jeudi 11 février 2010

Écrire pour les jeunes?

Bon, fallait que ça arrive.

Je viens d'avoir une idée. Évidemment, comme elle vient d'arriver (et que j'ai pas commencé à l'écrire), je la trouve géniale.

Elle a juste un mautadine de gros défaut : c'est une idée de livre définitivement destiné aux ados.

Or, je sais pas écrire pour les jeunes. Les refus qui s'empilent dans ma boîte de courriel sont là pour me le démontrer.

Sauf que, au cours des ans, j'ai appris à écrire avec un tel type de narrateur, puis un tel autre, avec un niveau de langage plus si... moins ça... en format long, en format court, en format novella-merde-où-je-vais-la-publier-celle-là... Bref, je dois ben être capable d'apprendre à faire ça, écrire pour les jeunes!

(Ok, prière de me dire que mes pauvres trois petits textes acceptés ne prouvent pas du tout que je sache écrire tout court, je m'en fais moi-même la réflexion assez souvent!)

Sachant qu'il y a des auteurs jeunesses qui se promènent par ici de temps à autres, je pose la question :
Y'a-tu l'équivalent de "Comment écrire des histoires" pour les romans destinés aux ados?
Ou alors un cours universitaire magique pour m'expliquer au moins le principe?
Ou encore une bonne âme qui pourrait me donner deux-trois conseils?

Addendum
Une fois mise par écrit, l'histoire a : trop de personnages, ainsi qu'un début et une fin à faire dresser les cheveux sur la tête à tous les parents. Bon, ça va demander du travail ça...

33 commentaires:

Frédéric Raymond a dit…

Personnellement, je pense qu'on ne doit pas prendre les ados pour des imbéciles. Je ne suis pas certain que tu dois modifier ton style quand tu écris pour eux (pour les enfants ok, mais les ados...).Je connais beaucoup de monde qui lisaient du King à 12 ans et du Barker à 13 (dont moi). Ça me semble un argument. Justement, dans ses derniers romans pour jeunes (Abarat), Barker ne semble pas simplifier son style pour autant. Seuls les sujets diffèrent. C'est mon avis en tout cas, mais je n'ai jamais écrit pour les jeunes.

Une femme libre a dit…

Je suis contre la littérature dédiée aux adolescents. Un bon bouquin bien écrit devrait pouvoir être lu par tout le monde, ados ou adultes ou vieillards. En fait, les Harry Potter, qui ne sont pas complaisants ni faciles et qui utilisent un vocabulaire riche et nuancé et ne comptent pas le nombre de pages non plus, sont lus par tout le monde et intéressent une grande catégorie de gens, dont des ados. C'est de la bonne littérature captivante, point. Mais c'est tout un débat qui fait d'ailleurs rage dans les écoles actuellement. Devrait-on leur présenter des classiques comme lecture obligatoire ou bien des romans écrits spécifiquement pour eux, avec moins de pages et un vocabulaire allégé. Pour moi, ça revient à: on les traite comme des êtres intelligents ou bien comme des épais? (mais je suis reconnue pour ne pas avoir beaucoup de nuances... hum...)

Gen a dit…

@Fred : Justement, il y a des changements dans les sujets, dans la façon d'aborder les thèmes. Je sais aussi qu'il y a des changements dans la structure des récits. Je les sens en lisant, mais j'arrive pas à mettre le doigt dessus. Et j'étais moi aussi de ces ados qui lisaient des livres pour adultes à 12 ans, mais j'étais l'exception justement ;) J'écris déjà pour ces ados-là! lol!

@Femme libre : Hum... On pourrait discuter longtemps d'Harry Potter (j'aime pas, je le dis tout de suite et je refuse d'écrire un post de douze pages sur "pourquoi", j'ai déjà donné). Le vocabulaire est relativement riche et nuancé, le nombre de page est important, mais le style général est simple et l'intrigue l'est aussi (pour ne pas dire simpliste).

De plus, pour avoir enseigné à des ados, Harry Potter a du mal à trouver son public : les ados qui ne lisent pas beaucoup sont rebutés par la longueur, tandis que les ados qui lisent beaucoup sont repoussés par sa simplicité. Les plus grands fans de Potter que je connaisse sont des adultes qui, à part ces livres-là, n'aimaient pas tellement le fantastique.

Cela dit, je crois qu'il y a moyen d'écrire quelque chose qui ne prenne pas les jeunes ados pour des épais, mais qui ne les embrouille pas trop non plus. Quelque chose qu'un adulte lirait aisément, quoi. Du niveau de la Trilogie de l'elfe noir pour ceux qui connaissent. Mais en français.

