Je pense que ce qui le plus difficile lorsqu'on est écrivain (ou autre créateur), c'est d'apprendre à gérer ses rêves et ses aspirations.
Quand on crée, on prend nos rêves et on s'en sert comme matériel de base. On les examine sous tous les angles, on imagine leurs répercussions, on construit dessus, on les enfle, on les exagère, bref, on les laisse prendre toute la place.
Mais dans notre "vraie vie", c'est-à-dire quand on est pas en train de créer, il faut faire très attention de ne pas tomber dans le même piège.
On rêvait de publier un roman et ça se concrétise? Il ne faut pas s'imaginer en entrevue à la télé, en récipiendaire du prochain Nobel de littérature, autour de la table des Immortels de l'Académie française ou en tête-à-tête avec Stephen King dans un resto chic et discret du Maine.
Oui, ça pourrait arriver. En théorie. Dans un roman.
Dans la vraie vie, ça n'arrivera probablement pas.
Je crois que si on en est conscient, on deviendra un artiste (relativement) zen, qui accumulera lentement une certaine réputation et, qui sait, un peu d'argent.
Mais si on perd la réalité de vue trop longtemps, si on s'autorise à rêvasser, à espérer le succès, on risque de développer des faux espoirs et d'aller au-devant de grandes déceptions. Il y a tellement de choses que l'artiste ne contrôle pas et qui peuvent influencer son succès!
Ayant commencé ma carrière en me disant que ça ne marcherait jamais et que je n'avais pas ce qui fallait pour réussir, je n'ai pas eu trop de désillusions. Mais, ces jours-ci, je regarde mon chum s'aventurer dans un domaine artistique, pourtant un peu plus facile que la littérature, et j'ai le cœur qui saigne en voyant ses rêves s'écorcher au contact de la réalité.
Ne te décourage pas, mon amour. Tu vas réaliser ton rêve... même s'il se révèle peut-être plus petit que prévu.
(Pour ceux que ça intrigue, mon chum travaille sur un outil destiné à des développeurs de jeux vidéos.)
6 commentaires:
C'est bien gentil de m'encourager! Mais je ne pensais pas donner l'impression de m'illusionner sur l'ampleur que mon projet pourrait prendre. Déjà si j'arrive à vendre mon projet en quelques copies, je vais déjà être très content. :)
J'ai écrit ce billet arès ta découverte de ton compétiteur. Tu étais tellemen déçu que ton idée ne soit pas unique!
Personnellement, je ne m'étais pas imaginé grand chose, alors ça ne me surprend pas tant que ça que ça ne soit pas les millions de ventes. En fait, je me considère chanceuse que mes livres aient eu des critiques et des reviews! Et je continue!
Tu veux être actrice? Hein? Je te vois déjà à Hollywood.
Tu écris, as-tu publié? Oui, ah! Tu es célèbre alors?
Tu joues de la musique? Ah! oui avec Michel Rivard? Tu dois être riche alors!
Mais où a-t-on pris cette façon de voir les artistes-créateurs du milieu culturel?
Pas de nos parents, pas des miens en tout cas. Ni de nos profs à l'école.
N'aie crainte, la réalité nous rattrape assez vite.
Mais jamais les gens qui ne sont pas dans le milieu, on dirait.
@Nomadesse : Je suis comme toi. Mais mon chum est dans un milieu où les "success story" sont beaucoup plus nombreuses qu'en littérature, surtout quand tu as un produit unique. (Et il l'avait... pendant quelques mois)
@ClaudeL : J'ai l'impression que la majorité des gens, qui ne voient que les créateurs les plus riches et les plus connus (ceux qui passent à la télé) divisent les artistes en deux camps :
1- les sans talents qui meurent de faim sans rien accomplir
2- ceux qui ont du succès
Donc dès que tu accomplis quelque chose (jouer dans un film, publier, etc), ils pensent que tu viens de rejoindre la poignée d'artistes-stars. L'existence de tout un milieu d'artistes "moyens" entre ces deux extrêmes est une découverte pour bien des gens. (Honnêtement, ça l'a été pour moi aussi, on m'avait appris que tous les artistes sauf 2 ou 3 étaient dans la catégorie 1!)
Moi, mon père est peintre. Alors je savais depuis longtemps que la majorité des artistes sont dans la catégorie 1. Question d'historique familial. ;)
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