Il y a quelques mois, j'ai acheté une vingtaine de vieux Solaris dont Mathieu Fortin se défaisait. Les plus vieux du lot étaient plus vieux que moi (y'en avait même un qui s'intitulait encore "Requiem"). J'en suis à peu près à la moitié de la pile à présent. À l'époque où ils sont parus, je crois que je lisais encore "Léo et Léa vont à l'école". :p La lecture de ces antiquités m'a inspirée plusieurs réflexions.
La première : Wow! Ça hésitait pas à critiquer vertement, à constester, à bitcher et même à tomber dans la polémique à l'époque.
En effet, en lisant les critiques de roman et certaines entrevues, j'ai été frappée par la différence de ton entre le Solaris d'alors et le Solaris de maintenant. De nos jours, les romans critiqués dans les pages de Solaris reçoivent de bonnes critiques. Si on en parle, c'est qu'ils sont à lire. En fait, généralement, les critiques négatives, ça n'existe plus de nos jours dans les pages des revues. Même sur les blogues, quand on se décide à en faire une, on se met des gants blancs jusqu'aux coudes (moi la première) et on s'assure de clairement s'appuyer sur des faits ou sur notre subjectivité exclusive, histoire d'être sûrs de pas se faire accuser de libelle, diffamation, atteinte à la réputation et autres piétinages d'égo en règle.
De nos jours, on ne lirait plus des trucs comme "Ce roman est à éviter, mais l'auteur est à surveiller" ou "Est-il possible que l'éditeur ait eu honte de publier ce livre?" ou encore (savoureuse celle-là) "Visiblement, aucun travail n'a été fait au niveau de l'écriture (venant de Cet Éditeur, on ne s'en étonnera pas), ce qui nous donne un récit indigeste, d'un niveau indigne des fanzines les plus amateurs". À preuve : je n'ose même pas nommer l'éditeur en question ici, parce qu'il est toujours en affaires.
L'historienne en moi ne peut pas s'empêcher de se demander ce qui a changé en vingt ans. Certes, les polémistes de l'époque, qui tenaient à bout de bras une revue pour passionnés, sont devenus les directeurs littéraires et les éditeurs d'aujourd'hui, qui tentent de séduire le marché. Cependant, pourquoi ma génération ne leur secoue-t-elle pas davantage les puces? Ils ne font certainement pas un travail continuellement parfait!
Sommes-nous tous mous? Facilement effrayés? Tellement désespérés d'obtenir une publication que nous n'osons pas faire un pas de travers, de peur d'égratigner une susceptibilité fragile nantie également d'une rancune tenance? (En tout cas, moi c'est mon genre de crainte...) Ou alors les recours juridiques sont-ils rendus si nombreux et aisés à obtenir qu'ils nous terrorisent? Est-ce le marché qui a changé?
Ou alors est-ce encore la même explication sociologique que d'habitude? Il y a vingt ans, les boomers étaient dans leur phase contestataire. Comme ils le faisaient en masse, la contestation était bien vue. De nos jours, les boomers sont dans leur phase confortable, alors dépasser du moule, pousser un coup de gueule (ailleurs que dans nos écrits de fiction) serait-il mal vu?
N'y a-t-il que Richard l'Ermite, dont l'avenir financier est déjà assuré, qui peut se permettre d'appeler une merde une merde?
Je lance le débat. Lâchez-vous lousse pour une fois! ;)
52 commentaires:
Encore une fois, j'adore ton message. Je trouve aussi que la Complaisance a bien souvent remplacé la Critique. Au point où je me demande parfois s'il n'y a que moi qui n'ai pas aimé tel ouvrage ou alors à partager avec un ami le désarroi face à tel titre dans une séancde de messe basse à visage couvert pour ne pas être découvert en train de ne pas aimer un titre.
J'aime bien les critiques de Richard, même si je les prends parfois avec un grain de sel. Mais j'ai l'impression que si moi je disais autant ce que je pense, je me ferais détester, blaster, mépriser, rejetter. Pourtant, sa formule est efficace.
Juste une parenthèse, les critiques de Mat dans Clair Obscur ne sont pas conciliantes... je me souviens l'Avoir lu dire que le livre serait psa mal si ce n'est que l'auteur écrit comme un pied :-p
@Sahée : Comme toujours, contente que le sujet te plaise (c'est que je me creuse le citron pour les trouver!) ;)
Moi aussi j'ai l'impression que si je me permettais le quart de ce que dit Richard, je n'aurais plus beaucoup de lecteurs.
