jeudi 20 octobre 2011

Toulouse Polars du Sud

Allez, je me botte le derrière (je me connais : reprendre la routine me fais toujours du bien) et je commence le compte rendu de mon voyage en France, à destination du festival du roman policier de Toulouse, nommé « Polars du sud ». Voyage qui, soit dit en passant, a été en partie payé par le Consulat de France à Québec (et je les en remercie chaleureusement) et en partie par l’argent du Prix Alibis, ainsi que par la petite bourse reçue de ma MRC. Bref, un voyage 100% financé par l’écriture. Vous m’auriez dit que je pourrais me payer ça avant mes trente ans, je vous aurais pas cru!

On a donc décollé de Montréal, pour atterrir à Toulouse, après un changement d’avion à Paris. C’était mon premier voyage en avion et j’ai découvert que j’adorais ça. Au moment où tous mes voisins de banc se sont crispés sur leur siège parce que l’avion venait de quitter terre, moi j’ai eu l’impression de m’envoler et je souriais. En plus, je crois que j’ai été génétiquement conçue pour trouver les avions spacieux! Alors si on oublie notre stress constant de manquer une indication et de ne pas embarquer à temps sur nos vols, on s’est rendus sans problème.

À Toulouse, on a été pris en charge par les gens du festival, une gang vraiment chaleureuse et généreuse (en arrivant, la première chose qu’on s’est fait dire, dans ce superbe accent méridional, c’est : « assoyez-vous et prenez un coup de rouge »… y’a pas de doute : on était en France!). J’étais la seule représentante de la maison Alire à Toulouse, mais je ne me suis pas sentie seule une minute. On m’a présentée aux organisateurs et, le lendemain de notre arrivée, le festival a commencé. Tous les auteurs étaient logés au même hôtel et, pendant tous le festival, auteurs, conjoints, organisateurs et bénévoles prenaient leurs repas en commun (généreusement arrosés de Fronton, le cépage local), ce qui créait une ambiance festive et très conviviale.

Au festival, mon travail était au fond très simple : m’asseoir derrière ma table de vente, devant la trentaine d’Alibis et les quelques Solaris amenés dans ma valise, et parler de la revue aux gens intéressés. J’avais aussi, en théorie, une entrevue à donner, mais entrevues et tables-rondes n’attirant pas un grand public, celle-ci fut annulée.

La majorité des Français rencontrés ont trouvé mon accent charmant et exotique (entendons-nous : je l’avais soigneusement aplani et débarrassé des expressions les plus incompréhensibles pour leurs oreilles), alors ils étaient très contents de me parler et de me faire parler. À peu près 50% du temps, j’arrivais à leur vendre une revue. J’avais plusieurs gros avantages dans mon entreprise de vente : de un, je revenais du Salon du Saguenay où j’avais eu le temps d’apprendre l’art d’harponner un client; de deux, c’est facile de vendre un produit auquel on croit; et de trois, il n’y avait pas tellement d’autres nouvelles policières de disponible alors j’occupais le créneau à moi toute seule.

Bon, une partie des Français trouvaient mon français curieux, l’un m’a parlé en anglais (tant qu’à moi y’a rien de plus incompréhensible qu’un Français qui parle anglais… pourquoi est-ce qu’ils s’obstinent à garder leur accent?) et j’ai eu droit aux remarques classiques « C’est pas tout à fait la même langue » et « C’est comme du français abâtardi ». Je m’en suis vengée en prenant des photos d’affiches annonçant fièrement des « Prix discount » et en passant du temps avec les auteurs anglophones qui, eux, appréciaient énormément mon bilinguisme et n’en avaient rien à foutre de mon accent, dans aucune des deux langues!

Bref, la partie « salon » de mon voyage s’est vraiment bien déroulée, dans la rigolade (parfois avec les Français, parfois dans leur dos) et la bonne humeur. Toulouse est une ville superbe où les gens prennent le temps de vivre, même s'ils mangent leur repas du soir vraiment trop tard pour mon goût!!! (9h, c'est pas une heure pour se mettre à table!)

