Il y a trois ans, j'ai pris un pain à la citrouille chez Starbucks un matin d'automne. Totalement par erreur. Il ne restait plus de pain aux bananes, la caissière s'en est pas aperçue et c'est juste en mordant dedans que je me suis rendue compte :
1- Que c'était pas du pain aux bananes.
2- Que c'était mauditement bon pareil!
Le lendemain matin, j'ai examiné les pains qui étaient vendus par le Starbucks et j'ai compris qu'on m'avait servi du pain à la citrouille.
Comme l'Halloween approchait, j'ai pas perdu de temps : j'ai acheté une citrouille, puis j'ai cherché sur Internet des recettes de pain à la citrouille. (J'ai fini par apprendre que la méthode la plus simple consistait à prendre une recette de pain aux bananes et de remplacer une purée par une autre, en mettant de la muscade dans la recette, parce que citrouille + muscade = menoum!).
Un classique d'octobre était né. Je me suis demandé vaguement à l'époque pourquoi je connaissais personne qui cuisinait sa citrouille d'Halloween au lieu de la découper pour en faire une lanterne puis de la laisser pourrir. J'ai eu un vague souvenir d'avoir déjà vu ma grand-maman retirer patiemment presque toute la chair de la citrouille en laissant l'écorce intacte... mais j'ai jamais vu qui que ce soit se donner un trouble pareil depuis.
Les mois ont passé et j'ai commencé à cuisiner sans gluten. Comme la majorité des sites de recette sans gluten sont anglophones (et qu'ils présentent le gros avantage d'utiliser des mesures impériales, plutôt que des mesures de poids que je trouve impraticables au quotidien), je me suis retrouvée à découvrir la gastronomie canadienne anglaise et américaine : scones, pains irlandais, plats californiens mariant légumes et viandes, pains de maïs, shepherd's pies (essentiellement un pâté chinois, mais où on se permet de varier viande et légumes) et... des tonnes et des tonnes de trucs à la citrouille!
Je le savais pas, mais nos voisins du sud et ceux du ROC adorent la citrouille. Ils en dégustent les graines (rôties avec du piment de la Jamaïque, c'est génial), mangeant la chair en tarte (c'est bon!), en pain (miam!), en soupe (quoique curieusement le meilleur potage à la citrouille que j'aie mangé vient d'un ami Français), en scone, en muffins (avec un glaçage au sirop d'érable, c'est divin!), etc.
Et là je me demande... Mais pourquoi est-ce que nous, Québécois, on n'a pas l'habitude de cuisiner ces plats-là? (Ma grand-maman ayant hérité de sang et de traditions irlandaises, elle a toujours cuisiné des trucs un peu particuliers). Est-ce parce qu'on en a jamais eu l'idée? Parce qu'on a perdu le savoir-faire? Parce que ça a été long avant qu'on fasse pousser des citrouilles au Québec?
Bref, est-ce que quelqu'un peut éclairer ma lanterne?
10 commentaires:
La tradition de cuisiner la citrouille vient essentiellement de Thanksgiving où les Américains vont privilégier la dinde, le maïs et la citrouille, aliments offerts par les Amérindiens aux colons du Mayflower (et les autochtones, s'ils avaient su, auraient mieux fait de les faire crever de faim). Chez nos voisins du sud, en été et automne, il sera fréquent, par exemple, d'avoir un épi de maïs en guise d'accompagnement avec un plat de viande, alors que les Québécois l'apprêtent en une pleine marmitée, tradition héritée de nos épluchettes. Côté citrouille, il s'agissait davantage pour nos ancêtres d'un légume "d'anglais". On peut lire, dans certaines études de l'alimentation au Québec (je te ferai parvenir quelques références, si tu veux) que les seuls Canadiens-Français (j'use du terme d'époque, bien sûr) cultivant la citrouille le faisait pour la vente au marché, principalement à Montréal, et destinée à une clientèle anglophone.
Certes la citrouille se conserve fort longtemps et les graines sont aisées à replanter. Par conséquent, les Canadiens-Français qui en faisaient la culture en gardaient quelques-unes pour eux-mêmes, d'où la tradition, dans certaines familles, de la soupe de citrouille (la traditionnelle, où l'on ajoute patates et carottes). Carrés, tartes, compotes et autres sont des recettes anglaises.
