: On a des préjugés envers les gens qui ont des préjugés envers les ars martiaux? Wow, ça fait une belle roue ça! :P Sans blague, c'est un préjugé de penser que les gens qui ont des préjugés sont mal informés / ne veulent pas s'informer? Il me semble que ça tient de la définition. :) (bon bon, tu peux ignorer mon commentaire, c'est trop hors-sujet)
Oups! En fait, je vois que j'ai écrit "Nietszche" et non "Nietzsche!" :-O Aaarrgghhh!!! Z avant S, Z avant S... m'en souvenir!!!! Café! Café! Café!
Mais bah, si on réinvente les arts martiaux, pourquoi pas le nom du bonhomme...
@Vincent : Ben oui : la personne est peu être parfaitement informée et considère peut-être quand même que les MMA ne méritent pas d'être appelés "arts martiaux". On en a vu, tsé (genre le type en charge des sports en France).
@Phil : Il devrait être obligatoire de mal écrire son nom, pour empêcher les cégépiens de trouver la bonne graphie via Google au lieu de la chercher dans leur manuel de philo! :p
Richard Tremblay écrit :
Câlin virtuel, my dear. Aucun doute que ce texte-là va trouver preneur ailleurs (XYZ, par exemple), tant pis pour [...]
@Richard : Je m'excuse, mais j'ai dû te censurer.
T'es super fin, mais la précision me mettait très mal à l'aise. Vois-tu, je parlais ici d'un courriel échangé confidentiellement entre deux personnes.
La revue n'a rien à y voir et même la personne qui a refusé ne pouvait pas savoir ce que sa réponse me ferait. C'est ma perception du commentaire qui me blesse, alors les réputations des autres n'ont pas à être touchées.
Si je chialais à propos d'un truc ouvertement publié, j'aurais mis la référence. Mais dans l'état des choses, je m'interroge sur ma démarche, sur la perception des arts martiaux, pas sur un choix éditorial.
Anyway, la nouvelle a déjà une deuxième vie de planifiée : elle sera donnée à ceux qui achèteront le Chasseur en prévente. ;)
Hey, no problémo, Gen, ça ne me dérange pas le moins du monde...
Pour le Chasseur c'est une bonne nouvelle et une excellente association.
Vous aurez une double dose de MMA ;) ... et j'espère que ça aidera la prévente.
Très bonne idée. Les lecteurs du Chasseur sauront apprécier la nouvelle, c'est certain.
Points bonis si tu rajoutes une version «philosophes dans l’arène» ;) Je veux lire ça aussi!
@Pat : Ben je sais pas si c'est certain, mais mettons qu'ils vont prendre un vrai bain de MMA ;)
Pour les philosophes, je mets ça sur la pile de projets... mais ptêt pas sur le dessus! lol! ;)
@Gen: Ça va faire un programme double! Yeah!
Oooohhh! Je suis déçue, tu espérais tellement publier cette nouvelle, sur CE fameux sujet-là en plus... Me semble que tu étais pas mal l'une des mieux placées pour parler du sujet... Snif!
La maman ours en moi tente de se calmer... Aye, la personne en question n'a pas réalisé à qui elle parlait, je pense! Un peu comme lorsque quelqu'un te challenge sur des pages d'Histoire... Aye chose, la Madame, elle sait de quoi elle parle! Grrr...
Bon, je me calme. Super pour la seconde vie de cette nouvelle, je l'aurai donc en mains lors de la prévente. Yeah! :)
@Luc : C'est la moindre des choses : un gala de MMA, c'est pas juste 1 combat ;)
@Isa : Bah, faut que j'encaisse la leçon d'humilité. Soit je sais pas de quoi je parle autant que je le pense, soit ça transparaissait pas que je sais de quoi je parle, soit la personne était pas intéressée à m'entendre parler.
