Ça surprendra peut-être ceux qui ont remarqué mon côté très discipliné, mais je suis plutôt rebelle à l'autorité. Ou plutôt je me braque totalement contre les gens qui veulent tout contrôler et les règlements de type "C'est comme ça parce que c'est comme ça, bon!". D'un autre côté, si on me fait voir le bienfondé d'une règle, je l'applique sans plus de problème. Disons que mes parents ont beaucoup développé leur capacité à argumenter et à expliquer grâce à moi! lolol!
Bon, tout ça pour dire que quand on me présente une règle, mon premier réflexe est toujours un défensif "Pourquoi?". Ça a valu jadis pour les heures de coucher et ça vaut de nos jours pour les convenances littéraires. D'ailleurs, à force d'apprendre, de questionner et d'intégrer les diktats linguistiques, j'en suis arrivée à la réflexion suivante :
Même si la règle dit que vous ne pouvez pas écrire comme ça, est-ce que votre narrateur, lui, le sait?
Ça peut avoir l'air bébête comme questionnement, mais, dans certains textes (ceux dont le narrateur n'est pas omniscient ou n'est pas titulaire d'un bac en littérature) ça peut faire la différence entre un niveau de langage tout à fait crédible et un autre qui sera lourd, plaqué, mal adapté. De plus en plus, j'en suis venue à penser que de petites transgressions bien choisies et bien utilisées en révéleront souvent plus sur un personnage qu'une plume lyrique mal employée.
Qu'est-ce que vous en dites? C'est ma paresse et mon esprit rebelle qui parlent ou ça fait un certain sens?
11 commentaires:
Bien d'accord. Les erreurs qui m'énervent sont les erreurs de logique ou de PDV (quand une narration homodiégétique se met à établir avec certitude les émotions des autres, par exemple). Mais, sinon, tout dépend de la culture du personnage.
Il faut employer des stratégies pour que « l'erreur » passe bien chez le lecteur, et, par défaut, elle passera mieux si l'auteur est établi. C'est le cas pour l'utilisation des anglicismes ou des calques, par exemple. Si tu exploites ce genre d'erreur dans ton premier roman, on risque de te reprocher de ne pas savoir écrire. Si c'est ta 8e publication, le lecteur se posera des questions avant de juger ton écriture.
@Dominic : Bon point, j'avais pas pensé à cette notion de "premier roman vs perception de l'écriture"! :p
La narration est un sujet de discussion qui mériterait probablement un plus long débat que les commentaires postés ici.
Pour ma part, je trouve qu'il est plus aisé d'écrire avec un narrateur omniscient. Par contre, pour faire ressortir des émotions et pour créer des liens plus étroits avec le personnage, le "Je" est tout indiqué. On a alors vraiment l'impression de connaître le personnage, et il devient automatiquement plus attachant. Par contre, je trouve cela plus difficile. Tiens, ça me ferait un beau défi pour un prochain roman!
Quand j'écris le premier jet d'une œuvre, j'essaie de ne pas m'encombrer de ce genre de détail qui ne fait qu'étouffer ma créativité. Je laisse cela pour la 2e lecture, et la 3e etc. Le comité d lecture et la révision linguistique peut également déceler ce genre d'incongruité qui peuvent nuire au récit et à la compréhension du lecteur.
Personnellement, j'apprécie beaucoup le mixte du JE et du narrateur omnicient. Les règles de langage, quand on parle au téléphone ou en face à face, on a un langage parlé. J'aime que mes personnages parlent de façon cohérente. Par exemple, les fans de football utilisent beaucoup d'angliscismes dans le langage parlé (tackle, field goal, fumble, blitz, QB...) dans leurs conversations, je crois alors préférable d'utiliser les termes des fans en les mettant entre guillemets ou italique, mais le narrateur aura un langage irréprochable. Il sait tout alors il doit savoir le terme précis francophone.
Mais il y a aussi le narrateur observateur qui lui n'est pas omnicient. Il observe, donc, la narration doit respecter, selon moi, la personnalité du narrateur. Un accident narré par un punk qui a décroché en secondaire 1 sera différent du même accident narré par un notaire.
