vendredi 3 septembre 2010

Tribulations ou l'art d'écrire de la "chick lit"

Tribulations de Marie F. Carron se veut un ouvrage léger, amusant, touchant... bref, de la chick lit (qu'on pourrait traduire en littérature pour poulettes..). Mais ce roman prouve surtout que n'est pas Rafaëlle Germain (Soutien gorge rose et veston noir) ou Helen Fielding (Le journal de Bridget Jones) qui veut.

Pour écrire de la "chick lit", il faut respecter certains principes.

1- Votre héroïne ne doit pas trop travailler. Après tout, il lui faut du temps pour voyager, rencontrer des mâles et vivre ses aventures abracadabrantes.

2- Votre héroïne doit être alcolo sur les bords. Comme ça vous pourrez la décrire avec un verre à la main à toute heure du jour, ce qui fait très chic et donne une impression de richesse. (Le moyen était déjà utilisé dans Dallas...) En prime, vous aurez l'air cultivé si vous pouvez nommer le cépage bu ou une bonne marque de cognac.

3- Votre héroïne doit être célibataire, sympathique et dotée de défauts courants chez vos lectrices. Comme aucune fille ne s'avourait idiote ou jalouse à s'en rendre malade, faite de votre héroïne une gaffeuse ou une impulsive : ça passe toujours bien.

4- Votre héroïne doit être déchirée entre des hommes séduisants dotés d'immense qualités et un mâle moins parfait, parfois même franchement agaçant, qui se révélera pourtant l'homme de sa vie.

Visiblement, Marie F. Carron connaissait tous ces principes et elle a tenté de les appliquer en écrivant Tribulations. C'est assez bien réussi pour les points 1 et 2, mais ça se gâte à partir du point 3.

J'ai eu énormément de mal à trouver l'héroïne, Marion, sympathique. Peut-être était-ce à cause de notre écart d'âge (Marion a presque 45 ans et moi moins de 30), mais peut-être était-ce aussi parce qu'on n'apprend pas à connaître le personnage. On apprend les aventures de Marion à travers des courriels qu'elle écrit à des femmes qui sont supposées être ses copines de longue date, alors, forcément, elle n'explique pas son passé, qui est connu. Ça donne un rapport au personnage très froid pour le lecteur.

J'aurais aisément passé par-dessus ce défaut si le point 4, le déchirement entre les amoureux potentiels, avait été bien amené. Malheureusement, l'intrigue amoureuse, qui est pourtant au coeur du roman, est mal montée. Marion passe d'un amant à un autre et, à chaque début de relation, vit les mêmes interrogations. Pas de chassé-croisé, pas de retournement inattendu, pas de rebondissement. Juste l'histoire d'une femme qui a un amant, le laisse, en trouve un autre.

Disons qu'il n'y a pas de quoi parler de "tribulations". "Confidences d'une divorcée très très ordinaire" aurait été plus approprié.

Bref, j'ai été plus que déçue par ce livre, qui était un "cadeau" de Côté Blogue. J'espère que l'auteure recevra ses droits d'auteurs sur cet exemplaire, parce que moi ma carte-cadeau a été emputée de 30$ en échange de ce truc! J'espère qu'ils ne me feront pas des "cadeaux" semblables trop souvent... et là je n'ose pas vous parler du CD qui venait avec le bouquin...

15 commentaires:

richard tremblay a dit…

Ha ha, toi il t'ont donné un livre de chick lit, moi un excellent roman policier, le 5e volume du Berlin Noir de Philip Kerr.

Par contre, je viens de recevoir une carte de 50 $ non amputée pour juillet. J'espère que ça leur est passé.

Gen a dit…

@Richard : J'aurais été tout aussi mal barrée avec le Philip Kerr : je l'ai déjà lu! (prêté par une collègue du bureau). Mais bon, ça aurait été moins mauvais.

Et oui, heureusement, tout est revenu à la normale pour juillet!

ClaudeL a dit…

Ça ressemble aux romans Harlequin (est-ce que ça existe encore?). En mieux quand c'est bien réussi, ça m'a tout l'air. En tout genre, il faut une montée dramatique, un conflit, ce qui a l'air de manquer cruellement dans ce livre. Mais je me dis au moins que l'auteur a eu ses redevances et est ainsi encouragée à poursuivre et qui sait le prochain sera-t-il mieux ficelé.

Unknown a dit…

C'était quoi ce CD ? Ose !

Gen a dit…

@ClaudeL : Hum... La chick lit peut avoir des parentés avec les Harlequins, mais avec peu de sexe, très centré sur les rapports humains et, normalement, avec un ton très humoristique.

@Less : Bleh, faudrait que j'aille le déterrer dans mon sous-sol, alors je vais laisser faire. Mais c'était une fille qui chantait des tounes de matante par dessus du piano, avec une voix pas très puissante qu'elle forçait copieusement. Nul, nul, nul, nul, nul.

