mardi 27 juillet 2010

Ah, la jalousie

Devant la jalousie, fréquente dans notre petit milieu, deux attitudes sont possibles :

1- Le déni. L'autre est juste chanceux, a des contacts, a payé pour son succès, est publié dans une maison d'édition aux standards peu élevés (mais qui fait de l'argent alors on cracherait pas dessus si elle nous acceptait), est aimé des directeurs littéraires alors que ceux-ci ne comprennent pas notre génie, etc. Ce n'est sûrement pas parce que nos textes ont besoin de travail. Non, c'est la vie et le monde entier qui est injuste envers nous. Déprimons dans notre coin.

2- L'acceptation. L'autre a travaillé fort, a corrigé ses pires défauts et a su cerner ce que la maison d'édition voulait. Son succès est la preuve que le succès est possible. Retroussons nos manches et remettons-nous au boulot. Notre tour viendra.

J'ai toujours adopté la seconde attitude. C'est celle qui permet de dire : "Je crève de jalousie, mais bravo!" Je sais que l'association de ces deux idées en confond certains. Je vous rassure : vous me motivez en me rendant jalouse, chers Pierre, Mathieu, François, Dominic, Élisabeth, Sébastien, Luc et Alex de ce monde! ;)

19 commentaires:

Alamo St-Jean a dit…

Ta oubliée de faire une mention spéciale pour les petits joe connaissant qui écrivent en se disant "Pfffft, Proust c'est de la marde à côté de ce que MOI j'ai écris!" :p Eux sont même pas jalouse, mais si callé dans leur égo que la merde leur sortes par tout les orifices (comme l'Ébola mais pour les littéraires! :D)

Anyway, j'avoue plutôt que moi, je me rabaisse plutôt que d'être jaloux...

Alamo St-Jean a dit…

Oups désolé pour les fautes... il est encore tôt et mon café n'a pas été entamé...

Gen a dit…

@Alamo : J'ai tendance à croire que ceux qui se pensent meilleurs que tout le monde font juste nier leur jalousie au point de ne plus la reconnaître eux-mêmes! ;)

(Ouach, l'image de l'Ébola version scato... c'est raide avant mon café!!! lolol!)

Frédéric Raymond a dit…

Amen!

Alamo St-Jean a dit…

Je retire mon commentaire sur l'Ébola scato, moi aussi, je n'avais pas encore bu mon café... (en plus d'avoir été forcé à l'insomnie gracieuseté de mes deux chats [-garous j'en suis sûr... ils ne sont tannant que lors d'une pleine lune, allez savoir pourquoi!?]

Gen a dit…

@Alamo : lolol! ;) des chats-garous? tu tiens les prochains héros de bit litt je pense ;p

Luc Dagenais a dit…

Waoueurgh! L'ébola scato PENDANT le café, bien brun, bien chaud, bien liquide, bien amer et avec une petite mousse dessus, c'est encore pire...

Ceci dit, quand je lis un bon texte, j'ai une attitude semblable à la tienne Gen: je me dis "Bravo! J'aurais aimé pouvoir écrire ça", suivi d'un "Il ne me reste qu'à me mettre au travail si je veux en faire autant"; ou sinon, devant un texte pocheton "Putain, je pourrais faire mieux que ça", suivi d'un "Il ne me reste qu'à me mettre au travail si je veux en être certain"...

Gen a dit…

@Luc : Je savais que je pouvais compter sur toi pour rendre ça encore plus dégueux! lololol

Pour nos réactions respectives devant les textes, la morale est donc : arrêtons de perdre notre temps et bossons! ;)

Francois Lambert a dit…

Très bien dit. Moi je me retrouve dans une catégorie, parfois dans l'autre. Ça dépend de qui est l'autre texte malheureusement. Je crois que la jalousie est quand même quelque chose de normal (j'ai pas dit bien ou mal) mais normal pour les être humains qui voulons toujours ce qu'il y a de mieux pour nous avant tout. Il faut juste l'accepter et continuer pareil.

À mon avis, il y a autant de monde qu'on jalousie que de gens qui nous jalousent. C'est ainsi que l'équilibre planétaire est conservé ; )

Gen a dit…

@François : En effet, je pense que c'est une réaction normale. Faut juste la reconnaître... et passer par-dessus la réaction de type 1 si on veut pas se faire trop d'ennemis ;p

ClaudeL a dit…

On est tous sur le piédestal de quelqu'un et on met tous quelqu'un sur un piédestal. Je pense qu'on passe par les deux phases 1 et 2 et non pas 1 ou 2.

Gen a dit…

@ClaudeL : En effet, on passe par les deux phases. À la longue, par contre, je pense qu'il y a moyen d'aller directement à la réaction 2, non?

François Bélisle a dit…

D'accord avec ClaudeL. Je rends une femme jalouse et je ne l'ai jamais encore rencontrée! lol
Et dieu seul sait que ma jalousie, mon envie plutôt, est parfois bien présente...
Travail,travail et travail.

Dominic Bellavance a dit…

Si le Dominic à la fin du billet = Dominic Bellavance (je connais bien peu de Dominic dont les noms finissent avec un « c »), je peux te confirmer que je navigue moi-même entre les émotions 1 et 2 par rapport à beaucoup de monde. On a toujours une étape à franchir, le succès est quelque chose de très relatif.

