mardi 10 mars 2015

Se perdre en route

J'avais déjà écrit un billet sur la série "House of Cards" (une exclusivité Netflix), dont j'ai adoré la première saison. J'ai dévoré la deuxième saison avec le même appétit.

Et là je viens de regarder la troisième saison et... j'ai cru pendant un moment à une mauvaise blague.

Juste pour être sûre, j'ai regardé à nouveau quelques épisodes de la première saison. La différence est frappante.

Dans les deux premières saisons, le personnage principal, Frank Underwood, brise le 4e mur et parle à la caméra (on aime ou on aime pas, mais dans les circonstances, j'aime). Il manipule les gens grâce à un mélange savamment dosé de flatteries et de menaces. Il s'achète des alliés grâce à des faveurs qui lui demandent peu, mais représentent beaucoup. Underwood est un être ignoble, mais son talent pour l'intrigue et sa maîtrise cynique de la psychologie force l'admiration. Et son amour profond, quoique tordu, pour sa femme, Claire, lui donne juste assez d'humanité pour qu'il reste crédible.

Dans la troisième saison, rien de tout ça n'est présent. Les bris du 4e mur sont anecdotiques et plus la saison avance, moins il y en a. Underwood semble avoir oublié l'usage de la carotte ou l'existence de la psychologie. Il abuse du bâton, ignore les signaux de mécontentement de ses subordonnés et se met à dos tous ses alliés. Y compris sa femme.

C'est mauvais!

Je n'arrive pas à comprendre comment des créateurs peuvent se perdre en route à ce point.

Et ça m'inquiète un peu. Si je n'arrive pas à comprendre comment des auteurs peuvent dévier de la psychologie établie d'un personnage, oublier les éléments qui donnent du cachet à leur histoire, est-ce que ça ne me met pas à risque de vivre un problème semblable?

Hanaken III sort bientôt...

6 commentaires:

Annie Bacon a dit…

Une question s'impose donc: est-ce que l'équipe de scénariste est la même? Des fois, la perte du "story editor" peur faire une différence énorme sur la qualité d'une série!

Nomadesse a dit…

Annie touche un point là: aux USA, les séries sont écrites par des équipes de storyteller et non pas par un auteur comme ici (et surtout pas comme ton livre que tu écris seule). Ces scénaristes changent souvent et leur boss aussi. Je crois que c'est cela qui est arrivé à House of Cards. Dommage.

Luc Dagenais a dit…

Est-ce que la 1ere saison n'était pas basée sur un roman et/ou une série télé britannique, aussi?

Gen a dit…

@Annie et Nomadesse : Selon ce qu'on voit sur Wikipédia, la majorité de l'équipe est la même. Le même auteur principal est en charge. C'est ça qui est étrange.

@Luc : Si j'ai bien compris, techniquement, les trois saisons sont basées sur le roman et la télé série britannique qui s'en inspirait, car la série britannique était une trilogie aussi.

Par contre, comme Netflix a l'air partie pour nous faire une infinitologie, c'est ptêt ce qui explique la perte de ton.

Nomadesse a dit…

J'aime le mot "infinitologie". Parce que je trouve que c'est le problème avec les séries américaines. Je les aime beaucoup au début, puis ça s'effiloche et je me rends compte que ça s'allonge pour rien. Les séries britanniques sont moins pires là-dessus je trouve.

Gen a dit…

@Nomadesse : Parfois les séries américaines ont juste la bonne longueur (The Wire!) mais je t'accorde que c'est rare. Ça arrive quand l'auteur a véritablement un plan dès le départ.

Pour les séries britanniques, je suis d'accord qu'ils tombent moins dans le travers de l'infinitologie (terme qui est né dans un congrès Boréal, alors qu'on parlait des séries de fantastique qui n'en finissent plus). Par contre, la série MI5 est l'exception qui confirme la règle (la première saison est géniale, la seconde est pas pire, puis ça s'effouaire et s'étire).