Alors que je retravaillais "Ce qui reste de l'ange" sous la direction de Joël Champetier, celui-ci m'a, mine de rien, ouvert tout un monde côté écriture : celui du langage cinématographique. En effet, Joël m'avait suggéré de faire un "zoom in" avec ma description du début du texte.
Sur le coup, j'ai eu du mal à m'exécuter. Puis, j'ai compris ce qu'il voulait dire. J'ai commencé ma description de façon large : la basilique, le soleil, puis le parvis, puis la statue, puis le personnage. Voilà : "zoom in".
Évidemment, mon esprit a rapidement compris les implications : si on peut faire un "zoom in" en décrivant, on peut aussi faire un "zoom out"... et des "travelling", des scènes plus ou moins en focus (en donnant plus ou moins de détails), des plans partiels (la vue de celui qui décrit étant bloquée par quelque chose), des fondus au noir (ok, celui-là j'essaie encore d'y arriver). En plus, contrairement au cinéaste qui ne peut exécuter son art que sur des éléments visuels, en tant qu'écrivain on peut appliquer le même procédé à toutes les descriptions.
Par exemple : un personnage peut penser que tout le monde se révolte sur la planète, qu'il y a des gens qui parlent de renverser le gouvernement de son pays, qu'à son bureau le patron va bientôt avoir une mutinerie sur les bras, qu'il en a marre d'obéir au doigt et à l'oeil à sa femme. Et voilà : "zoom in" sur des pensées.
Bon, vous allez me dire que c'est pas si révolutionnaire, qu'on le fait souvent naturellement, sans y penser.
J'suis parfaitement d'accord, mais des fois, quand on décide d'essayer de faire quelque chose consciemment, ça nous amène à exploiter une histoire de façon différente. En tout cas, pour moi, ça marche comme ça... Alors je partage! :)
14 commentaires:
À l'atelier d'écriture de l'École de Mont-Laurier, Bernadette Renaud nous avait parlé aussi de cette perspective: du grand au petit ou vice-versa.
Sans le savoir, je l'avais utilisée dans le manuscrit que j'avais apporté à cet atelier: le pays, le comté, le village et pourtant, cette même animatrice me disait de commencer tout de suite par le personnage. Je ne l'ai pas écoutée, honnnn!
J'aime beaucoup les parallèles entre l'écriture et le cinéma. Alors, merci pour ce billet.
Beau billet, je n'avais pas vu ça sous cette perspective.
- Michel
Pour les meilleurs "zoom-in" en ouverture de roman, il faut lire Balzac. Il l'a fait souvent, mais je me rappelle de un en particulier ou il commence avec un survol de la ville (Paris) et zoom jusqu'a la main de son perso princ...
@ClaudeL : Ça ne s'applique pas tout le temps, mais des fois c'est agréable. Ttttt, vilaine fille qui n'a pas écoutée sa monitrice d'atelier! ;)
@Sylvie : Je visualise beaucoup mes scènes en écrivant, alors quand on m'a expliqué le concept de l'intégration des "mouvements" de caméra, ça a été tout un déclencheur de créativité pour moi!
@Michel : Objectif : faire découvrir ce concept à au moins une personne... Check!
@Luc : Je sais pas si tu pensais au même, mais il commence Notre-Dame de Paris comme ça... sauf que ça dure ben trop longtemps!!!
Notre Dame de Paris, c'est Hugo ;)
@Philippe : Y'a fallu que je relise le commentaire de Luc : j'pensais réellement qu'il avait dit "Hugo" (probablement parce que son "Paris à vol d'oiseau" m'est aussitôt venu en tête). J'vais aller me servir un autre café avant de mourir de honte! :p
@Luc : Asteure que Philippe attire mon attention et que je lis comme il faut, j'vais devoir admettre que j'ai pas lu plus que quelques extraits de Balzac. Je sais pas pourquoi, mais mes profs de littérature semblaient l'avoir en grippe.
@Gen: Moi non plus je m'en ai pas lu des tonnes: 3 ou 4, ce qui sur le lot n'est vraiment pas beaucoup.
Hé! C'est drôle, j'ai justement utilisé en quelque sorte cette méthode aujourd'hui, sans le savoir! En décrivant une pièce de loin, puis en m'approchant lentement du personnage... Maintenant que tu m'as allumé cette lumière, je vais revoir ce passage pour l'améliorer de façon plus consciente... Merci Gen! ;)
@Luc : J'avais un prof de littérature qui disait que même Balzac n'avait pas lu tout Balzac! ;p
@Isa : Lol! Ah, synchronicité quand tu nous tiens!
@Gen: Ahahah! Elle est bonne! Je suis justement en train de me renseigner sur lui pour un projet, et j'ai trouvé cet extrait ou il décrit son horaire de travail:
"Travailler, c'est me lever tous les soirs à minuit, écrire jusqu'à huit heures, déjeuner en un quart d'heure, travailler jusqu'à cinq heures, dîner et recommencer le lendemain! De ce travail, il sort cinq volumes en quarante jours!"
Ouf!
@Luc : Ah tiens, à part l'heure de lever, on dirait qu'on a les mêmes horaires... mais que je suis nettement moins productive! :P
Merci Gen de m'ouvrir aussi à ces effets cinématographiques. Je retourne de ce pas consulter mes textes pour voir si je l'ai fait ou pas, mais certainement jamais consciemment. Mais pour moi aussi c'est une idée qui stimule mon imagination, puisque je conçois souvent mes scènes comme au cinéma, de façon très visuelle. Un truc de plus, on va le prendre!
@Hélène : Je pense qu'on reste des enfants de la télé : moi aussi je conçois beaucoup mes scènes de façon visuelle. Et les effets créés volontairement sont toujours plus forts!
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