Un billet de ClaudeL m'a fait réaliser quelque chose : pour un écrivain ou un athlète, bref pour toute personne qui désire se pousser au bout d'elle-même, je pense que le doute est notre ami. J'ai beau ne pas avoir le profil "oh moi, grande artiste torturée", je doute quand même constamment de moi-même, de mes réalisations, de mes capacités. Et, en y réfléchissant, je pense que c'est une bonne chose.
Je pense que le doute est notre ami, parce que la petite voix intérieure qu'il suscite et qui nous dit "c'est mauvais, t'es mauvais, t'es pas capable, les autres sont mieux, tu n'as pas pratiqué assez, tu n'as pas assez réfléchis, tu y arriveras pas cette fois" hé bien elle nous pousse, nous motive, nous force à nous questionner, à en faire plus... bref : à exceller.
Quand je lis des entrevues avec des champions de MMA, une chose ressort : les meilleurs s'entraînent constamment. Parce qu'ils aiment ça, oui, mais aussi parce que leur petite voix intérieure leur dit que s'ils ne le font pas, quelqu'un s'entraînera plus qu'eux et deviendra meilleur. Ils s'accrochent donc au sommet de leur gloire avec le doute en leurs capacités chevillé au ventre, avec la peur constante de voir arriver un jeune loup avide qui a travaillé encore plus d'heures. Quand ils cessent de douter, quand ils se croient supérieur, ils diminuent l'entraînement et ils tombent.
Pour les écrivains, c'est pareil : les grands sont ceux qui doutent. Jean-Jacques Pelletier se relit un million et demi de fois. Élisabeth Vonarburg ne commence pas à écrire tant qu'elle n'a pas trituré ses idées dans tous les sens et brainstormé chaque détail, y compris la couleur des murs d'une pièce où se déroulera une scène secondaire d'un troisième niveau d'intrigue. Stephen King est persuadé qu'il écrit mal et il cherche à s'améliorer. Les premiers romans d'un auteur sont parfois ses meilleurs, parce que le doute le forçait à les travailler longuement, à les polir. Avec le temps, certains cessent de le faire. Ils ne se renouvellent plus. Parce qu'ils ne doutent plus de leur capacité à produire des romans qui se vendront. Ils cessent cependant de produire des oeuvres d'art.
Évidemment, il y a des moments où il faut faire taire le doute. Pour les combattants, c'est au moment où ils mettent le pied dans le ring. Une fois l'action lancée, il faut être persuadé qu'on va vaincre, sinon on se ralentit soi-même. Pour les écrivains, c'est au moment de mettre le pied dans un salon du livre ou un événement littéraire. Une fois au contact avec les autres, il faut être persuadé qu'on est un écrivain, sinon on risque d'être confondu avec un bout de tapisserie.
Je pense que lorsqu'il faut agir, le doute devient le syndrôme de l'imposteur et nous ralentit. Cependant, lorsqu'il s'agit de retravailler, il peut devenir un allié précieux.
Vous en pensez quoi vous?
25 commentaires:
Je me souviens d'un escaladeur qui disait que c'était important d'avoir peur pcq ça le fesait douter et vérifier doublement ses apuits, l'empèchant de foutre le camp plus d'une fois.
Pour la création je crois que c'est très utile d'avoir quelqu'un de proche pour motivé dans les low et petter les bulles dans les high.
@Joe : En effet, dans l'exemple que tu donnes le doute est encore une fois un ami! lol!
Et c'est sûr que la personne proche qui peut nous aider, c'est précieux :)
Wow, j'ai inspiré un billet à quelqu'un!!!
Douter, normal sûrement. La corrolaire: des encouragements de temps en temps pour que le doute ne nous écrase pas. Ce qui suggère outils pour s'encourager soi-même dans ce métier solitaire qu'est l'écriture.
@ClaudeL : Ben oui, tu m'as inspirée :) Il faut des outils pour s'encourager, oui, mais je pense qu'il faut apprivoiser le doute et la peur. Les voir comme des outils eux aussi, des motivations. Ne pas penser qu'ils sont anormaux.
... ou est-ce que les apprivoiser devient un outil?
J'aime beaucoup le parallèle avec les arts martiaux.
En effet, celui qui devient trop confiant risque de se faire rattrapper assez tôt!
Je réalise que j'utilise déjà le doute comme outil, cependant, à la lecture de ce billet, je doute de douter suffisamment ;)
@Pat : lolol! Si tu doutes, c'est déjà bon ;)
Bien d'accord.
Un qui a arrêté de douter depuis un bout, c'est Bernard Werber. Je trouve que c'est vraiment de la bouillie, ces (plusieurs) derniers romans...
@Guillaume : Excellent exemple! En effet, ses derniers romans, c'est vraiment n'importe quoi. Surtout la "leçon de mythologie grecque avec erreurs flagrantes en 3 volumes"... ah non, c'est vrai, le titre c'est "Nous les dieux". :p
Ce n'est rien en comparé du miroir de Cassandre!
