Le numéro 180 marque le 37e anniversaire de Solaris, faisant ainsi de lui la revue littéaire ayant connu la plus longue longévité (ouille, ça sonne vraiment pas bien ça, mais c'est quand même important de le souligner). La rédaction ayant voulu marquer cette étape, nous avons droit à un récapitulatif des dernières années de Solaris et à une anticipation de ce que pourra être son avenir. Je note au passage que j'apparais dans le récapitulatif en tant que membre de la relève (Joël a dû se douter que j'arrêterais pas de le bombarder de textes à lire! hihihi) et que Jean Pettigrew, dans son anticipation des prochaines années, ne parle pas d'augmenter le salaire des auteurs... :p
Le sommaire des fictions (la raison pour laquelle j'achète des Solaris) s'ouvre avec "Le substitut" de Josée Lépire, nouvelle gagnante du Prix Solaris 2011. On y suit les aventures d'une mère véritablement indigne, prête à tout pour quitter la Terre appauvrie, même à échanger son enfant pour un autre. Ça se lit tout seul, mais la fin n'est pas aussi dramatique que je l'aurais pensé. Quoique...
La nouvelle suivante, "Qui êtes-vous Ekaterina Eulenburg?" d'Alain Bergeon, est l'un de mes coups de coeur de ce numéro. Prenez l'ambiance de la Russie totalitaire, transposez-la dans un space opera, ajoutez la quête d'un militaire pour une mystérieuse jeune femme et régalez-vous du résultat!
"Lettre à mon arrière-arrière-grand-père" de Mario Tessier m'a laissée un peu plus froide. Peut-être parce que ce qui y est décrit s'étale sur tellement de génération que soit : a) mon cerveau étriqué en a eu le vertige et n'a pas pu en apprécier l'ampleur ou b) mon cerveau d'historienne n'a pas voulu croire à une si longue survie de sociétés.
Mon autre coup de coeur est "Greg Waverly" de Yves Meynard. En effet, quand on possède une bibliothèque un peu trop bien garnie, il est difficile de ne pas se sentir tout de suite au diapason de ce personnage qui découvre une étrange infection au sein de sa collection de livres.
Si "La Petite Brune aux yeux verts" d'Hugues Morin m'a vraiment plu au départ, avec une ambiance qui donnait presque l'impression d'un de ces films en noir et blanc où seuls quelques détails ressortent en couleur, j'ai été un peu déçue par la finale, vraiment classique.
Pour ce qui est de "L'amour au temps des chimères" d'Élisabeth Vonarburg, c'est une variation classique sur les thèmes favoris d'Élisabeth. On y retrouve une ambiance flottante, une plume poétique et la question de la mutation des êtres. Un texte qui ne surprend pas quand on connaît bien la Grande Dame, mais une belle façon de la découvrir si ce n'est pas le cas.
Mario Tessier reprend la plume une seconde fois pour nous donner "L'hypothèse de Sapir-Wolf ou c'est double plus bon en SF", un autre Carnet du Futurible. Dans cette article fort intéressant, quoiqu'un peu touffu (comme beaucoup de Carnets), Mario Tessier nous explique comment l'hypothèse de Sapir-Wolf a été utilisée (et parfois détournée) en SF. Bon, pour ceux qui auraient pas fait d'études en linguistiques comparées (ou en langues mortes) je résume : en gros, l'hypothèse veut que "la langue d'une société humaine donnée organise l'expérience des membres de cette société et par conséquent façonne son monde et sa réalité". Comme pour tout énoncé relatif aux sciences humaines, ce n'est pas à 100% exact, mais c'est pas tout à fait faux non plus (si vous saviez tous les usages que les Romains avaient trouvé au terme "guerre", vous comprendriez que c'est bien la seule chose qu'ils avaient en tête...). Et ça a généré de fort bonnes histoires, dont nous parle Mario Tessier... "1984", entre autre, pour ceux qui auraient pas reconnu la référence... ;)
Au final, un numéro très satisfaisant, qui nous entraîne dans des ambiances et des styles variés. Une belle façon de souligner le 37e anniversaire de la revue.
(Lecture 2011 #48)
1 commentaire:
Oui, j'ai beaucoup aimé ce numéro moi aussi! :D
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