Pour Clair-Obscur, je dois avouer humblement ne pas en avoir lu jusqu'à maintenant... Cependant, c'est un fanzine, non? Ce qui change un peu la donne... Déjà, à ce que je comprends de mes vieux Solaris, les fanzines s'en permettaient beaucoup plus (ou encore plus?) Il y a d'ailleurs des numéros de Solaris où on se gêne pas pour dire que les fanzines critiques vertement, mais ne prennent pas le plus petit reproche...
Gen, il est temps de t'abonner à ce fanzine, j'ai une super nouvelle dans le prochain numéro :-))
Et c'est vrai que dans un fanzine, tu peux mieux t'en permettre. Comem sur un blog. Mais ce n'est pas tout le monde qui le fait.
J'attends le Boréal. J'ai besoin de voir les numéros "en vrai" avant de me décider à m'abonner. T'en fais pas : j'suis sûre qu'il va leur rester des numéros (j'ai bien envie de voir ce que tu as pu écrire comme histoire de zombie) ;)
C'est correct.
L'histoire de zombie fut tout un défi, je trouve ça nul comme personnages d'épouvante! Enfin, j'ai appris à les approvoiser. Mais pour cette première tentative, c'était quelque chose! Ça ne plaira pas à tout le monde, et surtout pas aux adeptes des zombies purs et durs.
Si F-B ne m,avait pas demandé un texte, je n'aurais jamais soumis pour ce thème. J'ai aimé, justement, écrire en poussant mes limites.
Je me suis déjà fait ramasser solide pour des critiques que j'avais fait sur de mauvais romans, sur mon blogue. Encore aujourd'hui, je reste sur mes positions, mais c'est plutôt aflfigeant et épuisant d'avoir à pourfendre des vagues de zélotes outrés.
N'empêche que comme lecteur, j'aime ça, lire des critiques un peu bitch, limite méchantes. Je m'en souviens d'une, absolument juteuse, dans un vieux Alibis, sur un roman de Vargas, par Norbert Spehner (la chronique "Dans la mire" ou qqchose du genre avait été renommée "Ici, on flingue" expressément pour cette critique). Et ça, ça fait quand même pas si longtemps...
Et ça devait faire un petit velours de se faire demander un texte, non? ;)
En tout cas, ça me pousserait à sortir de ma zone de confort.
"affligeant", avec les lettres dans le bon ordre, merci.
You bet!!! J'ai adoré ça. Autant pour la sortie de la zone de confort que pour la demande.
Guillaume, je me souviens de l'histoire, pathétique.
Dans le temps où j'écrivais des chroniques de site web (en 1998), j'ai un jour fait une critique péjorative du site de où est Charlie... j'ai reçu un commentaire acerbe de l'auteur qui me disait que je n'avais rien compris.
@Guillaume : En effet, les mauvaises critiques sont souvent très divertissantes à lire. Et Spehner n'a pas la langue dans sa poche :) (Je crois d'ailleurs me souvenir de cette critique) Mais c'est quand même révélateur qu'ils aient eu besoin de rebaptiser la chronique...
Et oui, les commentaires des auteurs blessés (ou des fans outrés) doivent être épuisants à la longue. Je n'ai qu'à penser à un certain éditeur qui a écrit à un certain blogueur ;)
Oh, attends, je crois pas que la chronique ai été rebaptisée par précaution: je perçevais ça, au contraire, comme une façon de la mettre de l'avant, de souligner la pocheté de l'oeuvre. Mais c'est peut-être juste moi.
Et il y a eu au moins DEUX histoires, Sahée: Gazaille et Brousseau (je sais pas si je vais me faire sauter dessus par des chiens enragés juste pour avoir prononcé ces noms).
Alors je me souviens de une en particulier, voilà ;)
Merci pour les bons mots, Gen. Mais j'ai bien ri du fait que mon avenir financier soit assuré. Faudrait en causer à ma banque et à Mastercard, ils sont inquiets.
Une des raisons, à mon avis, pour lesquelles il y a moins de critiques négatives (ou non-laudatives), c'est que les lecteurs abandonnent tout simplement les mauvais romans qu'ils lisent. L'offre de lecture est trop grande pour perdre son temps à "terminer" un roman qui n'apporte que son lot de contrariétés ou d'ennui. Et il y a toujours une petite gêne à commenter un livre qu'on n'a pas fini. Ça m'est arrivé une fois ou deux, mais je l'ai signalé.