Si je ne me retenais pas, je reprendrais le livre page par page pour expliquer pourquoi je grimace au moins une fois par paragraphe!
@Pat : C'est une de ses derniers? Je dois dire que quand je vois son nom, je ne prends même plus la peine de lire les résumés!
Il ne doute plus parce que l'éditeur ne doute plus non plus de la vente de ses livres. C'est ce qu'on appelle un nom. On achète un nom, pas un livre.
@ClaudeL : Le nom court le risque qu'on décide de ne plus l'acheter si "être un nom" est sa seule qualité ;)
Je doute énormément de ce que j'écris. Mais un moment donné, comme on en avait parlé à Boréal: quand tes écoeuré de le lire ton texte, y est temps que tu l'envois... ;)
N'empêche, un retour avec commentaires m'aides à améliorer le texte et à continuer d'en douter! :D
@Alamo : En effet, quand on est pu capable de le voir, faut l'envoyer. Mais quand on doute, les commentaires reçus nous font avancer, parce qu'on se dit "Ah, c'est ça qui marche pas!". Quand on pense que le texte est parfait, les commentaires sont perçus comme des insultes (oui, oui, y'en a qui pensent de même... ça m'étonne toujours moi aussi!)
Quel joli billet! Et si vrai!
Pour combattre le doute, rien ne vaus l'action! Lorsque je doute de la qualité de mon travail, je peaufine! Lorsque je doute d'arriver un jour à vivre de ce foutu métier, je me botte le derrière et écrit à une maison d'Édition pour tenter ma chance!
Avec le doute, nous y arriverons!
@Annie : Exactement : le doute nous motive s'il ne nous écrase pas! :)
Haha!
Tu vas finir par croire que je fais exprès d'être en désaccord avec toi, mais je viens d'écrire sur mon blog que je ne doutais pas (dans un cas bien précis, on s'entend).
Ne le prends pas mal ;)
Ah? C'était ça, mon malaise? Je doute beaucoup de moi-même, alors ça doit vouloir dire que je suis pas mal hot...
Mais attends minute... Si je pense que que je suis hot, alors ça veut dire que je ne doute plus... conséquence : je redeviens pourrie... Finalement, on n'en sort pas! Hihi!
En tout cas, je suis bien contente de voir que vous doutez tous aussi. Je me sens moins seule dans mon bateau!!! :O)
@Pat-the-cat : Comme j'ai écris sur ton blogue, je pense que la phrase importante c'est "aujourd'hui" ;p Sans blague, il faut bien qu'on ait quelques certitudes de temps à autre ;p Et si j'aimais pas discuter (et donc qu'on soit pas toujours d'accord avec moi), j'aurais un site web, pas un blogue! hihihi
@Isa : lolol! T'as mis le doigt sur le paradoxe ;) Mais, comme d'habitude, je pense que ça fait du bien de voir qu'on doute tous. Faut juste savoir vivre avec cette réalité-là.
Pour le truc des premiers romans, j'ai une autre théorie là-dessus.
En fait, j'ai toujours cru que les premières oeuvre d'un auteur (ou d'un cinéaste) sont beaucoup plus viscérale, moins intellectuelle et plus proche de la réalité et du vécue de l'artiste. Il y a le doute, bien sûr, mais c'est surtout l'apprentissage qu'on fond on ne peut qu'écrire notre histoire sur des trames qui s'interchange.
C'est la gestation de la chose qui lui donne une forme, une manière, voire une raison d'être.
Par contre, j'aime bien le doute en parallèle avec le MMA. Le doute impose le respect de l'autre et de soi et il détermine des limites autant physiques que mentales. Malheureusement, certain vieux routards de la profession néglige ces limites et oublient d'écouter leurs doutes initiaux (voir Chuck Liddel ou Royce Gracie)
M'enfin, ça porte à réflexion tout ça.
@Stéphane : C'est sûr qu'il y a cet aspect "instinctif" du premier roman qui entre aussi en jeu. Mais certains auteurs tombent trop vite dans la trame interchangeable justement. Et il y a moyen de maquiller le fait que c'est notre histoire. Ou d'en exploiter divers morceaux.
Contente que la comparaison MMA t'aie plu. En effet, je pensais un peu à Chuck en parlant du doute. Royce, pas sûre qu'il ait beaucoup douté dans sa vie. Il y a eu une époque où il avait la certitude de connaître une technique que personne ne connaissait.
Je doute que mon message soit pertinent.
@Gen
Moi aussi, je blaguais.
Je ne suis pas si désagréable que ça. Je fais seulement semblant te toujours te contredire ;)
@Pat : Oups, là je pense que tu doutes trop ;p
@Pat-the-cat : ;)
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