Je lisais un article dernièrement qui expliquait qu'un fossé générationnel s'est créé entre les jeunes qui ont présentement moins de vingt ans et ceux qui ont à peine quelques années de plus.
La génération des twenty-something, la mienne, serait en effet la Net-Generation : on parle au téléphone, on consulte quotidiennement certains sites, on s'échange des courriels, on utilise sans mal les logiciels et, en cas d'information manquante, on cherche sur le Net. La génération des vingts ans et moins est plutôt la IGeneration : le cellulaire sert à texter, les courriels sont remplacés par les tweet et les chat, leurs fils RSS sont mis à jour en temps réel... bref, l'information et la communication n'attend jamais à plus tard. Quand ils communiquent, ils le font immédiatement, avec de multiples personnes en même temps... et s'attendent à ce que vous répondiez de la même façon. Et, avec eux, c'est fini l'exclusivité des longues conversations. Pendant qu'ils chattent avec vous, ils le font aussi avec 8 autres personnes.
L'article semblait dire qu'on finira peut-être par être tous ainsi : habitués à une communication perpétuelle, rapide, instantanée et prompts à l'exiger si elle fait défaut.
J'espère vraiment que c'est faux. Parce que s'il y a des moments où je suis contente d'avoir la planète au bout des doigts, il y a également de longues périodes où j'aime décrocher, ralentir, être au calme.
En attendant, alors que les scientifiques essaient de réfléchir à la façon d'adapter les méthodes de pédagogie aux exigences d'instantanéité de la IGeneration, de plus en plus d'études démontre que le pouvoir de concentration de ces jeunes est en net recul par rapport aux générations précédentes. Dans ces circonstances, faut-il vraiment adapter l'école à ces jeunes et les encourager dans leur amour de l'immédiat? Ne devrait-on pas plutôt équiper les écoles de brouilleurs d'ondes cellulaires afin de les forcer à faire le dur et pénible apprentissage des cours magistraux de 60 interminables minutes?
Qui voudrait d'un conducteur de bus qui aurait du mal à se concentrer sur une seule occupation (conduire) pendant plus de 15 minutes à la fois? Et là je ne parle pas d'un chirurgien...
16 commentaires:
C'est bien d'arriver à être "multi-tâches" et être capable de tenir 8 conversations en même temps. Quoique je soupçonne que ça doit manquer de profondeur. Mais pour une conversation courante, du genre "pluie et beau temps" ce n'est pas un problème.
Si les jeunes n'arrivent plus à se concentrer, ça c'est un problème. De toute façon, il me semble que l'éducation sert entre autre à "développer des abiletés et des connaissances". Si les jeunes n'ont plus la capacité de se concentrer longuement sur un seul sujet, il me semble que ça devrait être développé à l'école justement.
Non?
lol! C'est pas parce que ça semble logique que ce sera fait ;)
@Gen: as-tu encore le référence de l'article que tu as lu? C'est un sujet qui m'intéresse beaucoup. As-tu déjà lu "Digital Natives, Digital immigrants" de Marc Pensky? C'est loin d'être parfait, mais dans cet article il jette les bases de la réflexion sur le fossé générationel avant/apres internet.
Pour ce qui est de la concentration, je me demande toujours à quel point c'est quelque chose d'inné ou d'acquis? Un peu des deux je suppose.
Pour ma part, à 25 ans, je fit à moitié avec ta description: j'ai pas de cell, alors pas de texto non plus, twitter ne m'intéresse pas. Cependant j'utilise la messagerie instantannée depuis plusieurs plusieurs années pour parler avec mes amis proches, et je fais une utilisation assez intensive des flux RSS.
Dans ce dernier cas, j'ai passé à cette technologie pour gagner du temps: à un moment donné, j'aillais visiter 10 à 15 sites plusieurs fois par jours, souvent pour rien. Maintenant, un coup d'oeil à mon agrégateur me fait savoir où il y a une update, et si ça m'intéresse. Le problème, c'est que comme il est plus facile de suivre de sites, j'en suis BEAUCOUP plus. Ainsi, je suis abonné à... *compte*... environ 75 flux. Et j'en ajoute régulièrement.
Enfin, j'ai stické sur un détail de ton billet (difficulté de concentration, peut-être? ;)), qui est aussi très intéressant, dans l'ensemble.
C'était cet article là :
http://www.nytimes.com/2010/01/10/weekinreview/10stone.html
Et non, je n'ai pas lu Pensky. J'en avais entendu parler par contre. Mais je crois que si le fossé génération pré et post Internet était vraiment important, les mini-fossés qui se créent maintenant le sont beaucoup moins. Après tout, même les "vieux" comme nous peuvent piger aisément comme utiliser les moyens instantés. On a juste tendance à les trouver moins utiles.
