Je donne plus que ma part d'ateliers de création littéraires depuis deux ans. Pour des adultes, des ados, des retraités, des débutants, des plus-si-débutants, des assez-avancés-que-je-me-demande-ce-qu'ils-font-là, etc.
Et j'en arrive à la conclusion qu'il n'y a qu'un seul interdit dans un atelier de création littéraire :
Il est interdit de ne pas faire le travail.
Vous pouvez le faire plus ou moins sérieusement, vite, à moitié, tout croche, sans respecter la consigne, en vous inspirant lointainement de la consigne ou en oubliant la consigne, mais vous ne pouvez pas éviter complètement de le faire. À la limite, si la consigne, l'exercice, etc, ne vous inspire pas, écrivez pourquoi.
La raison la plus évidente de cet interdit est la suivante : ne pas faire le travail d'atelier, c'est irrespectueux pour les autres participants qui, eux, se placent en position de vulnérabilité en présentant au groupe leur premier jet à peine relu.
La raison la moins connue découle de la nature du milieu littéraire : il est petit et incestueux. Les gens que vous allez rencontrer en atelier, surtout les animateurs et animatrices, ce sont peut-être les mêmes qui, dans un an ou deux, liront vos manuscrits. À tout le moins, ce sont ceux qui se feront demander par un éditeur, entre deux verres, un soir de lancement : "Heille, est-ce que tu as déjà eu X en atelier? J'ai reçu un bon manuscrit de lui, mais je me demande s'il travaille bien, s'il est fiable..."
Bref, vous ne voulez pas avoir l'air d'un lâcheux en atelier, parce qu'on s'en souviendra longtemps. Et on le fera probablement savoir.
J'aimerais dire que ce billet s'inspire d'un cas problématique que j'ai rencontré une fois, mais non, ça commence à être un problème fréquent, surtout avec les plus jeunes. Ils ont tellement peur d'échouer ou de ne pas avoir l'air assez brillant à leur goût qu'ils omettent de faire une partie des exercices (en se trouvant de plus ou moins bonnes excuses).
Et ça m'insulte, bon. C'est en travaillant qu'on devient écrivain.
6 commentaires:
Oui Senseï! Merci Senseï!
Et s'inscrire à un atelier d'écriture et ne pas faire les exercices, c'est disons plutôt futile?
@Prospéryne : Consciente de mes limites, je me présente comme "Senpai" d'habitude et je laisse le sensei à Élisabeth! ;) (même si on dit "Gouroute" d'habitude! lol! ou "bourreau" en fin d'atelier... ;)
@Alain : En effet. Mais, malheureusement, plusieurs personnes semblent se dire "Bah, j'ai payé, alors si je veux pas travailler et me sortir de ma zone de confort, quelle importance? J'apprendrai avec les commentaires faits aux autres!" Mais non, ça marche pas de même!
Oui Senpaï!
(Mais si ça vire au bourreau, on règle ça sur les mats à la fin de l'atelier! :P )
@Prospéryne : Règles MMA, hein? :p
(sifflements!)
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