8 commentaires:

Audrey a dit…

Ahaha, tu m'as fait trop rire ! Pourquoi est-ce qu'on garde notre accent quand on parle anglais ? Je crois que c'est génétique ! Même après 6 ans au Québec et avoir développé un accent franco-québécois, dès que je parle anglais, tout le monde sait que je suis Française, je n'arrive pas à m'en débarrasser ! Du côté, je suis toujours volontaire pour écrire/lire en anglais mais jamais parler !
Contente que le salon de Toulouse t'ait plu !

ClaudeL a dit…

Contente, contente, j'adore lire les comptes-rendus de voyage. Les Français ne changent pas à ce que je lis, mais je les aime quand même.
Je retiens surtout une chose: "comment harponner un client" tu nous apprends, dis? Si possible, avant le 20 novembre, jour où je serai au Salon du livre de Montréal.

Prospéryne a dit…

Génial, tu as l'air d'avoir fait un très beau voyage! Pour l'accent, on dirait que c'est tout le temps ce que les français remarquent en premier chez tous les autres francophones du monde, comme si eux n'en avait pas, d'accent! Hihihi! Ne t'en fais, moi je ne trouve pas que tu as un accent :P

Gen a dit…

@Audrey : Le pire, c'est que j'ai entendu un Français se moquer d'une Française qui venait de prononcer une phrase tout à fait correctement! À n'y rien comprendre. Et en plus, toute la musique qu'on a entendue là-bas était en anglais. Comment peut-on aimer une langue et la massacrer à ce point? lol!

@ClaudeL : Je les aime aussi, mais à quelques pas de distance, svp, pour la plupart. Le déodorant est en vente dans les magasins, mais l'usage est pas encore général on dirait... Je pensais que c'était un préjugé, mais non, malheureusement, y'avait encore une proportion non négligeable des Français qui sentaient... euh... pas la rose!

@Prospéryne : J'ai d'ailleurs discuté à ce sujet avec les anglophones : en anglais, les accents et les régionalismes sont considérés comme des richesses et des particularités, mais personne ne va dire à un autre "c'est pas de l'anglais ce que tu parles".

Le plus drôle a été de me faire dire "oulà l'accent!" par un gars de Bretagne, alors qu'à côté de moi discutaient un gars de Paris (un vrai de vrai Parigot à l'ancienne) et un Marseillais. Euh, s'cusez, mais j'avais pas l'impression de parler de façon plus "caractérisée"! lolol!

Anonyme a dit…

Tu sembles avoir eu un excellent voyage. Dis donc, du Saguenay à Toulouse, tu en fais du chemin !!! Lol ! As-tu mangé un bon cassoulet ?

Caro Lacroix

Gen a dit…

@Caro : Ouaip, du Saguenay à Toulouse, dans la même semaine! Mettons que j'ai eu le sentiment de vivre dans mes valises pendant un bout de temps!

Pour le cassoulet... c'est divin ce truc! Sauf que mautadine que j'ai eu de la misère à digérer pendant mes dix jours en France. Mon foie est pas fait pour absorber toute cette matière grasse!

Isabelle Lauzon a dit…

Super, j'ai eu la réponse à la majorité de mes questions! :D

Hum, pas facile, ces questions d'accent... Est-ce que c'est moi, ou bien nous sommes plus tolérants en général au Québec avec les accents? On ne dit pas aux gens "putain, j'y comprends rien!" ;) On se force, on s'accommode, on essaie de comprendre... Non?

Gen a dit…

@Isa : Après discussion avec des gens d'un peu partout, je dirais que le monde entier est plus tolérant que les Français à propos des accents. Et oui, ici, on est particulièrement pleins de bonne volonté! ;p