Je n'avais pas vraiment remarqué lorsque j'écrivais des nouvelles, mais je e rends compte à présent que j'écris toujours selon le même rythme, qui est également le rythme auquel j'avale la distance lors des courses.
Premièrement, je pars en lion. Je jette les bases de l'histoire ou j'avale le premier kilomètre à fond de train. Rien ne peut m'arrêter! Lorsque je cours, c'est le moment où je dois me contrôler, conserver mon énergie. Lorsque j'écris, c'est la phase où je dois tenir la bride serrée à mes idées, établir mon plan et prendre des notes, histoire de ne pas m'embourber plus tard.
Si j'évite le point de côté ou la panne sèche créative, vient quand même ensuite un long moment de labeur. Ma vitesse décroît, je ralentis. Plusieurs fois, je viens tout prêt de m'arrêter. Je suis fatiguée. La distance à parcourir m'apparaît comme une montagne. C'est le moment où je dois me forcer à continuer : un tour de piste de plus, allez... encore un autre chapitre... C'est l'époque de l'écriture où m'asseoir devant mon ordinateur prend des airs de corvée. J'ai pas envie d'écrire. Je sais où l'histoire s'en va. Il y en a plein d'autres qui mijotent dans ma cervelle et, elles, je ne sais pas où elles veulent me mener. Pourquoi je dois encore travailler sur celle-ci? Pourquoi je dois encore faire un tour de piste? J'ai la cervelle en compote, les jambes en plomb...
Et puis, finalement, j'arrive en vue de la dernière ligne droite. Que je cours ou que j'écrive, le phénomène est le même. Mon corps, soudain, prends conscience qu'il a l'énergie pour faire ce dernier bout de chemin. Qu'il peut même le faire plus vite que prévu. Qu'il n'a qu'à tout donner et là, dans un instant, il pourra célébrer, se reposer, écrire le mot "fin"...
Bref, je commence toujours mes récits rapidement, puis je ralentis, lassée, prête à les abandonner... et quand je réussis à les pousser assez loin, soudain, j'ai un sursaut d'énergie et la fin s'écrit encore plus vite que le début.
C'est pour ça qu'après avoir écrit en moyenne 2 chapitres par semaine pendant 6 mois, je viens de boucler les 5 derniers chapitres du roman en 4 jours.
Est-ce que ça vous fait ça à vous aussi? Est-ce que vous avez remarqué un cycle dans votre façon d'écrire?
26 commentaires:
Je suis un peu à l'inverse de toi. Je pars avec mon idée et je tente de la développer. Je prends des notes et lors de la réécriture, je peux changer 10 fois d'idées. Si c'est publié, pour moi, c'est coulé dans le béton, sinon, je peux faire ce que je veux.
Pour le départ en lion, je ne sais plus quoi dire puisque le dernier roman que j'ai écris, on m'a refusé par manque de rhytme! Ça veut tout dire et rien dire à la fois.
J'ai la chance de connaître des gens qui acceptent de m'aider et me permet de créer des textes plus crédibles.
Si on reprend l'allégorie de la course, t'es donc plutôt un adepte du hors-piste et des rallye? ;)
Sans blague, pour le départ en lion, je parlais surtout de la vitesse à laquelle les pages s'accumulent, pas nécessairement de la vitesse à laquelle ça se lit.
Pour reprendre l'image de la course, au signal du départ, pendant que les autres sprintent, moi j'enfourche ma moto, j'en fais gronder le moteur, je fais quelques tours autour des autres coureurs en faisant crisser les pneus pour les intimider puis je file vers l'horizon, une cigarette à la bouche, sans regarder en arrière.
Ouais, c'est comme ça que MOI j'écris...
***
Ou... à bien y penser, non. Mon rythme ressemble plus au tien :)
Sprint au départ, longue agonie au milieu, puis un autre sprint à la fin!
@Pat : Ça c'est comment on voudrait TOUS écrire! lolol! :p
Contente de voir que je suis pas la seule à être menacée par le découragement en plein milieu.