Le seul mérite que je me reconnais, c'est celui de terminer mes mauvaises lectures. Pourquoi liore jusqu'au bout un mauvais roman ? Comme disent les alpinistes quand on leur demande pourquoi ils escaladent des montagnes : Parce qu'elles sont là. Idem et ibidem pour moi.
Petite note : il y a eu au moins deux critiques plutôt négatives publiés récemment dans Brins d'éternité, sur des livres de Francine Pelletier et de Benoît Quessy. Elles sont de moi, ha ha. Il y a donc encore de la place pour un équilibre critique dans les revues, encore faut-il leur en soumettre.
@Guillaume : Attire-moi pas une invasion de trolls! ;) Pour le changement de titre de la chronique, ça m'avait donné l'impression qu'on nous disait "vous voilà prévenus".
Moi aussi je me souvenais seulement de l'une des deux.
@Richard : Mon banquier se ronge les ongles depuis le jour où il m'a accordé une hypothèque ;p Disons qu'en tant que retraité, tu me sembles moins "à risque" que nous, pauvres nouveaux venus dans le monde du travail (surtout quand on lit les prévisions concernant les RRQ...)
Je termine toujours les romans que je commence. Je souffre de "mais-si-ite" aigüe : "Mais si, me dis-je, je manquais le truc génial à trois pages de la fin". Sauf que je n'ose souvent pas les critiquer ouvertement. Pour les films, pourtant, je ne me gêne pas.
Je dois cependant te concéder un point important : je n'aurais pas pensé à soumettre mes mauvaises critiques où que ce soit... Je devrais peut-être commencer à le faire... Sous un nom de plume ;p
Richard: Et je suis bien content qu'on publie des critiques du Grand Méchant Ermite, aussi :)
Et en terme de critiques négatives, je vais sûrement en pondre au moins une ou deux pour le prochain Brins, d'ailleurs. Mes dernières lectures me donnent en masse de stock pour ça... (ce qui est plutôt désolant)
je ne finis pas les livres qui m'ennuient. Trop de bons livres à lire ou à relire.
@Guillaume : Cool, alors ma nouvelle sera en bonne compagnie ;p (J'aime bien "Grand Méchant Ermite" avec "Evil Matante Isa", il commence à y avoir une drôle de faune sur les blogues... hihihi)
@Sahée : Oui, mais si... (tu vois le topo). J'ai plutôt tendance à ne pas commencer un livre dont le résumé ne me dit rien. J'attends d'avoir des recommandations.
l'expérience m a appris que ça ne s,améliore pas toujours. Parfois oui, mais écoute, si tu m'as ennuyé poendant 200 pages pour me faire sourire les 25 dernières... bof.
J'ai acheté un livre qiu avait été très recommandé et j ai jamais été capable de le finir :-s
@Sahée : C'est sûr que souvent, c'est plate jusqu'au bout, mais il peut quand même s'y trouver des idées intéressantes (traduction : récupérables ou génératrices d'autres idées). Alors si je commence, je finis.
Mais oui, la recommandation, c'est quand même pas la panacée. À la longue, on découvre qui a les mêmes goûts que nous (quoique, des fois on se fait prendre pareil...)
Faut que j'ajoute que j'ai une amie qui ne me permet de critiquer les truc qu'elle lit que si je les ai lus en entier. (Sinon, j'aurais jamais lu toute la Belgariade ou tous les Harry Potter...)
Là Gen, je me demnade sincèrement si c'est une question d'aimer vraiment la polémique, une histoire d'amitié fidèle ou carrément du masochisme... ;)
Ça tient plus de la compulsion que du comportement raisonné. Faut vraiment que ça soit solidement poche, ou plutôt pratiquement illisible, pour que j'abandonne une lecture. Souvent, c'est même pas parce que j'ai envie de savoir si ça va devenir meilleur (quand c'est poche, j'ai presque envie que ça le devienne encore plus, pour pouvoir en rire après). Bordel, j'ai passé à travers Le fugitif de l'AmIrak du Nord; pense pas qu'on puisse aller dans le plus crouton que ça, vraiment.
Ouais, je pense que tant que c'est lisible, je vais le lire au complet (sans nécessairement aimer ça - et c'est peut-être un peu pour ça que j'ai tant de livres non lus dans ma bibliothèque, haha). Un livre qui m'est tombé des mains : Mach Avel, chez les 6 brumes. Une genre de Dark Fantasy en alexandrins. J'ai toughé 30 pages avant que la loi de la gravité s'applique.
