Des fois, tu lis un texte d'un écrivain et tu le trouves puissant, parce que très noir.
En lisant tu te dis : "Oh boy, c'est misogyne en maudit comme histoire et la vision de la justice est assez œil pour œil, dent pour dent. L'écrivain a dû remuer ben des trucs sombres en lui pour se plonger dans un tel pessimiste et pondre un concept pareil."
Puis tu rencontres l'écrivain. Tu jases avec.
Et tu en arrives à conclusion que non, finalement, l'écrivain n'a pas remué grand chose de sombre en lui pour inventer son concept. Il n'était pas pessimiste dans son texte.
Il EST un redneck misogyne qui croit que les femmes devraient porter des enfants en silence, qu'elles les veuillent ou non, et que tous les criminels devraient être pendus, sans procès de préférence.
Du coup, la valeur du texte et de son concept se retrouve, à mes yeux, plutôt diminuée. Et je n'arrive plus à relire l'œuvre que j'avais appréciée tant que je la pensais pure fiction, parce que là tout ce que j'entends c'est le programme politique de cet écrivain.
Est-ce que je suis la seule à réagir de même? Ou j'ai juste l'esprit de contradiction?
(Non, je ne vais pas nommer l'écrivain... Pas ici en tout cas. On en jasera de vive voix un moment donné! ;)
9 commentaires:
J'espère ne jamais faire le même genre de constat avec un auteur de gore :S
Il y a eut récemment une chronique dans Entertainment Weekly sur les mêmes préoccupations, autour de la Dame du Lac de Marion Zimmer Bradley. L'auteure a été accusée de complicité dans divers crimes sexuels, et les allégations ont grandement changé la manière de voir le livre de plusieurs fans de longue date. C'est très difficile de séparer l'auteur de l'oeuvre!
@Guillaume : Lol! Ouais, en effet!
@Annie : Complicité dans divers crimes sexuels? Hum... Je ne peux pas dire que ça changerait ma façon de voir l'œuvre de Bradley, parce que ce qu'elle raconte dans La Dame du Lac est assez collé sur les mœurs de l'époque pour ne pas avoir l'air de sortir de son imagination.
Mettons que je crois que j'aurais du mal à lire des livres de cet auteur ensuite, parce que je saurais que je ne lis pas vraiment de la fiction...
@Prospéryne : Exactement le problème que j'éprouve en ce moment!
Moi je suis pire que toi: je n'arrive pas à croire que c'est de la fiction en le lisant. J'ai plutôt la tendance inverse donc: je doute de la bonne foi de l'auteur... Surtout quand c'est vraiment très très sombre. Surtout dans les auteurs de fantasy, j'en ai lu tellement des affaires de même que je n'arrive plus à me dire que c'est juste un texte, que c'est juste un texte, etc.
En lisant les chroniques de Gor par exemple... Après quelques livres, je n'arrivais même plus à apprécier l'histoire.
Peut-être que ça paraît quand l'auteur n'est pas tout à fait en accord avec cela? Je pense justement à la suite des Dames du Lac où, oui, il y a des affaires assez terribles. Mais il n'y manque pas de vengeance et de femmes capables de revirer la situation aussi... On comprend alors que si on décrit un monde injuste, l'auteure ne croit pas qu'on soit condamné à y vivre selon les règles.
Ark, Marion, une des mes auteures préférées! Sa fille l'a accusé d'abus. Elle dit que ce sont beaucoup d'enfants gars et fille qui y sont passé... ark!
@Nomadesse : En effet, ça dépend de la façon dont c'est abordé. En fantasy, ça m'est arrivé moi aussi d'avoir l'impression que je lisais les fantasmes d'un auteur. Mais j'avais jamais eu cette impression avec Bradley.
@M : Ark! Parle-moi de détails que je préférais ignorer! :S D'autant plus étonnant que Marion a dénoncé pendant longtemps les pressions sexuelles sociales (elle était lesbienne et ça a été long avant qu'elle ose s'afficher). :(
Je trouve ta réaction normale Geneviève parce que ça change notre perspective de l'oeuvre. De dénonciation d'une situation, elle devient promotion de cette même situation, puisque l'auteur adhère à la vision des choses qu'il présente.
Il est difficile de dissocier oeuvre et auteur, car dès qu'on apprend de quoi sur un auteur, ça crée un filtre entre nous et son oeuvre.
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