Ma famille sait que j'ai toujours voulu écrire. Maintenant que je commence à publier, les réactions sont partagées. En fait, non, pas si partagées : la majorité s'en fout royalement, mais deux ou trois personnes sont toujours contentes de me lire et ma maman se réjouit du concept, à défaut d'être capable de se souvenir du nombre de mes publications ou des textes eux-mêmes. Bah, c'est mieux que l'indifférence totale je suppose. ;)
Récemment, j'ai eu une surprise. J'ai parlé brièvement au téléphone avec un oncle que je ne vois pas souvent. Depuis notre dernière rencontre, il y a plus de deux ans, le diabète l'a rendu aveugle... et moi j'ai publié. Triste coïncidence. Il m'a demandé si mon roman à venir sortirait sur support audio. Ça m'a rendu le coeur gros. M'étonnerait que mon roman se retrouve à l'audio. De toute façon, avec sa santé vacillante, je ne sais pas si mon oncle va se rendre jusqu'en 2011.
Je me suis donc dit : qu'à cela ne tienne! Pourquoi attendre le roman? Je n'ai qu'à m'enregistrer en train de lire une de mes nouvelles et je lui enverrai le CD. Quelqu'un pourra le lui faire écouter. Et je pourrais faire la même chose pour ma maman, qui a du mal à lire les petits caractères des revues...
J'ai donc analysé mes textes pour choisir lequel je lirais. Hum... Violences, tueries, tromperies, mal être, tueries, violences, combats ultimes, trames narratives emberlificotées... Bref, pas de quoi remonter le moral d'un adulte malade! Oups! Sans compter le choc qu'ils auraient à découvrir la noirceur qui se cache sous celle qu'ils ont toujours prise pour une gentille petite fille un peu espiègle... :p
Ah, c'est dur la vie d'artiste! hihihihi! Finalement c'est ptêt aussi bien que le gros de ma famille se fiche de ce que j'écris! :p
30 commentaires:
Drôle de rapport en effet entre créateur et famille. Du style nul n'est prophète en son pays. Si je m'en réfère à ce qu'écrivait mon père: je ne lisais pas non plus. Il y a bien une tante qui achète et lit tout ce que j'ai écrit et elle commente. La famille de l'artiste-de-nos-pinceaux vient quelquefois dans ses expositions, n'achète pas, même pas pour faire un cadeau, mais admire et commente.
L'écriture est un choix de métier étrange pour la majorité des gens. C'est davantage perçu comme un loisir et non une véritable façon de gagner sa vie. Ce qui est malheureusement vrai la plupart du temps. Et puis quand ils comprennent que tu parviens à en vivre -ô miracle - ben là, ils s'imaginent que tu va devenir instantanément millionnaire... et sont mitigés entre la jalousie et la fierté de te connaître. Y'a pas de juste milieu. Ils oublient aussi que tu peux en vivre une année et ne pratiquement rien gagner la suivante, par méconnaissance des rouages de cet univers. Je me suis vite lassée d'expliquer à l'infini des notions élémentaires que personne ne retenait de toute façon. Et puis, il y aura ceux qui te donneront des sujets sur lesquels tu devrais écrire ou te demanderont d'écrire comme untel parce que c'est ce qu'ils aiment, ceux qui ne comprendront pas que tu aies besoin d'un an pour écrire un truc qui se lit en une nuit, ceux qui te demanderont si tes scènes érotiques sont inspirés de faits vécus (yeux au ciel), ceux qui te croiront tout simplement folle d'écrire des trucs qui ne se peuvent pas ou dérangée parce que la violence ou l'horreur est présente... Je pourrais continuer des heures comme ça et te raconter plein d'anecdotes parfois drôles parfois moins... J'ai appris à prendre le tout avec un grain de sel... C'est ça la vie d'artiste;) Faut vraiment qu'on se rencontre pour jaser toi et moi :)
@ClaudeL : En effet, le modèle "nul n'est prophète en son pays" est sans doute la meilleure façon d'expliquer ça.
@Élisabeth : Ah, les "suggestionneurs", je pense que ce sont les pires!!! Ceux qui passent leur temps à dire "Tu devrais écrire là-dessus" ou "Est-ce que tu vas écrire sur ça?" Arrgggggg! Ça m'énerve, m'énerve, m'énerve! lolol! En effet, faut vraiment qu'on trouve le temps de jacasser toutes les deux! ;) Prochain SLM, promis! :)
C'est triste cette histoire avec ton oncle. Ça me fait penser à une de mes tantes qui est décédée plus tôt cette année et à qui j'aurais beaucoup aimé dédicacer un livre. Elle l'aurait surement lu de bon coeur, même si elle n'aurait pas aimé le contenu horrifiant. J'espère publier un roman assez vite pour en dédicacer une copie à mon grand-père de 80 ans, qui le lirait avec plaisir.
