Je suis tombée, je sais plus où, sur une liste qui citait "Tokyo" de l'anglaise Mo Hayder comme l'un des meilleurs polars de la décennie. Alors, quand j'ai eu une chance, j'y ai jeté un oeil.
Ouille! C'était pas tout à fait ce à quoi je m'attendais en fait de polar. La narration du bouquin alterne entre le journal personnel d'un Chinois vivant le sac de Nankin et entre le quotidien, raconté au "je", d'une jeune londonnienne affligée de troubles psychologiques importants qui débarque à Tokyo sans un sous en poche pour traquer ce même Chinois, plus de 50 ans après les faits.
L'histoire finira par comprendre une certaine forme d'enquête, mais le récit tourne bien davantage autour de la galerie d'étranges personnages, tous plus bizarres et troublés les uns que les autres, ainsi qu'autour des faits terribles survenus à Nankin en 1937.
Je ne peux que saluer la virtuosité de l'écriture de ce roman, qui nous plonge dans les bas-fonds de l'âme humaine, qu'elle soit japonaise, chinoise ou anglaise. Toutefois, je trouve qu'il met énormement de temps à nous expliquer un épisode très sombre de l'histoire japonaise, épisode qui n'est plus, je crois, inconnu du public. De plus, comme toujours avec les récits extrêmement noirs, j'ai fini le livre avec l'envie de m'exclamer "Coudonc, y'avait personne de normal dans cette histoire!?!". Je ne peux pas dire si j'ai aimé ou pas, mais c'est surtout parce que je ne pense pas qu'on puisse sincèrement aimer ce genre de thème. S'en sentir secoué, oui, mais aimer... En tout cas, moi je n'y arrive pas.
Enfin, bref, à lire si vous avez envie de plonger dans un océan de folie, d'obsession, de désespoir, de sexe, de sang et de meurtres. N'espérez cependant pas de bouée de sauvetage!
2 commentaires:
Ce roman-là, je l'avais mis sur ma liste à voir avant d'acheter, aussi sur recommandation. Puis Norbert Spehner (je crois) avait dit qu'il s'agissait d'un thriller à saveur fantastique, et je l'avais rayé. Un mélange qui ne m'attire pas du tout.
C'est une période historique très intéressante, par conséquent, j'ai mis à la place The Rape of Nanking sur ma liste.
C'est dur de dire si "Tokyo" est vraiment fantastique. C'est plutôt simplement étrange je dirais. Inexpliqué, mais pas nécessairement inexplicable. Le fait qu'on regarde tout à travers les yeux du personnage principal (qui souffre de quelque chose comme le syndrôme d'Asperger) introduit une distorsion qui rend difficile d'apprécier les faits.
Pour The Rape of Nanking, accroche-toi bien (et mets-le hors de portée de Benjamin). Quand mon prof d'histoire de la Chine l'a mis au programme, y'a des étudiantes qui ont failli le lyncher. Je les ai trouvées un peu sensibles, mais c'est vrai que c'est raide...
Par contre, je trouve que l'accent qui est mis sur les horreurs de Nankin (et, de façon générale, sur les "crimes de guerre" japonais) est exagéré. Les Allemands ont fait pire et les Américains ont lancé deux bombes atomiques à intervalle tellement rapproché (3 jours) que le Japon ne s'était même pas rendu compte de l'ampleur des dégâts de la première quand la seconde a frappé.
Sauf que c'est toujours sur le Japon (avec Pearl Harbor et Nankin) que l'Occident insiste. Tant qu'à moi, le plus grand crime de guerre des Japonais a été de montrer aux Américains qu'il y avait plus teigneux qu'eux.
Enregistrer un commentaire