La chair molle à la cuisson de la citrouille se prêtait fort mal aux plats des cultivateurs. En ragoût, par exemple, elle prend une texture désagréable. Elle se marie fort mal aux chaudronnées de fèves et pois. Quant au lard frit, n'y pensez même pas !
Les familles québécoises intégrant la citrouille ont soit du sang anglais, soit descendants de producteurs. Jusqu'aux années 40 où, tout doucement, elle intègre l'assiette québécoise... mais encore trop peu de nos jours
Je trouve aussi cela dommage. Je cuisine aussi ma citrouille, refusant de laisser perdre de la bonne nourriture dehors: en tarte, en galettes, en soupe (dans une soupe miso, ajoute un peu de courge spaghetti, c'est divin!)
Les Japonais ont aussi plusieurs recettes de "cabocha", c'est là que j'ai appris pour ma part...
@Sébastien : Ah, merci pour les références historiques! :) (Historienne mal chaussée : j'ai des bouquins sur l'alimentation des Romains à la maison, mais rien sur les traditions culinaires du Québec! lol! ;)
Je connaissais effectivement l'origine de la tradition américaine, mais je me demandais vraiment pourquoi les Québécois ne les avaient pas adoptées aussi. (Surtout que la citrouille se prête bien aux tartes). Là je comprends : "c'était un truc d'anglais". Tout s'explique! lol! ;)
@Nomadesse : Oui, j'ai des recettes de cabocha japonais. :) Merci pour le truc de la soupe miso, j'essaierai (si je trouve du miso garanti sans gluten). Miam, galettes de citrouille, ça doit être bon ça! :)
Pareil, surtout que le gâteau à la citrouille, le papa de mon chum en fait du bon (en France). C'est un peu comme un gelée dans une pâte, assez sucrée. Et sinon, ils la mettent dans la soupe aux légumes. Mioum.
@idmuse : Oui, les Français, je l'ai constaté, cuisinent beaucoup avec les diverses courges (ça date d'ailleurs du Moyen-Âge, où on ne connaissait que trois sortes de légumes : les racines, les courges et les feuilles). Alors même si la citrouille n'est pas indigène, elle a été rapidement adoptée par la cuisine Française. Et oui, la soupe aux légumes avec de la citrouille : MIAM! :)
Super intéressant, Sébastien, merci! :) Et oui, on peut faire plein de choses avec de la citrouille. L'autre jour j'ai même fait un pouding citrouille chocolat (j'aurais voulu faire du pain mais j'avais pas vu qu'on avait plus d'oeufs), c'était surprenant! :P
@myr_heille : Mmmmm chocolat... ;)
Parce que c'est long et pénible. J'ai encore essayé cette année, Les mains toutes gluantes à tenter de rescaper les graines si nourrissantes (c'est la partie la plus nutritive) à travers les filaments poisseux. Après un temps interminable à essayer de couper la chair coriace de la chose qui me résistait (c'était écrit de la citrouille "en cube" dans la je suis certaine excellente recette que j'avais trouvée). Je me suis alors souvenu, au bout de pas loin d'une heure de travail éreintant, que j'avais déjà fait la même tentative il y a une dizaine d'années. J'ai fini par balancer le tout à la poubelle, non sans culpabilité et suis allée m'acheter une belle grosse boîte de purée de citrouille. Parce que oui, bien cuisinée, elle est bonne la belle citrouille et c'est vrai qu'on peut faire plein de super recettes avec!
@Femme libre : Le truc pour les graines, c'est de mettre la pulpe dans l'eau froide pour en extraire les graines (les graines flottent et la pulpe devient moins gluantes).
Et la méthode pour obtenir de la purée de citrouille, c'est de couper la citrouille en deux (ouais, pas facile, mais quand même plus facile que de l'éplucher), de mettre les moitiés face coupée vers le bas sur une plaque à pâtisserie, puis d'enfourner le tout à 350F, 1h ou plus (jusqu'à ce que la chair ramollisse et se détache quand on la râcle avec une cuillère à pamplemousse). :)
(D'ailleurs, le truc pour la cuisson vaut pour toutes les courges : la plupart sont vraiment dures à éplucher et à couper quand elles sont crues!)
Héhé! J'aurais dû te consulter avant de toucher la citrouille! ;o)
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