dimanche 17 octobre 2010

L'Opéra de Quat'sous au TNM

Environ une fois par année, Vincent et moi nous payons une sortie au théâtre. D'ordinaire, on choisit une pièce classique, au Théâtre du Nouveau Monde. Pourquoi un classique? Tout simplement pour être sûrs de ne pas être déçus. Pourquoi au TNM? Parce qu'ils ont du budget. Oui, je sais, on peut faire des pièces fantastiques avec des cubes de bois peints en noir et des comédiens habillés en collants. Je le sais, j'en ai fait et j'en ai vu au cégep. Sauf que tant qu'à sortir au théâtre une fois par année, on a envie de voir la grande magie du théâtre : des éclairages astucieux, des costumes à couper le souffle, des décors intelligents, une mise en scène à grand déploiement, des comédiens nombreux...

Cette année, un peu par hasard, j'ai décidé que nous irions voir l'Opéra de Quat'sous de Bretch. Bon, ce n'est qu'après avoir réservé les billets que j'ai réalisé que la pièce s'apparentait plus à la comédie musicale (genre que nous n'aimons pas beaucoup) qu'au théâtre. Peu importe, me suis-je dit. C'est Bretch. Et c'est le TNM. Ils vont bien réussir à faire de quoi d'intéressant avec ça...

Erreur.

En 15 ans de fréquentation du TNM, je n'ai jamais été aussi déçue par une pièce. Premièrement, l'histoire de l'Opéra de Quat'sous est faible et l'intrigue manque de ressort. Donc, il faut que la performance sur scène rachète l'histoire. Malheureusement, ça n'a pas été le cas hier soir.

Le texte français donnait une impression de maladresse et de manque de naturel, avec des changements de registre de langue inexplicables au sein des répliques d'un même personnage. Les comédiens criaient au lieu de projeter leur voix. La mise en scène était lourde, burlesque et répétitive. La plupart du temps, les didascalies (les indications de mise en scène incluses dans le texte de la pièce) nous étaient données par les comédiens. Chaque chanson était donc annoncée, ce qui les empêchait de se fondre dans l'action et coupait constamment le rythme de la pièce. (Par exemple, à un moment, une comédienne a pris le micro et nous a annoncé "Grâce à une chanson, Polly fait comprendre à ses parents qu'elle est bel et bien mariée à Mac", puis elle nous a chanté ladite chanson! Ben là, on avait compris, merci.)

Les décors étaient corrects et les costumes correspondaient à l'ambiance, mais ils manquaient de finition et caractérisaient peu les personnages. Les éclairages étaient très peu subtils. Finalement, le recours à des micros durant les chansons était décevant. On ne va pas au théâtre pour entendre des voix métallisées par un micro. On va au théâtre pour voir vivre des comédiens.

Bref, ce fut une soirée complètement ratée. Avoir su, j'aurais donné mes billets. Je n'étais pas vraiment en état de rester assise droite pendant 3 heures. Ça a pris beaucoup de codéine pour m'en remettre...

Le pire, c'est de penser qu'on a manqué un UFC pour y aller!

7 commentaires:

Isabelle Lauzon a dit…

Ah ben là, je comprends ta déception : manquer le UFC pour ça, c'est criminel!!! :D

Dire que tu es sortie de ton lit pour aller voir ça...

Là, tu viens d'achever de me convaincre : pas de pièces de théâtre avec mon chum! Avec lui, ce sont les spectacles d'humour, et rien que ça! :D

Gen a dit…

@Isa : L'an dernier on avait vu "Beaucoup de bruit pour rien" au TNM et j'en avais braillé de rire! lolol! La déception est d'autant plus grande cette année!

Et impossible d'être assise droite aujourd'hui :( J'ai ambitionné hier soir... J'espère que ça va se placer cette semaine. Je suis supposée retourner au boulot le 25!

Luc Dagenais a dit…

@Gen: Héhéhé, vous avez été victime de "distanciation brechtienne", tout simplement. ;-)

Gen a dit…

@Luc : C'était pas ma première pièce de Bretch, alors non, c'était pas juste ça. Ou alors c'était ça, plus des maladresses multiples qui l'ont amplifié au point où n'avait plus l'impression de voir quelques décrochages, mais bien juste de n'avoir jamais accroché.

Pat a dit…

Mouais...
«Maintenant j'explique tel bout de l'intrigue en chantant.»
Subtile ta pièce :)

Gen a dit…

@Pat : En effet. Et c'était comme ça tout le long!!!

Vincent a dit…

Il me semble que le problème c'est qu'il ne se sont aps décidés sur le ton de la pièce. Lire des didascalies, jouer avec et faire des blagues, c'est bon pour une pièce absurde, une anti-pièce, quelque chose comme ça. Mais le sujet de la pièce est quand même sérieux et sombre: injustices sociales, corruption, brigandisme, meurtres, prostitution, etc...

Non, je n'ai vraiment pas aimé les voir briser le double-mensonge à tout bout de champ. Ça manquait de vision.