------------
La Maillarde
Que me racontez-vous là, mon père? Vous ne pouvez pas m’absoudre parce que vous avez entendu dire que je me suis enfuie de mon comté après avoir, jadis, eu des liens avec une créature du démon? Quel démon? Oh, la Maillarde, cette vieille histoire… Ce n’était qu’une pauvre femme, mon père.
J’avais peur d’elle. Tout le village avait peur. Non, tout le comté! Le comte et la comtesse étaient les seuls qui ne semblaient pas la craindre. Quoique, s’ils ne l’avaient pas redoutée, l’auraient-ils aussi bien logée? Elle avait sa propre maison de pierres, comme le prévôt, même si sa tâche était bien plus humble. Bon, d’accord, sa maison était également plus petite et située un peu à l’écart du village, dans un bosquet, près d’un champ de lavande. Mais tout de même, les autres gratte-papiers du comte vivaient dans la place forte et couchaient dans la salle commune. Ou alors c’était des moines et ils demeuraient au monastère.
La Maillarde, elle, habitait seule, en vieille fille qu’elle était. Il y avait des histoires disant qu’à une certaine époque, quand elle était jeune et moins crainte, elle ne couchait pas toujours en solitaire, mais ces temps-là étaient révolus. Et toutes ces rumeurs étaient très vagues, puisqu’on ne colportait pas ce genre d’histoire à portée de mes oreilles de pucelle. À la réflexion, je dois admettre que mes oreilles de nonne n’arrivent pas à comprendre quoique ce soit de plus aux demi-sous-entendus glanés à l’époque!
On l’appelait « la Maillarde », comme toutes les femmes qui avaient occupé sa charge avant elle, mais ce n’était pas son nom, ni même le nom de sa fonction. C’était… je ne sais pas. Un nom qui avait collé à l’emploi, tout comme les curés se nomment partout « mon père ». Mais quand un homme s’adresse à tout le monde en disant « mon fils » ou « ma fille », il est naturel de lui parler comme à un père. Pour la Maillarde, nul ne savait d’où le surnom tirait sa source.
Vous savez écrire, mon père, mais avez-vous déjà essayé d’écrire à la plume avec les mains qui tremblent de frayeur? À cette époque, je me pliais à cet exercice fastidieux, en secret, une fois par semaine. En effet, ma mère avait décidé que je serais la prochaine Maillarde, alors elle m’envoyait chez la vieille les lundis matins, pendant que mon père et mes frères travaillaient aux champs. Elle avait choisi les lundis dans l’espoir que la magie de l’hostie, avalée la veille, me protégerait. C’était une curieuse femme, ma mère.
6 commentaires:
Pwahahahaha! Tu viens juste de l'apprendre, pour cette table ronde? Dépêche-toi de te préparer... Quant à moi, je te regarderai travailler fort à l'avant, bien confortablement assise sur ma chaise (ma place favorite, tu peux en être certaine!).
Pas de danger que je me porte volontaire pour ça avant un bon boutte... LOL! ;)
@Isa : Ouais, je l'ai découvert hier en recevant la version finale de la programmation! lol! Heureusement que j'ai deux-trois idées sur le sujet!
LOLOL! Écoute, ça promet d'être intéressant... Improvisation 101!!! ;P
Eh! Eh! bon extrait qui donne le goût d'en savoir plus. On se croirait dans un autre siècle. Ou à Bucolline. Bon congrès.
@Isa : C'est pas toujours plutôt improvisé ces tables rondes? ;p
@ClaudeL : Merci. C'est effectivement un texte à saveur moyennâgeuse!
Oui, c'est improvisé, mais c'est toujours mieux quand on a potassé ses notes et son sujet à l'avance... ;P
Pffft! Le pire, c'est que je sais très bien que tu vas t'en tirer comme une championne, comme toujours... Et presque sans stress en plus! ;)
Enregistrer un commentaire