Rappel aux étourdis : Gen est en vacances, ce billet est écrit par Luc dit L'archiviste.
La plupart du temps, lorsque j’annonce à quelqu’un que je suis archiviste, j’ai droit à des regards d’ennui («Archiviste? BoOoring!»), de pitié («Archiviste? Mes sympathies et merci de te sacrifier pour nous») ou d’effroi («Archiviste? Ai-je quelque chose à me reprocher? Tout d’un coup qu’il serait ici pour m’annoncer une punition administrative celui-là? Nooonnnn! Je ne veux pas finir ma carrière aux archives dans le sous-sol!»)
Ces réactions sont bien meilleures que celles que j’obtenais quand j’étais agent d’assurance de dommages (je vous laisse imaginer), mais être archiviste c’est tout sauf ennuyeux. Pour vous le prouver, je vous fais ici mon palmarès des documents et artefacts fascinants ou inusités que j’ai été appelé à manipuler et à archiver au cours de ma carrière.
10. Puisque je suis un peu geek, je vais mettre en 10e position tous les vieux documents «technologiques» ou informatiques auxquels j’ai eu affaire : disquettes 5 ¼, logiciels sur cartes perforées, vieux laptop du début des années 90, manuel d’ordinateur IBM de la fin des années 50, etc.
9. Travailler à l’endroit même où jadis Marcel Talon essayait de réussir le coup du siècle. OK, ce n’est pas un document à proprement parler, mais c’est trippant pareil, bon !
8. Des chroniques d’époque relatant la fuite des amérindiens Pieds-Noirs à la suite des guerres indiennes.
7. Une corde de pendu (ayant servi).
6. Des documents du XVIIe (certains signés par Frontenac, d’autres par De Maisonneuve et LeMoyne).
5. Des faux seins (pas des prothèses de silicone, de « vrais » faux seins, ronds, couleur chair, avec mamelons bien dessinés).
4. Un morceau de marqueterie d’un mur du bunker d’Hitler.
3. De l’uranium (non raffiné, quand même!).
2. Un Oscar (je vous en parlerai plus en détail mercredi).
1. Un costume de mascotte ! (Woohoo ! Ça aussi je vous en reparlerai).
Avouez, être archiviste c’est plus rock’n roll que vous ne le pensiez. En plus, sachez qu’on n’est pas méchant et qu’on emprisonne rarement nos collègues dans les sous-sols humides et poussiéreux (question de sécurité, on évite d’y entreposer là les archives de toute façon) pour faire notre boulot à notre place…
L'archiviste
9 commentaires:
Wow! Qui aurait cru que le boulot d'archiviste pouvait être aussi passionnant... J'aime bien la corde de pendu, macabre à souhait! Et l'histoire des faux seins... hein? C'était à qui ça?
Une question : est-ce qu'avec ces artéfacts, tu as accès à l'histoire qui les concerne?
Et c'est une autre façon d'apprendre l'histoire, de conserver le patrimoine. Si j'avais eu à choisir, j'aurais préféré bibliothécaire, mais tout de même, archiviste, non, c'est bien.
J'étais bien contente que les Archives nationales existent quand mon père est décédé, je n'aurais vraiment pas su où laisser tous les documents qu'il avais amassés.
Quoi, ne me dis pas que tu as tripoté mon vieux PowerBook datant de 1991???? Hein! :P
Une question, Luc: tout ça n'appartient pas aux archives de la Banque de Montréal, hein? Tu nous présentes ton palmarès «à vie»?
@ Claude L.: moi je suis bibliothécaire de formation, mais j'ai préféré écrivain...
Un morceau du bunker ? Yowzie ! Il y a ds visites guidées ?
oups, en relisant les commentaires des autres et donc le mien... petite faute "qu'il avait amassés".
@Daniel : Oui, c’est mon palmarès à vie, à ce jour. Jusqu’à maintenant, en tant qu’archiviste j’ai travaillé pour une société d’histoire, une congrégation religieuse, un cirque, un artiste/cinéaste, une société d’État et une banque.
@Isabelle : Les faux seins n’étaient pas à personne en particulier, c’était des morceaux de costumes, mais très réalistes ! 8ob… LOL.
Pour l’histoire des artefacts, c’est vraiment au cas par cas, mais souvent oui, on a certains éléments d’histoire qui s’y rattachent. Éléments que l’on consigne dans une base de données pour usage futur.
@ClaudeL : bibliothécaire, archiviste et muséologue sont des professions qui se rejoignent en quelque sorte. C’est génial pour les archives de votre père. Dans des situations pareilles, trop de gens jettent « toutes ces vieilles affaires » aux poubelles sans prendre le temps de réfléchir à la richesse documentaire et patrimoniale qu’ils ont entre les mains.
@Prospéryne : Nah… je pense pas ; ce n’était pas des Macs. ;)
@Richard : si tu es vraiment intéressé, ça peut s’arranger.
Donc, si je comprends bien, c'est un peu comme fouiller dans un vieux grenier : on sait jamais sur quoi on va tomber... ;)
@Isa : Exact. Même si la plupart du temps, c’est plus commode d’avoir un bordereau de transfert bien rempli avec une description détaillée de ce que l’on reçoit, c’est plus excitant d’ouvrir une boîte et de ne pas savoir ce qu’il va y avoir dedans.
Remarque c’est différent pour un archiviste qui ne traite que des documents administratifs courants : recevoir une boîte toute en désordre, ne contenant que des factures datant du mois dernier c’est juste enrageant, alors que pour un archiviste qui traite de « l’historique » (comme moi), recevoir une boîte de correspondance du XIX siècle, en désordre, c’est trippant.
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