Mais ouais, ça provoque le même sentiment que quand je me fais donner des leçons d'histoire. Tsé, une envie profonde de demander aux gens de me citer leurs sources de référence (ok, bon, les historiens se défient à coup de notes de bas de page...)
Je pense que vous devriez joindre un texte explicatif en préambule de votre nouvelle quand vous la refilez à des éditeurs potentiels. Ils ne peuvent pas tout connaître sur tous les sujets. Vous pourriez y écrire ce que vous nous expliquez éloquemment à nous dans ce billet et dans d'autres billets de votre blogue. Avec cette introduction en tête, la lecture de votre nouvelle serait différente, mieux informée en tout cas.
À femme libre: ça paraît une bonne idée à première vue, mais c'est quelque chose que beaucoup d'éditeurs et d'auteurs nous déconseillent: un bon texte doit se passer de mode d'emploi. Ceci dit, je suis sûr que le texte de Geneviève, comme tous ses textes, n'avaient pas besoin de mode d'emploi.
Le risque avec un préambule, c'est que le lecteur anticipe une histoire qui ne sera pas celle qui va le lire (parce qu'il a mal compris ou parce que le texte de l'auteur a subi une évolution au fil du retravail) et du coup, il va croire que l'auteur est moins bon. Ce qui ne sera pas du tout le cas.
Merci de me répondre, monsieur Côté. Évidemment, il y a les formules, les recettes, les listes de ce qu'il faut faire et de ce qu'il ne faut pas faire. Si tout le monde suit les même protocoles qui seraient gagnants, peu d'auteurs se distinguent donc du lot. Si j'étais un éditeur, je chercherais la petite bête noire qui ne suit pas le troupeau. Me semble que la création appelle à la dissidence et que le dissident risque de faire preuve de plus d'imagination que l'auteur qui applique les recettes à la lettre.
S'il y a des risques à écrire un préambule, il y a également des risques à ne pas en écrire un quand son sujet n'est pas connu de l'éditeur.
Mais madame Blouin fera bien ce qu'elle voudra de nos conseils! ;o) et en fait, elle a déjà décidé de donner sa nouvelle en cadeau. Merci.
@Femme libre : Se démarquer du lot, c'est sûr que ça peut toujours aider, mais il y a les recettes et il y a les règles. Que le texte puisse se lire sans "mode d'emploi", ça tient plutôt de la règle.
Si on veut donner des éléments informatifs dans un texte de fiction, il faut les passer dans l'histoire elle-même ou les mettre en note à la fin (comme j'ai fait avec Hanaken). En voulant informer avant, on risque de perdre le lecteur : s'il a acheté un livre de fiction, il veut une histoire, pas un cours magistral. Sinon, il aurait plutôt acheté un essai.
Et un éditeur ouvert à la découverte va apprécier un sujet qu'il ne connaissait pas et qu'il découvre par le texte. Au pire, il va nous demander d'y mettre plus d'explication.
Intéressant. Comme quoi les refus sont souvent motivés par nos opinions sur les choses, plutôt que par un jugement "objectif".
Ça me rappelle quand on a soumis une de nos chansons en japonais à un jury... Elle a été refusée parce qu'elle "ne sonnait pas assez japonais". Il y avait la réplique suivante d'un auteur-compositeur bien connu: "Pourquoi chanter en japonais si la musique ne l'est pas du tout?" On ne s'est même pas choqué en lisant ça, mais on était déprimés rare! Faudrait qu'il écoute ce qui se fait au Japon présentement le monsieur. Ça ne ressemble pas à ce qu'il imagine je pense...
@Nomadesse : C'est sûr qu'il y a toujours une part de subjectif dans un refus et je vis très bien avec ça.
C'est juste triste quand, comme dans ton exemple, on a l'impression que ce subjectif ne vient pas d'un jugement artistique ou esthétique, mais d'une mauvaise information. (Lol! Ouais, parce que le pop japonais, ça ressemble pas exactement à la musique traditionnelle au shamisen...)
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