(J'aime bien venir traîner ici alors que je devrais écrire mon mémoire)
Un des seuls cas dont je me souvienne d'un livre qui commençait super poche (et que j'avais abandonné par frustration) c'est Antoine et la quête de Neith d'Alain Jetté, un roman jeunesse aux Éditions de la Paix. Je l'ai repris, je l'ai fini, et curieusement l'écriture allait s'améliorant et s'affermissant jusqu'à la fin. Rien de génial, mais c'était au bout du compte sympathique.
Ça a un certain lointain rapport, mais j'avais des spasmes de rires et de jouissance quand j'écoutais le Cimetière des CD de Claude Rajotte du temps que je pognais MusiquePlus. Il était incisif et sans pardon, un grand rendez-vous télévisuel.
@Sahée : Comme elle allait m'en parler en bien, je voulais avoir le droit de bitcher en retour ;p (Bon, j'haïs pas la polémique)
@Guillaume : Effectivement, je crois que c'est compulsif. Lol! Et t'es le bienvenu ici, même si tu devrais bosser ;) (regarde qui parle...)
@Richard : Je dois dire que j'ai même pas de souvenir d'un roman qui ait vraiment été meilleur à la fin qu'au début... :p Et oui, moi aussi, ce genre du "palmarès des nuls" me fait bien rire, à condition qu'il y ait des critiques acerbes pour les souligner. :)
Vous êtes en feu à matin. Au-dessus de 20 messages en l'espace d'un café.
Toute une gang de procrastineurs...
C'est un thé pour moi, Pat. Deuxième théière.
Thé à quoi?
@Pat : C'est le sujet faut croire ;)
Thé vert pour moi ;)
Ah, rien de fancy, de l'orange pekoe en sachet. Le genre de thé que je bois distraitement, sans prendre la peine de vraiment y goûter. J'aime bien son amertume, j'avoue, mais quand je veux me gâter, je vais plutôt vers un Genmaicha, ou un Lapsang Souchong (mmmmmm, fragrance de bois brulé, magique).
J'suis comme toi : présentement, c'est du thé vert en sachet ben ordinaire. Quand je veux déguster, j'y vais pour du Hôjicha (thé vert japonais rôti).
Oh, je prends bonne note du nom :)
Je savais qu'il y avait un truc. Je vais m'initier au thé.
@Pat : Tant qu'à moi, on se retrouve à en boire 5 fois plus que du café :p Ça donne la même quantité de caféine, mais ça force à courir aux toilettes vider sa vessie... C'est donc l'exercice qui réveille ;)
(J'suis une caféinomane qui a été forcée d'abandonner son latté matinal pour cause de budget serré... Le café filtre étant contre ma religion, je bois donc du thé)
Trente secondes pour te dire que j'aime toujours autant tes billets, mais que j'aimerais qu'ils soient tout de même moins intéressants les jours où je suis supposée travailler et non me promener d'un blog à l'autre... ;)
@Elisabeth : Hihihihi! Merci :D
On dirait par contre que la discussion a dérapé là...
Mais non, dérapé? Tu parlais bien de thé, dans ton billet, non?
Non?
;)
Lol! ;p
Bon, je succombe. Vite vite à la bouilloire.
Fouille aille aille, mais vous bossez dans une usine à thé ou quoi?
Sinon, il y a moins de critiques négatives, parce que, de nos jours, il n'y a que des bons livres. Voilà.
C'est ça ou alors: déjà on se tape un livre pénible, si en plus on doit perdre du temps à le critiquer... pfff... Faut vraiment être en colère pour prendre ce temps là je pense.
Ouf! À la lecture de ton deuxième paragraphe, j'ai eu un instant de crainte! lolol!
C'est sûr que faire une mauvaise critique prend une énergie qu'on pourrait mettre ailleurs... Mais, en même temps, si on évite un navet à quelqu'un... ou si on peut pousser l'auteur à écrire mieux... ou l'éditeur à mieux choisir ses manuscrits...
Ça peut valoir la peine, non?
Un navet pour l'un ne l'est pas nécessairement pour l'autre. Par contre, les mauvais commentaires peuvent être source de motivation pour les auteurs qui désirent s'améliorer. C,est pointilleux.
Mais moi, je suis mou sur mon blogue parce que je laisse de côté mes mauvaises lectures. Est-ce que c'est hypocrite? Je sais pas.
Parfois je lis un livre et j'en suis déçue. Et je me dis que je devrais en parler, en expliquant pourquoi.
Puis le temps passe et je décide finalement de ne pas mettre d'énergie là-dessus.
