jeudi 1 avril 2010

L'art d'écrire des récits historiques (2) la recherche

Bon, alors je poursuis mes conseils issus de ma mince expérience personnelle sur l'art d'écrire des trucs à saveur historique... ou tout simplement des trucs avec lesquels vous êtes plus ou moins familiers...

La recherche bien dosée

Une fois le plan établit et les sujets à documenter assez bien circonscrits, c'est le moment de commencer à s'informer. La méthode préconisée est celle de la pyramide inversée : on commence par lire des ouvrages au sujet très vaste, qui résument l'époque dont on veut traiter, puis on s'oriente peu à peu vers des ouvrages plus précis.

De façon plus concrète, ça veut dire qu'on peut commencer par des articles d'encyclopédie (oui, c'est le moment d'aller sur Wikipédia) pour se familiariser avec les termes spécialisés avant d'essayer de trouver des livres un peu plus sérieux et consistants. Évidemment, comme on n'a pas de thèse de doctorat à écrire, je suggère de rester dans le domaine du livre "grand public" : manuels d'histoire, livres de la collection "Que sais-je?" et, mes préférés, ouvrages de la collection "Découverte Gallimard" pour un support visuel hors pair. Les meilleurs alliés seront les bouquins et les chapitres d'ouvrage parlant de "la vie quotidienne" de l'époque visée. Pour se procurer tous ces ouvrages, les bibliothèques universitaires et les coop étudiantes sont des destinations de choix.

À moins de vouloir être lu par un spécialiste de l'époque choisie sans le faire sourciller (ce qui serait difficile : les historiens sont notoirement pointilleux et bouffent de l'information à la pelle), on n'a pas besoin de faire des recherches pendant des semaines. Trois ou quatre bons ouvrages permettront d'éviter les erreurs les plus grossières. Pour le reste... hé bien je pense sincèrement qu'il est impossible de ne faire aucun anachronisme. La science historique, comme toute les autres, est en constante évolution et il est facile de se mettre les pieds dans les plats en toute bonne foi. J'essaie de l'assumer et de doser mes recherche en conséquence!

Pour ne pas travailler pour rien, je prends beaucoup de notes en lisant (et quand je le peux, je les insère aux bons endroits de mon plan) et j'essaie de relever les passages où on parle de la conception de la vie et de la philosophie générale des gens de l'époque étudiée. Selon mon expérience de lectrice, c'est souvent dans le domaine des idées que les anachronismes se retrouvent. Un paysan français du 11e siècle ne remettrait pas en question le fait que les nobles le dirigent (c'est leur droit divin). Il pourrait cependant souhaiter qu'ils soient plus bienveillants à son égard.

Après avoir lu quelques ouvrages généraux, on commence à bien connaître l'époque visée. C'est donc le moment de se trouver un dictionnaire spécialisé (ceux de Robert Lafond dans la collection Bouquin sont excellents) ou une solide encyclopédie. Ces deux ouvrages-là, on ne les parcourt pas d'une couverture à l'autre, mais les avoir sous le coude en écrivant évite bien des tracas. Ils regorgent de petits détails, comme les régimes alimentaires ou les tissus les plus courants, qui pourront servir à donner de la couleur au récit.

Malgré toutes les recherches, il peut arriver qu'on ne trouve pas l'information qu'il nous faut. Que faire alors? En tant qu'historien, c'est le moment de se frapper la tête très fort contre une surface dure, avant de jeter son plan et de recommencer le travail de zéro. En tant qu'écrivain, on est mieux lotis : c'est ici que le recours au flou artistique va se révéler utile. Je vous en parle dans un prochain billet...

5 commentaires:

Karuna a dit…

Il y a quelques années, j'ai eu une idée de roman très harcelante, très forte dans mon esprit, comme si elle voulait absolument naître, mais les difficultés liées à l'époque et au lieu avaient mis un frein à mon enthousiasme. Aujourd'hui, mine de rien, tu me donnes un peu d'espoir.

ClaudeL a dit…

Le flou artistique, j'ai hâte de savoir.
Ça doit ressembler à "si vous ne savez pas, si vous n'avez pas trouvé ou si vous hésitez, restez vague ou passez à autre chose"!

Gen a dit…

@Karuna : C'est un peu pour ça que j'écrivais ce billet. :) (en fait, c'est purement égoïste : j'aime ça les romans historiques, alors je veux qu'il s'en écrive plus)

@ClaudeL : Ben ça va un peu plus dans le détail, mais oui! :p

ClaudeL a dit…

On dirait que la vague des romans historiques a passé. Peut-être pas la lecture, mais la publication. La fantasy prend toute la place. Bon disons beaucoup. Dans la librairie que je fréquente, il n'y a jamais eu de rayons particuliers pour les romans historiques alors que le rayonnage pour le fantasy empiète de plus en plus sur les polar-policier. À coup de 3-4-5 tomes à la fois, il faut dire que ça prend de la place. La littérature jeunesse aussi. Suis contente bien sûr si ça fait vivre des auteurs, québécois si possible, mais tout de même...
Et puis peut-être que c'est seulement à la librairie où je vais.
Bon, je sais, ce n'est pas le propos.

Gen a dit…

lol! En effet, la fantasy prend beaucoup de place en rayon et les romans historiques semblent moins populaires.

Mais un roman historique bien fait se démode assez lentement, alors c'est pas trop grave d'avoir juste des "vieilleries" à lire.

Et puis je ne suis pas contre le mélange des genres. J'aime bien les policiers-historiques ou les fantasy-historiques-pas-médiévales. :)