C'est vrai que, en général, parents et amis s'en foutent (même s'ils disent souvent le contraire). Quand ils me disent qu'ils aimeraient tellement me lire, je leur demande de m'envoyer un couriel pour me demander de leur envoyer un texte. Jusqu'ici, personne ne m'a encore répondu à ce sujet... Je ne sais pas ce que ça donnera quand j'aurai publié un roman, mais c'est bien possible que beaucoup l'achètent et que peu le lisent... Dans certains cas, ce qui intéresse, c'est surtout le succès plus que ce qui se trouve entre les deux couvertures (surtout pour mes oncles hommes d'affaires)... J'ai quand même la chance d'avoir plusieurs proches qui s'intéressent au moins un peu à la littérature et qui, par le fait même, s'intéresseront aux textes que je produirai plutôt qu'au fait que j'ai créé un produit qui se vend. Certains d'entre eux sont même des prélecteurs!
J'oubliais. Je crois que Seppuku serait une bonne histoire pour ton oncle.
@Fred : Je dois dire que l'histoire de mon oncle me secoue d'autant plus que ce n'est pas vraiment quelqu'un dont j'étais proche. S'il avait été bien portant, je ne suis pas sûre qu'il aurait voulu me lire... et je n'aurais sans doute pas pensé à lui dédicacer quoique ce soit. C'est fou comme les épreuves peuvent changer les gens.
Même phénomène de mon côté : quelques-uns prétendent qu'ils aimeraient me lire, mais personne n'a pris la peine de se commander une revue par Internet. Pas sûre qu'ils vont acheter mon roman, sauf peut-être pour le côté "succès"... quoique comme la majorité ne sont pas des lecteurs, pas sûre que ce succès leur apparaîtra si grand.
@Fred : Seppuku, tu penses? Je la trouve un peu raide. Pas très réconfortante non plus...
@Gen C'est certain que pour l'instant je n'ai lu que deux de tes nouvelles, alors je n'ai pas une vision d'ensemble de ton Oeuvre. Mais Seppuku ne m'a pas semblée si dérangeante (bon ok, je suis habitué à des choses bien pires que ça). Je ne pense pas que l'on puisse juger de la perception que les gens aurons de nos textes avant qu'ils les lisent. On peut être surpris.
@Fred : Ouais, t'es ptêt pas le meilleur juge au sujet de ce qui est dérangeant ou pas! lololol! Mais merci ;) Je vais y réfléchir.
@Gen: Moi aussi j'irais avec Seppuku, je trouve que c'est ta meilleure publication à date.
Et ne t'en fait pas avec le contenu; si il est si mal en point, si sa santé est si vacillante, si la maladie l'a rendu aveugle, je ne pense pas qu'il trouve tes nouvelles trop dure ou trop déprimantes. Au contraire, comme la survie et l'affirmation de sa force, de sa résistance et de son existence est un thème important dans tes nouvelles, il va sûrement apprécier (celle-là ou les autres).
Oups!
Si je te fais écrire de mes idées, est-ce que je rentre dans la catégorie honnie des suggestionneurs? :o
@Luc Paroles de sagesse.
Je commence tout juste à écrire sérieusement, avec vraiment en tête de publier (je me dit depuis des années que je vais publier, mais je n'avais encore jamais envoyé un texte à une revue ou un éditeur - vous savez comment ça se passe, on passe tous par là, j'imagine). Bref, lire les commentaires, ici, ça me fait drôle. Comme si je voyais une partir de mon avenir, avec les déboires et les combats avec les méchants suggestionneux et la famille qui sourit et agit gentillement mais qui le lendemain se rappelle même plus le genre de texte que t'écris.
Mais je me dis que de toute manière, j'écris pour moi, à la base. Évidemment, publier, c'est bien, mais écrire seulement pour publier, c'est mécanique...
@Luc : En effet, paroles de sagesse. Bon, je suis convaincue. Reste à trouver moyen de m'enregistrer.
@Vincent : Mais non, tu sais bien que toi c'est pas pareil ;) Et tu mets pas de pression : tu le sais qu'il faut qu'une idée m'inspire et que c'est pas toujours le cas.
@Frost.Blast : Lol! Désolée de te donner un aperçu aussi peu séduisant de ton avenir! ;p D'un autre côté, je pense que c'est bien : ça te vaccine contre les désillusions. De toute façon, soyons franc : si tu n'écris pas pour toi, tu n'écriras probablement pas assez longtemps pour publier. C'est un boulot de fou, ingrat, pas payant...
Mais maudit que c'est le fun! hihihihi ;p
@Gen et Elisabeth, je vous suggère en effet de vous rencontrer toutes les deux en premier, parce que si Isa et moi et Pierre et ... et... on se réunit, ça sera la cacophonie assurée, hihi! On va tous parler ensemble et longtemps.