J'avoue aussi que c'est parfois parce que je ne veux pas blesser l'auteur, soit que je le-la connais, soit que je sois trop gentille... ;)
Ou encore, je suis à l'encontre des avis de la majorité et je n'ai pas envie que certaines personnes viennent m'insulter pour me dire que je fais erreur :-p
@Pat : Je fais comme toi au fond. C'est d'ailleurs en le constatant que je me suis mise à me poser des questions...
@Sahée : Pour le premier point, étant donné que je me suis donnée pour mission de nourrir ce blogue 5 jours sur 7, j'ai pas d'excuse : j'écris presque tous les jours, alors je pourrais écrire sur les navets que je rencontre.
Par contre, pour la partie je le connais/je suis trop gentille/je suis à contre-courant, là je comprends totalement!
C'est le seul mauvais côté que je trouve au fait de rencontrer de plus en plus d'auteur. Ceux qu'on peut bitcher en toute quiétude se font rares... Heureusement, y'aura toujours les écrivains américains ;p
J'arrive un peu tard, désolé: je n'avais pas lu cet intéressante réflexion sur la digne revue.
C'est bien vrai que nous sommes généralement moins caustiques dans les critiques de Solaris. Il y a une combinaison de facteurs: je ne crois pas à l'explication unique.
Premièrement, la revue a changé et se consacre plus à la création qu'à ses débuts. Le monde aussi a changé. Il y a des blogues qui permettent à ceux qui en ont le goût de s'exprimer sur leurs lectures. A part ça, à l'époque les auteurs à succès dans le domaine n'existaient pas au Québec. On pouvait dire qu'un livre était moche sans se faire accuser d'être jaloux envers le succès de l'auteur(e).
Je ne te suis pas sur cette tentative d'explication, par contre. Tu écris: "Certes, les polémistes de l'époque, qui tenaient à bout de bras une revue pour passionnés, sont devenus les directeurs littéraires et les éditeurs d'aujourd'hui, qui tentent de séduire le marché."
Je sais pas. Parmi les "polémistes de l'époque", ni Norbert Spehner, ni Elisabeth Vonarburg, ni Claude Janelle, ni Luc Pomerleau ne sont directeurs littéraires ou éditeurs aujourd'hui. Une meilleure explication pourrait être que ni Spehner, ni Janelle ni Pomerleau n'étaient eux-mêmes des écrivains, ce qui leur permettait un certain recul, une certaine liberté de parole.
Finalement, il faut aussi dire que cette franchise entraînait son cortège de querelles, voire même des menaces de poursuite en diffamation! Tout ça fait perdre du temps et de l'énergie.
Joël Champetier
Hé! :) Tardif, mais passionnant ce commentaire :) Merci beaucoup pour les précisions Joël!
L'idée que Spehner puisse ne pas avoir été écrivain à l'époque ne m'avait même pas traversé l'esprit. (Pas fort pour une historienne, je sais). Pour ce qui est des polémistes devenus directeur littéraire, je pensais surtout à Sernine (dont je venais de lire la mise à mort d'un roman jeunesse).
Cependant, mon interrogation ne portait pas tant sur le changement de ton des Anciens, mais plutôt sur la politesse et la gentilesse dont ma génération fait preuve.
Je ne sais pas si c'est parce que notre familiarité avec Internet nous a donné hautement conscience du fait que tout écrit publié peut nous revenir à la gueule au moment où on s'y attend le moins...
Je ne crois pas que les critiques dans Solaris soient si gentilles. Peut-être sont-elles présentées de manière moins subjectives ? En tout cas, elles se doivent d'être bien argumentées, quel que soit l'avis du critique.
En tout cas, voici, pour la petite histoire, un lien vers ma toute première critique pour Solaris (ma critique-test, en somme ;-)) : http://www.revue-solaris.com/numero/2004/150-lectures.htm (c'est la première critique de la page).
Bien sûr, ce n'est pas toujours très drôle de faire ce genre de critique, mais il faut parfois le faire. Sur ce coup-là, il m'était impossible de dire autre chose, ça n'aurait pas été honnête.
Pascale (aussi surnommée La Dame au Fouet ;-))
@Pascale : Merci pour le coup de fouet qui réveille ;) En effet, les critiques de Solaris ne sont pas nécessairement plus gentilles, mais surtout moins subjectives (comme je continue à lire mes vieux numéros, je vois le ton changer). Ce qui les rend plus solides... mais parfois moins marrantes! :p
Enregistrer un commentaire