Pour la concentration, selon ce qu'on m'a appris en psycho au cégep, c'est majoritairement de l'acquis (un enfant commence avec peu de capacité d'attention). D'où l'importance de le développer. Cependant, "anciennement" on le développait en de multiples occasions (jeux improvisés, lectures de loisir), pas juste à l'école...
D'ailleurs, y'a quelque chose qui m'a fait réagir dans cet article : l'idée que les jeunes sont plus créatifs parce que plus habitués aux divertissements interractifs.
Or, me semble que la majorité des programmes dits "interractifs" n'offrent jamais qu'une sélection limitée de choix... et que comme ils sont produits dans une volonté de marketing, les choix sont déterminés par leur aspect "vendeur".
Est-ce que les bons vieux jeux de rôle sur papier inventés pour la génération X n'étaient pas plus créatifs?
@Guillaume : C'est sûr que la catégorie n'est pas tranchée. Je crois que la différence, c'est l'utilisation qu'on en fait. J'utilise souvent la messagerie instantanée, mais pas avec 28 personnes en même temps (comme ma petite soeur le fait). Pour le Flux RSS, c'est un concept inventé par le démon pour m'empêcher de travailler je crois ;p J'y ai goûté, je l'ai banni et là je suis de retour au blogroll ;) La différence, c'est que quelqu'un de 19-20 ans qui n'en utiliserait pas un serait un extra-terrestre.
Merci pour la réf. je vais lire ça.
Comme vous dites Gen et Guillaume, tous le monde utilise différement les technologies auxquelles il a accès (et ce n'est pas tout le monde, même les jeunes, qui a accès aux technos ou gadgets de pointe). A ce niveau, je trouve que le concept de "fracture numérique" est plus juste et plus intéressant à explorer que les "fossés générationels".
@Luc : Ah, intéressante nuance. Mais pour ce qui est de l'accès... je suis toujours surprise de voir des ados avec des gugusses à 400$ pièce (I Pod Touch) dans le métro. Ou même des Blackberries!!!
@Gen: Mets-en, je ne comprends pas comment ils font...
Ça doit être ça le vrai fossé générationel: etre toujours capable de se payer le dernier smartphone avec un paquet d'accessoires et un plan mensuel débile, avec une job à temps partiel. 8-(
@Luc : Facile, ça prend trois ingrédients : pas de loyer, pas d'hypothèque et des parents boomer pour les gâter.
Pendant ce temps-là, j'économise six mois pour changer mon portable... :(
Euh, juste un truc, le fossé est-il vraiment si grand que ça? Après tout, ce que nous faisons ici, par exemple, si ce n'est pas du temps réèl, c'en n'est pas loin quand même. Je publie ce commentaire et il vous est possible de le lire quelques secondes après...
Pour la iGeneration en fait le manque d'attention ne leur est pas propre, ça a commencé dans les années 80-90 avec le zapping à la TV. On regarde une chaine 10 secondes, on passe a la suivante, et on enchaîne sur les 200 suivantes...
Il me semble qu'on essaye ici de créer un "fossé" qui est, à mon avis, non seulement artificiel, mais également tout au plus un maigne ruisseau.
@Alex : Pour avoir travaillé avec des jeunes de 19-20 ans, la différence c'est qu'ici, tu vas pas m'envoyer un autre message dans dix minutes me disant "Pourquoi tu réponds pas?". Tu acceptes le fait que je répondrai quand j'aurai le temps. Les ados, eux, trouvent inacceptable qu'un ami qui est "online" ne réponde pas à leur message dans la minute de la réception.
Mais oui, comme on disait, ça reste un plus petit fossé que la différence entre post et pré Internet.
Et à ce que j'ai lu partout, la différence entre le zapping et la IGeneration, c'est que l'information à la télé n'est pas faite pour être assimilée en 1 minute ou deux. D'habitude, ça marche par bloc d'environ 10 minutes (entre deux pubs).
Sur le Net, il y a énormément d'info faite pour être digérée en moins d'une minute. D'où l'accélération du "zapping".
Et puis, la télé, on la traînait pas dans notre poche...
Une des différences que Pensky notait dans son texte, c'est que selon lui les "digital natives" on une capacité d'attention et d'apprentissage "latérale" (c.a.d. plus adaptée au zapping justement ou a la lecture d'un texte bourré d'hyperlien) et non "linéaire" (cours magistral, regarder une émission de A a Z incluant les pubs et les bouts ennuyants).
L'attitude des jeunes face au cellulaire est la meme que la notre face au téléphne résidentiel: Lorsqu'on téléphone quelqu'un chez lui, et qu'on sait que cette personne est a la maison, on s'attends généralement à ce qu'il réponde. C'est la même chose avec les jeuens générations, sauf que le téléphone est toujous à portée de main...
Aye, qu'est-ce que vous faites là? Comment ça vous m'avez pas encore répondu...
@Luc : lololol! ;) Justement, je me demande quel genre d'adultes ces jeunes-là deviendront. Des fois, c'est le fun d'être injoignable.
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