Quand l'écriture et la publication d'une série de bouquin s'étire sur plus de trente ans, mettons que vous avez des chances de les lire à différentes étapes de votre vie. C'est ce qui m'est arrivé avec Les enfants de la terre, série de romans écrits par Jean M. Auel et dont l'action se situe à la préhistoire.
J'ai lu le premier tome de la série alors que je finissais le cégep. Le dernier, Le pays des grottes sacrées, récemment traduit en français, je l'ai terminé la semaine passée. Que de changement dans ma façon de juger ces bouquins!
Au début, j'avais été émerveillée par cette saga préhistorique décrite avec tant de détails. Puis, au fil des tomes, je m'étais dit que l'auteure poussait l'exagération romanesque un peu trop loin. Son couple de personnages principaux, Jondalar et Ayla, se retrouvaient à l'origine de toutes les innovations qui ont marqué la préhistoire humaine (du propulseur en passant par l'aiguille à coudre et la domestication du cheval et du chien), en plus de présenter des schémas de pensée définitivement modernes.
Cependant, les personnages étaient sympathiques et les descriptions des techniques ou des réalités de l'époque (quoique inhumainement longues) étaient toujours très précises et documentées. Alors, je continuais à lire, malgré les défauts, juste pour savoir ce qui arriverait ensuite...
Après avoir lu les cinq premiers tomes de la série, j'ai suivi quelques cours d'anthropologie et d'archéologie. Bon, disons qu'en les suivant je me suis félicitée d'avoir lu les bouquins avant et non après. Parce que sinon les exagérations m'auraient sauté au visage et auraient gâché mon plaisir de lecture.
Quand le sixième et dernier livre de la série est sorti il y a quelques mois, j'ai hésité avant d'accepter l'offre de ma collègue qui m'a offert de me le prêter. Puis, finalement, j'ai cédé.
Je ne sais pas encore si j'ai bien fait. Il y a eu un point positif à ma lecture : j'ai pu constater que l'auteure avait corrigé ses erreurs anachroniques les plus grossières à l'aide un procédé à l'efficacité sous-évalué : le passage sous silence des éléments embarrassants (ainsi, elle n'a pas mentionné à nouveau l'aiguille à coudre ou les silex chauffés!!). Cependant, au chapitre des points négatifs, le livre comptait définitivement 200 pages de trop (sur 700), principalement les descriptions des "grottes sacrées" du titre.
De plus, l'histoire d'amour, qui avait soutenu quatre des cinq premiers romans, passait ici au second plan, les quelques rebondissements la concernant étant relégués à la dernière centaine de pages. C'est à se demander à quoi l'éditeur a pu penser!
Finalement, j'ai également trouvé extrêmement réducteur et sexiste le fait que la découverte du concept de paternité ("l'invention" de ce roman-ci) soit présentée par l'auteur comme une source immédiate de violence et de troubles sociaux.
Bref, c'est un roman pour les inconditionnels de la série. Ceux qui aimeraient en savoir plus sur l'époque préhistorique (et que les romans à l'eau de rose ne dégoûtent pas trop) peuvent toujours tâter des premiers tomes de la série, à condition de garder leur sens critique en éveil. L'utilisation que Jean M. Auel fait des hommes de Néandertal est fort féconde d'un point de vue romanesque, mais disons qu'elle est sujette à caution!
(Lecture 2011 #29)
5 commentaires:
Tiens, voilà qui me rassure sur ma décision de ne pas me taper le sixième tome. Au cinquième, je trouvais déjà que la sauce avait été largement étirée!
@Prospéryne : Là il reste juste un ti-moton de sauce collé dans le fond du pot qu'il faut aller chercher avec la spatule! :p
C'est sûr que si on attend 30 ans pour écrire la fin et qu'on laisse le rond de poêle allumé... :P
Good! Je vais épargner tellement de temps en ne lisant pas la série... Merci Gen! :D
@Isa : De rien... mais... ben, j'pense que tu aimerais sans doute au moins les deux premiers tomes... Et ensuite, c'est comme une dépendance... :S
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