Alamo St-Jean a dit…

L'opposé total de la chick-lit serait peut-être un roman de Chuck Palahniuk (même si grand nombre de ses fans sont des femmes!), genre Fight Club, Survivor ou Choke qui parle pas mal des maux masculins et de l'état d'affirmer la masculinité au 21e siècle... ;)

Bref, j'lirai jamais de la chick-lit, j'suis trop macho pour ça! lol

Anonyme a dit…

Audrey dit :

J'ai deux films cultes chez-moi : Fight Club et Le journal de Bridget Jones... Est-ce dire selon Alamo que je suis Chick-lit et Chuck Palahniuk? Je n'ai pas été capable de relire un Chuck Palahniuk au complet après avoir lu Fight Club et j'ai pas vraiment aimé gin-tonic et Comcombre de Rafaelle Germain. La Chick-lit c'est aussi confession d'une accro du shopping et dans les romans suivant confession la fille est marié et attend même un bébé. Les romans Chick-lit doivent être psychologique mais également un brin irraéliste (Qui boit comme cela tous les jours sans être traité d'acoolique et qui étant célibataire et ayant une profession (les filles de la chick-lit ne sont pas coiffeuse) donc ayant un prêt a rembourser peuvent se permettre de pas travailler et de sortir autant? Et pour une autre information, les romans harloquin existe encore on en retrouve chez Wal-Mart...

Anonyme a dit…

Audrey ajoute : Je voulais dire roman HarlEquin....

richard tremblay a dit…

La chick-lit est une littérature de genre qui répond à des canons plus ou moins précis. Comme le polar, la sf, la fantasy, le récit de voyage, etc. Il y en a de la très bonne (je pense à Kinsella que j'aime (presque) inconditionnellement, et aux romans de Bridget Jones, le premier étant remarquable) et, toute médaille ayant son envers, il y en a de la très moyenne, et là, ça se bouscule aux portillons, avec au Québec : Varin, Gauthier, je ne me prononce pas sur Germain que je n'ai pas lu mais dont on dit du bien...

baboulebou a dit…

Oua, j'avoue être complètement dépassé en chick-lit, mais je me dis que les "chicks" doivent aussi avoir besoin d'un peu d'évasion, alors si elles ne la trouvent pas dans leur "lit'", ça doit les agacer... En tout cas j'aime bien ton résumé du genre, Gen.

Mais comparer la Chick-Lit et Fight Club, mmm, c'est un peu comme comparer une glace à la fraise et une boite à clous... enfin, chacun voit sa porte à midi, hein...

Alamo St-Jean a dit…

Je disais simplement que l'inverse de la chick-lit serait de la littérature axé vers l'homme et les valeurs masculines en générales mais ça existe déjà depuis très longtemps, je faisais plutôt une petite blague puisque Fight Club est un roman satirique sur la consommation et la quête des hommes à s'affirmer comme "homme" dans un monde où il est dépassé (je pense notamment au mode chasseur/guerrier/protecteur qui définissait la fonction de nos ancêtres par rapport à maintenant), donc l'opposé (en gros) de la chick-lit.

De la littérature plus masculine serait probablement la pulp-fictions des années 30 je présume, avec Conan le Barbare d'Howard ou les Flash Gordon ou même Batman, ce désir ardent d'être "plus" qui fait tant rêver les hommes.

Mais bon, je m'éloigne du sujet et je ne désire pas créer un point véridique et absolu, il ne s'agit que de mon opinion sur le sujet. ;)

Luc Dagenais a dit…

Bah.. pas besoin de chercher midi à quatorze heures: jusqu'à tout récemment (et encore...), la Littérature avec un grand "L", c'était de la Littérature d'homme; sinon il y avait des écrits féministes...

Gen a dit…

@Alamo : Je vais dire comme Luc : pendant longtemps, la littérature (surtout avec un grand L) était par les hommes pour les hommes. Depuis, en effet, il y a eu le développement des trucs plus "de niche" et oui, on a maintenant "chick lit" et Palahniuk... quoique... Pour un vrai pendant de la chick lit (dans le genre émotions à fleur de peau, interrogation, auto-dérision et humour, j'irais plus du côté de Bourgignon et Vigneault... Palahniuk, c'est plutôt le choc générationnel et le changement des valeurs sociales en général)

Pour ce qui est d'être trop macho pour lire de la chick lit... je crois que pour les gars, la chick lit peut être très utile : après un livre, tu comprendras que si ta blonde dit blanc le lundi et noir le vendredi, c'est non seulement normal, mais que toutes les filles sont pareilles :p

@Audrey : T'as raison, y'a toujours une petite composante irréaliste dans la chick lit.

@Richard : En effet, il y en a de la bonne et de la moins bonne. Quand c'est bien fait, je n'ai rien à y redire. Perso, j'ai bien aimé le premier Rafaëlle Germain et Le diable s'habille en Prada (le livre, pas le film). Mon chum a à peine sourit. Mais là, Tribulations, c'était loupé!

@Alex : En effet, c'est de la littérature d'évasion et quand c'est bien fait, ça atteint son but. Mais à choisir entre chick lit et Fight Club, tu peux deviner où irait mes intérêts... et donc je suis d'accord avec toi : on ne peut pas en faire deux côtés de la même médaille.

Alamo St-Jean a dit…

Je me confesse: j'adore écouter des films "romantique" avec ma blonde et j'en propose souvent lorsqu'on fait la location au club vidéo, mais je n'irai jamais lire un livre de chick-lit héhé.

Le seul livre similaire à ton modèle, mais ayant un homme dans le rôle principal, que j'ai lu, était "The Loser's Club". Un jeune auteur New Yorkais qui tente de percer dans le milieu littéraire et qui tente désespérement de trouver l'amour en faisant appel à des agences de rencontre... bien sûr, il est inconsciemment amoureux de sa meilleure amie...qui est lesbienne. ;)

Gen a dit…

@Alamo : En effet, c'est exactement le genre d'histoire qui est au coeur des livres de chick lit! hihihi