Belle comparaison.
Je n'ai couru de façon intensive qu'une fois dans ma vie, il y a un bon 20 ans... j'avais perdu 40 livres. Ça m'a pris 5 ans pour les reprendre.
Donc je ne devrais pas savoir... mais j'ai fait du vélo et tu me fais penser que c'est vrai, ça se ressemble.
Avec une structure et un plan (deux choses différentes maintenant pour moi), une période de réchauffement, une bonne préparation, dans des périodes de lassitude ou de manque d'énergie, j'ai recours à ces points de repère et ça repart plus vite et dans la bonne direction.
Et pas oublier le but final: la résolution du problème-conflit-quête. Jamais. Quand on sait où on va, c'est plus facile de s'encourager.
@ClaudeL : Oui, c'est le même principe avec le vélo je pense (ou avec tout sport d'endurance).
Ce qui m'a rendu le roman difficile, je pense que c'est le fait que dans une nouvelle, on se dirige à fond de train vers le but, la résolution de la quête. Tandis que là, dans le roman, je devrais prendre des détours, réaliser les buts en étape... J'avais hâte d'arriver à la fin!
Ça ressemble à ça de mon côté aussi. Le tout nouveau tout beau me pousse à aller vite. Ensuite, je ne sais plus trop où je m'en vais (j'ai pas fait de plan, évidemment...), alors je ralentis (quelques grenailles par jour, le minimun selon ma prescription) jusqu'à ce qu'une épiphanie ne m'éclaire. Puis quand j'arrive près de la fin je clanche le tout en vitesse. Exactement ce que tu décris. Justement, je devrais prendre ce rythme bientôt, car la conclusion de mon projet courant approche...
@Fred : Tant qu'à moi le plan n'est pas un antitode aux ralentissements, mais c'est sûr que ça évite de se demander "heu, où je m'en vais là?".
File vers ta conclusion là! :) Me semble que le dernier droit, c'est le meilleur moment de l'écriture! :)
Oh là là, "Big Sister", est-ce toi qui sonde mes moindres gestes et pensées?
Hmmm... J'écris généralement en ordres chronologiques, et comme toi, en flèche, pour ensuite me tanner légèrement au dénouement si j'ai un petit blocage ou que le "feeling" n'est pas là. Alors je mets le tout de côté pendant une durée indéterminé de temps pour ensuite la poursuivre plus tard. J'ai donc plusieurs "nouvelles" en chantier et une idée de roman qui me hante depuis bientôt deux ans que j'ai mis sur halte car je veux acquérir de l'expérience avant de me lancer dans un tel projet...
Et vient alors le moment de dépoussiérer ces nouvelles, de les relires, de me les réapproprier, souvent avec de nouveaux éléments qui ont écloent entre temps et qui sont venus s'imbriquer clairement dans la trame narrative qui me trottent en tête depuis. Ainsi je fini par terminer l'histoire et puis je passe à la phase 2, la réécriture! Qui peut, elle aussi, passer par le stade de mise de côté pour X temps.
Je travail donc très lentement... Loin d'être Stephen King, suis-je... 0_o (ou Anne Robillard, si je deviens comme Anne Robillard, achevez moi à coup de pelle, car je souffre!!!!! Comme King, je serai riche alors j'm'en fou!)
@Alamo : lolol! "Big Sister"?!?!
Je mets les textes de côté pour les laisser "mûrir" moi aussi, mais seulement après les avoir finis. Si j'abandonne un texte non terminé trop longtemps, il meurt de sa belle mort. T'es bon d'être capable de les reprendre!
Pour le reste... ok, je vais garder une pelle sous la main au cas où... ;)
Cela dit, moi j'écrirais plus vite s'il ne fallait pas que je travaille en plus. J'suis sûre que ce serait pareil pour toi, non?
Effectivement, si je pouvais vivre de ma plume (impliquant un succès, bien sûr) je passerais plus de temps à écrire. Mais comme je travail, que j'ai une vie de couple assez olé olé (ma copine aussi, travaille!), alors je n'écris pas aussi souvent que j'aimerais...
