jeudi 15 septembre 2011

L'indulgence

Puisqu'on parlait de films... Combien de fois avez-vous rigolé devant un film en voyant se dessiner à l'horizon une "scène obligée"? (Par exemple le moment où, dans un film d'action, la jolie fille aide le héros à panser ses blessures, ce qui donne lieu à un moment de rapprochement, avec soudaine vulnérabilité de la part du héros? Ou alors le moment dans les films où le héros se retrouve impliqué personnellement et décide de "prendre les choses en main", parce que le méchant a enlevé ou tué son ami/ sa femme/ un de ses enfants/ son frère, etc...) Pensez à vos fils préférés : ils contiennent probablement plusieurs de ces scènes.

Maintenant, la question que je me pose, c'est pourquoi on est aussi indulgent avec les scènes clichées au cinéma, alors que dans un bouquin quand on les voit arriver des pages à l'avance, on a juste envie de refermer le livre et de ne plus jamais y toucher?

Parce que le film dure au plus 3 heures et ne nous demande aucun effort, alors on veut bien lui pardonner quelques défauts?

Parce que le livre nous demande du temps et de l'effort et qu'on voudrait vraiment que l'écrivain se soit forcé lui aussi?

Parce que le cinéma n'a pas le choix de recourir au cliché pour nous en raconter beaucoup en peu de temps, alors que le livre n'a pas d'excuse?

Ou alors vous n'avez pas de semblable indulgence, même envers les films, et je suis encore en train de me casser la tête pour rien? :p

13 commentaires:

Isabelle Simard a dit…

Je dirais que ça dépend comme c'est fait. Je vois dans ma tête plusieurs de ces scènes dans certains livres que j'ai lu et tout dépendant comment c'est amené, je l'accepte.
Le cliché peut servir le texte alors que dans d'autre situation ça nuit. Je pense à un livre que j'ai lu et les créatures fantastique était hyperstéréotypé, ça m'a énormément dérangé et dommage, l'histoire était bien pensé. Alors que dans les Charlaine Harris, ça pue le stéréotype, mais c'est tellement bien écrit que ça passe comme dans du beurre.

Vincent a dit…

Personellement, plus je vois de films, moins je suis indulgent avec les scènes clichées. En fait, je pense que ça dépend du ton du film. Pour un film "pop-corn", ce n'est pas tellement important, surtout si le cliché est évident et pratiquement tourné en blague. Pour un film qui se veut un peu plus sérieux et dramatique, la scène clichée peut briser le ton du film et me faire décrocher complètement.

Maintenant, la relation entre effort-cliché, je ne la vois pas trop. Peut-être que pour un texte, le ton du récit dépend plus du lecteur que pour le ton d'un film qui est simplement donné? Donc, étant donné que le ton du récit est animé par le lecteur, la scène clichée est plus susceptible de faire décrocher des lecteurs qui interprètent un ton plus sérieux?

Enfin, tout ça en assumant que c'est parce que ça fait décrocher du récit. Je me demande ce les autres lecteurs du blogue en pensent...

Gen a dit…

@Isabelle : Ben pour moi Harris passe pas non plus! ;)

@Vincent : T'as peut-être un élément de la réponse avec cette histoire de ton... Mais les clichés me font pas juste décrocher du récit : des fois je les prends comme des insultes personnelles! lol! (réflexe habituel de "pourquoi lui et pas moi!?!" ;)

Isabelle Simard a dit…

Je suis d'accord avec Vincent, dans un roman bit-lit ou un romatic fantasy ou une drame, genre Harris, Alyson Noël ou un Laberge, ça passe bien. Le cliché sert le récit et la lectrice va aussi l'attendre. Elle veut sa scène romantique et elle sera déçue si elle ne l'a pas. Rien de pire que l'histoire romantique qui n'aboutit nulle part.

Je ne suis pas certaine que ça passerait chez Sénécal par exemple. Le ton et le style ne s'y prête pas. Par contre, ce sera d'autres clichés qui serviront par exemple, je pense à 5150 rue des Ormes où le prisonnier devient sympathique envers ses géoliers.

Le ton et le style influent beaucoup sur la perception du lecteur et détermine ce qui passe et ne passe pas.

Gen a dit…

@Isabelle : Faut distinguer le "cliché" du "nécessaire" par contre. La scène romantique dans le roman de bit lit, ok. La scène romantique avec déclarations grandiloquentes qui survient juste après que la pauvre demoiselle ait failli se faire agresser et que le gars l'a sauvée, j'suis moins chaude...

Venom of the Ninja Master a dit…

Pcq au cinéma le scrypte c'est pas 100% du médium.
Puis lire des romans en gang ça pas le même impact qu'un film de Steven Seagal.

Pat a dit…

Je n'ai pas beaucoup plus d'indulgence pour les films...

Mais je crois que tu approches de la réponse quand tu écris que le cinéma n'a pas le «choix» de recourir au cliché, contraint par le temps et l'espace.

En ce qui concerne l'indulgence, tout dépend de l'habileté de l'armée d'ouvriers derrière la bobine de film... Le pauvre écrivain, seul dans sa caverne, lui, n'a pas d'excuse, en effet ;)

Gen a dit…

@Venom of the Ninja Master (dont je ne révélerai pas l'identité... ;) : Effectivement, l'aspect "rire en gang" n'est pas présent dans les livres!

@Pat : Pourtant, avec la logique du cliché, ça voudrait dire qu'on y recourrait plus dans les nouvelles... or, ce n'est pas le cas. (Ce qui explique peut-être pourquoi on fait souvent de très bons films grâce à des nouvelles).

Pat a dit…

Hum... pas le même type de contraintes, je crois. La nouvelle, c'est un instantané. Plus souvent qu'autrement un morceau d'histoire. Un punch.

Comme les films courts. Dans lesquels on retrouve peu de «clichés» non plus.

Pas le même genre de «pas le temps de», à mon avis. Le format court force une certaine originalité.

Gen a dit…

@Pat : J'pense que c'est aussi une question d'intention... mais bon... la réponse à ma question "pourquoi est-on plus indulgent envers les films" tiens peut-être juste à : "plus dur de manger du popcorn en tenant un livre" :p

Isabelle Lauzon a dit…

Ben, ça salit les pages, des doigts plein de beurre et de sel... ;)

Lordius a dit…

Parce qu'au ciné, une fois qu'on y est, autant rester jusqu'au bout :-)

Gen a dit…

@Isa : Tout à fait! ;)

@Lordius : lol! Oui, au prix que ça coûte de nos jours, y'a de ça je suppose!