Le verbe "faire", est la bête noire de bien des directeurs littéraires. C'est pourquoi, dans bien des manuels de conseil sur l'écriture, on vous conseille de l'éviter.
Mais faut pas le remplacer par n'importe quoi!
Je suis récemment tombée sur un texte où l'auteur avait remplacé (à la va-vite) tous les verbes faire par des synonymes : effectuer, exécuter, produire... Ce qui nous donnait des expressions comme "effectuer l'amour", "produire un geste", "exécuter la guerre"...
D'autres écrivains (et j'en ai fait partie) vont argumenter que, souvent, "faire" est utilisé dans une expression consacrée : faire partie, faire l'amour, faire la guerre... Ben oui. Et c'est tout à fait correct d'utiliser ces expressions lorsqu'on parle (ou lorsque vous écrivez un billet de blogue à la va-vite... je ne veux même pas savoir le nombre de verbes "faire" que j'ai utilisés depuis l'ouverture de ce blogue!). Mais quand on écrit un texte, c'est le moment de réfléchir deux minutes aux structures de phrases et aux termes disponibles pour remplacer les expressions courantes.
Au lieu de faire la guerre, on guerroie.
Au lieu de faire partie, on est partie prenante, on compte au nombre de...
Et au lieu de faire l'amour, dépendamment des circonstances on peut s'étreindre, assouvrir son désir, se culbuter, baiser... C'est plus précis et ça donne moins l'impression d'une scène de sexe style année 80 où tout est gentiment cadré en haut des épaules des protagonistes! Hihihihi! :p
12 commentaires:
Très intéressant. Il y aussi je crois le verbe aller dans sa forme "vais" pour remplacer le futur simple... je vais aller au lieu de j'irai, je vais faire au lieu de je ferai...
Mon prof de cégep faisait les corrections régulièrement, mais j'en ai vu d'autres qui disaient que c'était un emploi correct.
@François : Pour le "vais", ça dépend du niveau de langue du texte. Pour le "faire" aussi, d'ailleurs.
Dans les deux cas, à ce que j'en comprends ce n'est pas une question de mauvais usage, mais d'inélégance et d'approximation.
Faire l'amour est irremplaçable. Culbuter, c'est de la gymnastique, baiser, c'est hygiénique, on peut étreindre notre mère et assouvir son désir d'un verre de lait, mais faire l'amour, là, il n'y a pas vraiment d'équivalent et puis, depuis quand ça devrait représenter une scène en haut de la ceinture ou des épaules? Je suis persuadée que plein de gens actuels font encore l'amour, pas seulement ceux des années 80, du moins, je l'espère! ;o)
J'ai lu quelque part que c'était un défaut de Jules Verne. Il employait beaucoup de faire et, en plus, il utilisait souvent l'expression "fit-il" au lieu de "dit-il", et son éditeur lui écrivait en marge "mais ils *font* toujours" -- je ne sais pas si à l'époque "faire" avait aussi son sens scatologique mais ça ressemblait à ça :-)
Personnellement, je traque aussi le verbe "pouvoir" : on l'emploie souvent inutilement. "Il pu regarder la fenêtre" alors qu'on peut dire "Il regarda par la fenêtre". Tout dépend du contexte.
Antidote est merveilleux pour ça : on met en évidence nos tics et on peut élaguer au besoin :-) Vive l'informatique!
*put* regarder, et pas "pu regarder"
Dans mon cas, c'est sembler qui sort à toutes les sauces. Mais comme pour Philippe-Aubert, vive Antidote.
@Femme libre : Oui, l'expression s'applique parfois (souvent, j'espère moi aussi), mais pas toujours. J'ai vraiment lu des textes où les protagonistes faisaient autre chose que l'amour, malgré ce qu'en disait l'auteur et où l'expression détonnait! ;)
@Phil : Je crois effectivement que "faire" fut un euphémisme à une certaine époque (ne dit-on pas "faire ses besoins"?) Antidote ou un simple Ctrl+F, oui, ça aide beaucoup! Et tu as raison : "faire" n'est pas le seul tic. Pouvoir, sembler ou commencer, sont trois autres bibittes.
@Isa : Oui, je l'ai un peu celle-là aussi! ;)
D'accord, le faire est vraiment LE verbe à traquer en premier lieu selon moi. Pas pour l'éliminer, juste pour être en mesure de mieux doser.
Et tant qu'à y être : mollo sur les verbes avoir et être! Généralement, il y a de meilleures options à envisager...
Et vive Antidote!!! :D
@Isa : Pour avoir et être, par contre, des fois y'a pas trop le choix, à moins de vouloir bannir les temps composés. J'ai déjà vu des acrobaties douteuses au niveau concordance des temps qui étaient visiblement destinées à les éviter.
Pis je continue à travailler sans Antidote, na! lol! ;p (mais j'fais ben des Ctrl+F)
Faire, aller, pouvoir, avoir, être, sembler, ...
L'écrivain a beaucoup d'ennemis... :)
(Pas d'Antidote, Gen? Vraiment? Ouf, moi ça me sauve un temps précieux.)
@Pat : Je l'utilisais beaucoup avant (parce que je l'avais sous la main au bureau et que j'y révisais mes textes le midi), mais je me suis rendue compte que j'écrivais en me disant "Bah, pas grave les répétitions, Antidote va les pogner et je les corrigerai". Et je me suis retrouvée avec des textes qui demandaient beaucoup trop de réécriture pour mon goût.
Alors là, j'essaie d'acquérir le réflexe d'écrire de la bonne façon du premier coup. C'est toffe en maudit et on en oublie toujours (c'est à ça que sert les relecteurs ou la direction littéraire), mais ça vaut la peine j'pense.
Non, c'est sûr que les temps composés, ça ne compte pas (à mon avis) pour les verbes avoir et être à éviter! Pas vraiment le choix! Je parle plutôt des verbes "faibles" utilisés à outrance, par manque de vocabulaire bien souvent...
Mais oui, la modération a bien meilleur goût!!! À trop vouloir éviter certains verbes, on peut finir par produire l'effet contraire : une surabondance de mots mal choisis... c'est pas tellement mieux! :)
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