Par contre, il m'arrive de vouloir écrire, mais lorsque je viens pour le faire, c'est juste "pas correcte" genre, je sais pas comment l'expliqué... Je suis pas dans la "zone", mon Spider-sense me titille pas, j'ai pas la patience ou peu importe la raison... Alors j'abandonne car ce que j'écris dans ces moments c'est toujours de la merde et si une histoire me tiens vraiment à coeur car je crois qu'elle a du potentiel, je préfère m'abstenir d'écrire que d'écrire de la bouillis pour chats!
@Alamo : Ouais, je connais ce sentiment. J'pense que c'est ça "ne pas être inspiré". Par contre, ce que j'ai remarqué pendant le défi du Nanowrimo, c'est que des fois dans ce temps-là faut se forcer. Écrire quelques centaines de mots (quitte à les effacer le lendemain) pour "repartir la machine" et puis, des fois, on dirait que ça débloque et qu'on entre dans la "zone".
@Gen && @Alamo J'ai remarqué que, souvent, les moments où je ne le sens pas donne la meilleure écriture... Cherchez pourquoi.
@Fred : Ah ben là... Je suis aussi perplexe que toi! lolol!
De mon côté, ça ressemble pas mal à ce que tu décris. J'aime le début et le sprint final. C'est un feeling génial.
@Karuna : Mets-en! :) Suivi d'un petit down là quand même... Je me suis tellement investie dans les derniers jours que je me demande bien ce que je vais écrire maintenant.
Je retravaille une novella, mais ce genre de ré-écriture délicate à petites touches n'est peut-être pas ce qu'il me faut...
Peut-être que le prochain projet est juste sous ton nez et que tu ne le vois pas. C'est le temps d'une pause (même si c'est juste 15 min). Recule et regarde l'horizon. LE projet va se manifester.
@Karuna : Le problème c'est que la novella, je me suis engagée à la retravailler. Mais en effet, pour le prochain projet à commencer de zéro, je crois qu'il me faudra du recul pour le choisir!
@Fred: J'avais lu une entrevue de P.K. Dick quelque part ou il disait se forcer à écrire tous les jours, inspiré ou non; et qu'à la relecture quelques jours ou semaines plus tard, il ne pouvait généralement pas faire la différence, au niveau de la qualité, entre journée inspirée / pas inspirée.
@Luc : Je peux pas dire que ça m'étonne. Des fois pendant l'écriture du roman, j'ai eu l'impression que j'attendais trop "le bon état d'esprit".
Pour la rédaction du plan,car je pars avec un plan tant petit soit-il, je suis comme Benoît, je tâtine, j'explore, je m'écarte, je reviens..bref j'investigue beaucoup..même beaucoup trop parfois...C'est un long marathon. Quand le plan est fait et que j'entame le premier jet, là je ressemble un peu plus à un jogger bien en forme avec des épisodes à la Ben Johnson sur les stéréoides ;)et quand vient le moment de la réécriture, tout deviens au ralenti et le coureur se retrouve dans des pentes ardues où l'endurance et la patience sont alliés.
Bref, on peut dire que l'écriture c'est une vraie discipline olympique !!!
@Pierre : Ah, pour la ré-écriture, je dois dire que jusqu'à maintenant, je les vis comme des courses de haies : ça prend de la technique et faut éviter les obstacles, mais ça file quand même à fond de train :)
Mais ouais, on est des athlètes! hihihi :)
@Luc Merci de la citation. C'est vrai que, sauf exception de coup de génie ou de merde absolue, mon texte assez uniforme, même quand j'écris en grenailles de 100 mots par jour...
@Fred : 100 mots, c'est toujours mieux que rien!
@Gen Ouais. À ce rythme là, je fais au moins 700 mots par semaine (+ le zèle), ce qui donne à la fin de l'année > 36000 mots, ce qui n'est pas si mal.
36 000 mots, c'est un Coup de tête ;)
Enregistrer un commentaire