@ClaudeL : La cacophonie, c'est bien aussi! ;p
« C'est un boulot de fou, ingrat, pas payant... »
Mais c'est tellement de liberté.
@Frost.Blast : Heu... "liberté?" Ben c'est pas exactement l'idée qui me vient à l'esprit quand je regarde mon horaire, mais oui, bon, dans l'essence, je suppose qu'écrire est un acte fort libre et libérateur...
Et puis c'est moi qui a fait le choix de ne pas vivre de l'aide sociale en attendant qu'un jour peut-être je puisse payer mes comptes grâce à mes revenus d'écrivaine...
Dans ma famille aussi, y a des gens qui s'en fout ou sont indifférents à la chose et ils ont le droit. Au travail, c'est pareil, mais ceux-là on les côtoie tous les jours. Je pense à un en particulier. Dernièrement, j'ai écouté tout le téléroman de sa dernière séparation amoureuse, vous connaissez ? ;). J'ai écouté. Partager, compatis.Maintenant, c'est à mon tour de parler des mes projets et petits bonheurs que je vis et là...oops il s'esquive et aime mieux aller parler de Occupation double avec les autres... Donnez et vous recevrez...Pas toujours vrai hein !
@Pierre : Tant qu'à moi c'est "Donnez, voyez si vous recevez et si vous recevez pas, ne donnez plus" :p
Cela dit, j'accepte très bien l'indifférence de mes collègues de travail. Comme ça, quand il me prendra l'envie d'en assassiner littérairement un, il le saura pas! lolol!
Je partage ton expérience. L'écriture, finalement, ça intéresse peu de monde autour de nous. Mais j'ai tout de même une tante de 86 ans qui s'est mise à internet, suit mon blog et me questionne régulièrement à propos de la publication de mon roman. Bien sûr, je la trouve super cool!! :)
@Karuna : En effet, vraiment cool la tantine! :) De mon côté, je dois dire que je pousse pas trop non plus. Les personnes que ça intéresse vraiment suivent. Mais, c'est drôle, j'ai plusieurs amis qui suivent mon blogue, mais peu de membres de ma famille... et après ils se plaignent que je donne pas de nouvelle! :p
Cela dit, j'ai une cousine qui vient de m'envoyer un message : elle a retrouvé mon adresse courriel par mon blogue. Comme quoi ça sert! hihihi
Moi j'ai une peur bleue qu'un membre de ma famille tombe sur mon blog. Même chose pour mes amis.
Pourtant, la plupart sait que j'écris. Ils s'informent occasionnellement (ça se résume souvent par «Ah non? T'as pas publié encore?»).
Peur irrationnelle de devoir me censurer, j'imagine :)
Ah toi! Ton billet m'a tellement interpellée que j'en ai pondu un aussi sur le même sujet... :p
Bon sang que ça défoule!!!
Ton constat final est bon, Gen. Personnellement, mon père était artiste, alors toute ma famille s'est jetée sur mon premier livre, une novella hyperviolente, dépressive et tendant vers une sexualité gore et révélatrice... Bref, les commentaires de mes 40 premiers acheteurs ont ressemblé à : "C'est... spécial, ce que tu écris..." J'ai juste une tante weird (et communiste) qui a vu le côté critique sociale et qui se foutait complètement qu'il y ait huit morts sanglantes et inutiles en 50 pages.
Et j'en ai fait la lecture publique dans un bar de Sherbrooke à l'occasion d'une rencontre des auteurs de l'Estrie... Mémorable.
P.S. C'est toujours bon de te lire. C'est inspirant.
@Pat : Je dois dire que je ne vis pas cette crainte : je m'impose déjà un certain niveau de censure, de type "si le chapeau te fait, mets-le". (Je ne nomme pas les gens dont je dis du mal. S'ils se reconnaissent, tant pis pour eux!)
@Isa : lol! Contente de t'avoir inspirée un défoulement ;)
@Carl : Comme quoi même quand on semble bien entouré en tant qu'artiste, on peut facilement être mal compris. ;) Mouhahahaha! "C'est spécial ce que tu écris!" J'entends ça TELLEMENT souvent!!! lol! :P Et ouais, la lecture publique, ça a dû avoir un effet boeuf! hihihhi
Contente de faire sourire et d'inspirer ;)
Est-ce quoi est incompris parce qu'on arrive pas à parler de l'écriture d'une manière intéressante pour les non-initiés? Peut-être qu'on aurait besoin d'un cours de vulgarisation de l'écriture...
@Fred : Heu... j'ai souvent plutôt l'impression que nos interlocuteurs ont besoin d'ouvrir un bouquin, tout simplement.
"J'écris une histoire de samouraïs", c'est dur d'être plus "vulgarisé".
@Gen Ouin... T'as peut-être raison.
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