Bref, les règles sont là oui, mais il faut quand même utiliser son gros bon sens.
Ça dépend... Des erreurs qui se glissent dans un roman de Sénécal (comme Les septs jours du Talion, par exemple) ou on passait d'un temps à un autre qui faisait en sorte que ça "fittait plus" m'ont grandement dérangé.
Alors qu'une manière de parlée du personnage, surtout si elle est logique, est, selon moi, tout simplement génial et augmente la vraisemblance du personnage! Le meilleur exemple et le meilleur contre-exemple, seraient, en ordre: le narrateur de "Pygmy" de Chuck Palahniuck, qui raconte l'histoire d'un élève en échange étudiant provenant d'un pays Européen/asiatique non définit et qui ne maîtrise pas du tout la langue de Shakespeare et le roman est entièrement raconté à la première personne! C'est franchement génial! Et le contre-exemple, lui, serait celui d'un enfant qui s'exprime comme un universitaire qui tente d'imiter Proust... ;) Ça tiens pas la route pour deux sous!
Bref, à faire avec modération, mais beaucoup d'auteurs (et d'éditeurs qui laissent passé l'erreur!) semblent inconscient de leurs gaffes, au grand dam des lecteurs!
@Yves : Tu te poses pas les questions de narrateur avant ton premier jet!?!?!? Wow! Moi la simple pensée de devoir changer de narrateur après avoir écrit 50 000 mots me ferait faire un burn-out! :P
@Isabelle S: Je pensais justement à un narrateur-observateur ou à un narrateur aligné (pas omniscient). C'est dans ces deux cas là que je crois qu'on peut jouer avec les règles.
... et pour ce qui est du narrateur omniscient qui doit connaître le terme francophone précis : encore faut-il que ledit terme existe! (Voir mon billet sur le français et les arts martiaux! lol!)
@Alamo : Ouais, y'a une grosse différence entre tordre volontaire une règle et faire une erreur! Par contre, j'ai de la misère avec les longs récits racontés dans une langue toute croche. Pour une nouvelle je trouve ça bien, quelques écarts dans un roman c'est ok, mais trop j'ai du mal...
Bien "Pygmy" est une expérience en soi sur le langage et la déformation du langage. Pour moi qui trip pas mal sur la linguistique, c'était quand même cool à lire héhé! ;)
Et le roman est pas très long, environ 200 pages et l'intrigue est assez accrochante pour justifier la lecture! ;) Mais bon, chacun son style aussi! Je suis parfois maso quand vient le temps de lire ce genre de livre!
Je suis d'accord avec toi.
Les entorses volontaires, le choix délibéré de l'auteur pour créer un effet particulier.
Mais à force de me faire barbouiller mes copies de rouge, il se pourrait que j'abandonne mes belles idées d'anticonformisme ;)
@Gen : Je crois que je me suis mal exprimé. Je voulais simplement dire qu'une fois le narrateur trouvé, je ne me préoccupait pas de ce qu'il pouvait savoir ou pas lors du premier jet!
Pour ce qui est de choisir le type de narrateur, c'est une autre paire de manches! J'ai changé d'idée 3 fois pour le roman qui est en cours de rédaction présentement! ;-)
Bon, moi, tu me connais, mon problème (surtout d'après toi, MDR!), c'est justement que je suis beaucoup trop encline à respecter les règles à la lettre... Alors, si moi j'essaie d'être plus délinquante, et toi de te couler un peu dans le moule, on devrait arriver à un juste milieu... ;)
Ben non, je blague, tu as tout à fait raison. Dans certains cas, le narrateur peut effectivement ne pas respecter toutes les règles. Pour l'accueil des lecteurs, je suppose que les avis seront partagés, mais peut-on vraiment faire plaisir à tout le monde?
Réponse : NON!!! ;)
Alors, vas-y donc selon ta conscience et ton sentiment du moment! Au final, ton texte ne s'en portera que mieux... :)
lol! En effet, à nous deux on devrait arriver à faire un écrivain équilibré! hihihihi
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