Je suis censé recevoir mon rapport de vente pour « Toi et moi » dans quelques jours et j'ai de grosses attentes. Le chiffre va probablement me décevoir... même s'il va probablement se rapprocher des 4 chiffres.

Si on y pense, en reculant en 2005, j'avais seulement vendu une centaine de copies d'« Alégracia et le Serpent d'Argent » en librairies. Je sautais de joie jusqu'au plafond!

Des fois, j'ai l'impression que je m'aigris avec le temps.

Francois Lambert a dit…

@GEN: Je crois qu'on peut se conditionner pour avoir la réaction 2, mais la 1 est toujours prête à ressortir.

Par exemple, quelqu'un très près de toi se décide du jour au lendemain, tiens, je vais écrire ma première histoire. ET vlan, 2 mois plus tard il est publié dans Solaris, ou bien 1 an plus tard son roman trouve preneur chez un éditeur.

Toi qui a travaillé pendant des années à écrire, puis réécrire, aller dans des ateliers, se faire refuser quantité d'histoires, est-ce qu'on peut vraiment prétendre que la réaction 1 ne sera pas la première à se faire ressentir, même si cette personne est notre meilleur(e) amie(e), frère,soeur, cousin, père , mère? Ou c'est peut-être juste moi alors.

@Dominic: Tu vois, mois je suis jaloux de tes 4 chiffres, réaction purement #1 avec mes trois chiffres de mon premier roman (dont la moitié vendu à ma famille, ami ou connaissance.) Mais bon, sachant les effort que j'y ai mis et que je mets maintenant, disons que la réaction #2 prend le dessus assez vite : )

Isabelle Lauzon a dit…

Perso, je tends de plus en plus vers le 2., alors c'est bon signe! ;)

Sérieusement, j'admire ceux qui réussissent et je les jalouse de moins en moins. J'envie leurs succès et surtout, la persévérance qui les a menés là. Mais jalouser, ce serait faire comme si ils ne méritent pas ces succès, alors que je sais pertinemment qu'ils ont travaillé très fort pour arriver à leurs fins. Je suis alors plutôt en colère après moi, de ne pas avancer plus vite, de ne pas en faire autant.

Devant le commentaire de Dominic (et je suis certaine qu'en effet, Gen parlait de toi!), je ne peux qu'être d'accord avec lui à propos des attentes qui augmentent avec le temps. Pas qu'on s'aigrisse, je pense, mais un succès en amène un autre et on ne se contente plus d'une petite réussite. On en veut plus. On veut monter plus haut, gravir d'autres sommets, se dépasser. Dommage, mais ainsi va la nature humaine!

Gen a dit…

@François : Si c'était mon chum que tu rendais jaloux, là tu aurais des raisons de t'inquiéter! lolol! Comme je disais, la jalousie peut devenir un moteur.

@Dominic : Oui, je parlais de toi ;) Et je pense que naviguer entre les deux émotions est normal. Mais faut naviguer, justement, pas couler dans la 1 ;) Et est-ce qu'on s'agrit avec le temps ou est-ce que des fois on n'en veut pas trop? Est-ce qu'on n'a pas tendance à se comparer? (Et toujours à notre détriment?)

@François : Je pense effectivement que je ressentirais un pincement de jalousie. Sauf que... Sauf que personne n'écrit miraculeusement bien à partir de zéro pratique. Peut-être qu'elle écrivait en secret. Ou avait un boulot qui l'a fait écrire beaucoup. Y'a toujours 80% de transpiration dans un texte! Alors ça ne m'empêcherait pas de voir le bon côté de ce qu'elle a fait (après quelques heures pour décanter la jalousie de forme négative ;)

@Isa : Moi aussi je finis par diriger ma colère vers moi-même en me disant que si je réussis pas, c'est que j'en fais pas assez. Réaction de perfectionniste peut-être?

J'ai l'impression que quand le succès devient fréquent, on ne le remarque plus, on ne le savoure plus. Et pas juste dans le domaine de l'écriture.

De temps à autre, je pense que c'est sain de s'arrêter et de remarquer ce qu'on a, ce qu'on réussi. Sinon, oui, ce serait dangereux de s'aigrir je pense.

Wow, j'suis philosophique à matin... Ça va passer après le café ;)

baboulebou a dit…

Interessante, cette discusion...

En ce qui me concerne, je suis en général vraiment bon public. Quand un texte m'épate, il m'épate, je ne le jalouse pas vraiment, je deviens juste "fan", comme ça. Ca m'ai arrivé plein de fois, y compris la première fois que je t'ai lu dans Alibis, Gen("Le double", c'est ça?), je te l'avais dit je crois.

Cela dit il m,arrive souvent de me donner des coups de pieds au cul pour me remettre au boulot (genre: "Mince, tous ces gens qui publient et moi qui bronze, allez, au turbin!).

Etre jaloux tout le temps, ça doit être invivale, j'imagine que ça me ferait arrêter et jeter l'éponge de rage peut-être...

Gen a dit…

@Alex : Oui, je voulais souligner cet aspect "motivant" de la jalousie. Moi non plus je sais pas comment font pour vivre les gens qui sont jaloux sur le mode hypocrite/destructif.

(Et ouais, c'était Le Double... et moi je suis encore jalouse de "L'Évasion" ;)