Si vous êtes écrivains, vos amis finissent très vite par se classer en deux catégories distinctes : les écrivains et les non écrivains. Souvent, les amis non écrivains sont vos amis de longue date, ceux qui vous ont vu bûcher pour finir par publier et qui ont appris les réalités du milieu littéraire au fur et à mesure que vous les découvriez vous-même. Une fois publié, vous allez souvent, inconsciemment, recruter vos nouveaux amis au sein du milieu littéraire. Pas par snobisme, juste parce qu'on y trouve plein de gens sympathiques, avec lesquels on a des points communs...
Oh et parce que c'est plus simple. Parce qu'une fois qu'on est écrivain, lier une relation d'amitié avec un non écrivain, ça passe toujours par les étapes suivantes :
1- La personne apprend (ça finit toujours par arriver, même si vous tentez de le cacher pour court-circuiter ce qui suit) que vous êtes écrivain. Elle trouve ça cool. (Si elle trouve ça nul, elle ne deviendra probablement pas votre amie...)
2- La personne découvre que vous êtes un écrivain publié. Vous réalisez que c'était pas clair pour elle auparavant. Elle est impressionnée. Elle vous imagine riche ou en voie de l'être.
3- La personne vous achète un de vos livres. Il arrive même qu'elle le lira. Elle va vous dire que c'est bon (si elle aime et que ça finit bien) ou spécial (si elle aime pas ou si elle aime, mais que ça finit mal et qu'elle s'attendait pas à ça de vous). Elle peut aussi le laisser dans sa bibliothèque et dire fièrement qu'elle connaît l'auteur. Ça n'a pas tellement d'importance. (Tant qu'elle n'essaie pas de vous faire croire qu'elle l'a lu alors que c'est pas vrai!)
4- La personne apprend combien vous gagnez réellement avec l'écriture. Et elle se lance alors dans plein de suggestions visant à vous enligner vers les domaines et genres littéraires qui, selon elle, vous permettraient de gagner beaucoup d'argent. Plus elle veut votre bien, plus l'explication des réalités du milieu littéraire risquera de tourner au vinaigre, tandis que la personne s'obstinera dans ses suggestions mal informées. Vous aurez besoin de beaucoup de patience pour la détromper.
5- La personne a développé une tendance à éclater de rire lorsqu'on lui demande si vous vivez de votre plume. Voilà, c'est votre amie.
6- La personne vous présente à son cercle d'amis, tous non écrivains. Et on reprend du début!
Ça m'étonne que personne ait encore publié de "Guide à l'usage des amis de l'écrivain"... Zut, j'vais me faire piquer mon idée! :p
17 commentaires:
Au moins, si tu te fais plagier, ça va être par un écrivain (ou une bibitte prétendant à). Déjà ça, tsé.
C'est incroyable comme le monde du livre est inconnu. Me demande s'il y en a un autre qui lui ressemble?
En écrivant "Guide à l'usage des amis de l'écrivain", tu vas faire beaucoup d'argent!
À condition qu'il y ait pas mal de [truc qui vend en ce moment].
@Guillaume : Mince consolation! ;)
@ClaudeL : Bah, ça doit être pareil dans tous les milieux artistiques.
@Fred : Lolol! Pas sûre moi! ;)
@Guillaume : Menottes? Vampires?
Soit un tantinet plus originale et mélange les deux.
Menottes + Vampires = Menhirs
Voilà.
Mais que j'aime l'idée! Il faut faire quelque chose avec ça! Vite!
@Guillaume : LOLOL!
@Nomadesse : Ok, sans blague, plus on déconne, plus je me dis qu'il y a quelque chose à faire avec ça pour vrai! ;)
"Menottes, vampires et le pouvoir inexploité des pierres: tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur vos amis écrivains sans jamais oser le demander", en une infinitologie de volumes, bien sûr.
@Luc : Ah là, je suis soudainement moins emballée! :p
Hé! Un truc de vampires sado-maso, ça aurait peut-être de l'avenir, quand même... (Isa qui réfléchit) LOL ;)
La drôle de question qui me revient souvent des non-écrivains et là-dessus je soupçonne la grande part médiatique accordée au éditeurs à compte d'auteur ou d'auto-publication :
Ça te coûte tu ben cher te faire publier ?
Et là je dois expliquer que non, ça coûte rien quand on publie professionnellement avec des éditeurs reconnus et qu'au contraire, on me paie des droits (même si c'est pas beaucoup). J'en reviens pas à toutes les fois. N'importe qui peut publier avec des sous (beaucoup!) et une maison d'édition qui offre peu de diffusion et pas beaucoup de reconnaissance professionnelle. Quand on a travaillé fort pour se faire publier professionnellement, ce genre de question peut être insultant.
Mais bon, on prend avec un grain de sel et on explique ce milieu tellement méconnu. Ma tite montée de lait.
@Isa : Je te le laisse! ;)
@Kevin : Ah, tiens, on me l'a jamais posée celle-là. Mais je comprends qu'en effet, quand on a bûché ce qu'il fallait pour être publié professionnellement, ça doit être insultant de voir nos livres confondus avec des comptes d'auteur! :S
Quelques questions (parmis tant d'autres) qu'on m'a posé quand j'ai fait mon coming-out d'auteur à mes consoeurs:
A) combien j'avais de maisons (et non pas si j'avais une maison.)
B) est-ce que je connais personnellement tel ou tel auteur vedette et si oui, s'il y a moyen d'organiser un souper avec lui.
C) dans combien de langues j'étais traduit (et non pas si j'étais traduit)
D) si c'est possible d'avoir des Alire gratuits par moi (bien sûr, des Sénécal dédicacés, rien de moins...)
...
Je pourrais en ajouter beaucoup. J'ai tellement ri ! Et au fur et à mesure que j'expliquais en quoi consiste ce travail, j'ai lentement passé par les étapes 2, 3 et 4 décrites ci-haut...
@Sébas : Hum... J'ai l'impression que mes amis sont plus réalistes que les tiens! ;) (Et/ou moins profiteurs : achetez vos livres comme tout le monde!)
Je te souhaite que quelques uns atteignent l'étape 5! ;)
Les consoeurs étudiantes du BÉPEP, c'est pas tellement des amies... mes vrais amis n'ont pas fait ça ;)
J'ai trop peur de finir par croire à mes histoires magiques...
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