Gen a dit…

Je précise que je viserais les 10-14 ans mettons.

Pat Isabelle a dit…

À mon avis, c'est surtout la psychologie des personnages qui doit être ajustée. Déjà là, c'est beaucoup.

Gen a dit…

Ajustée oui, mais comment? Plus simple (ce serait dommage) ou est-ce que juste "plus explicite" ça suffit?

Luc Dagenais a dit…

Il me semble qu'il y a un monde de différence entre 10 ans et 14 ans. Peut-être devrais-tu ratisser moins large? Vise d'abords UN lectorat précis, et si des plus jeunes ou des plus vieux aiment, tant mieux.

Si dans la même histoire tu essaies de plaire à trop de monde, tu finiras par ne plaire à personne.

Gen a dit…

@Luc : Bon point.

Disons que je pourrai préciser le lectorat davantage quand j'aurai mieux défini l'histoire (éléments à raconter absolument, thèmes "optionnels"). Et/ou quand je saurai qu'est-ce que je peux écrire pour qui. Comme ça risque d'être un projet d'envergure, j'aimerais avoir un peu plus de pistes avant de me lancer...

Cela dit, ce sera sans doute plutôt 12-14...

Pat Isabelle a dit…

En fait, je sais pas comment, mais j'ose croire qu'il faut entrer dans la peau des personnages. Ça me semble assez difficile. C'est probablement la raison pourquoi les romans jeunesses sont souvent mauvais. Et Frederic a raison, faut pas prendre les ados pour des nonos et entrer dans la facilité. Arabat est un exemple correct, mais ici, Claude Bolduc, a écrit de bons romans pour jeunes. Faudrait peut-être lui demander?

Gen a dit…

@Pat : Je connais bien la psychologie des ados (pour leur avoir enseigné), alors cet aspect m'inquiète moins que la simple matérialité du truc (longueur, style de narration qui "passe" ou pas, vocabulaire, thèmes, possibilité de présenter un arrière-plan plus riche...).

Je me demandais surtout s'il existait des ouvrages de référence...

Et oui, bon, si jamais Claude passe par ici... ;)

baboulebou a dit…

A mon avis, le plus simple, c'est de commencer par avoir des personnages adolescents, de l'age de ta cible m,ême. Si tu reussis à faire vivre ces personnages, alors c'est gagné!

Note que les préoccupations des ados sont différentes de celles des adultes, voir "Twilight" par exemple... Par ailleurs j'ai l'impression que pour ce public là il faut également plus d'humour... enfin, je dis ça, j'en sais encore rien, j'ai mon premier roman pour ados en forme premier jet, donc c'est une discusion qui m'interesse aussi :)...

Gen a dit…

@Alex : Justement, dans mon idée, mes personnages seraient ados.

Sauf que... est-ce vraiment un pré-requis? Est-ce que les ados, parfois, n'aimeraient pas lire autre chose que des "miroirs"?

ClaudeL a dit…

Lire ce que les ados lisent. Quitte à demeurer quelques heures à la bibliothèque et guetter les ados pour voir vers quels livres ils se dirigent. Ou parler à la bibliothécaire, ça irait plus vite.

Des personnages auxquels ils peuvent s'identifier, il est vrai, comme dit Alexandre. Il en fut question la semaine dernière dans les medias. http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/education/201001/30/01-944626-lectures-scolaires-kafka-ou-twilight.php

Si tu veux des titres:
http://www.editionsdavid.com/notre_catalogue/histoire.php

un autre lien, même si ça se met mal dans les commentaires:
http://www.citrouille.net/iblog/B830719706/C516465046/E162193376/index.html

Action, action et action. Du dialogue.
Écris ton histoire, l'éditeur te le dira bien à qui il le vendra!

Gen a dit…

@ClaudeL : Hum, bonne idée : je vais essayer de me trouver une fin de semaine pour aller me mettre à l'affût dans une bibliothèque ;)

Merci pour les liens.

Pour le reste, je vais me lancer je suppose. Je verrai bien ensuite! :)

J'espérais simplement que quelqu'un me suggérerait un livre de référence pour me guider, histoire d'éviter les faux-pas monumentaux forçant une ré-écriture complète et/ou un abandon du projet...

Frédéric Raymond a dit…

Je me souviens que, quand j'étais ados, je lisais les chroniques des sorcières de Anne Rice et je m'identifiais/étais en amour avec le personnage qui était de mon âge (Mona Mayfair). On s'entends que c'est loin d'être un roman ciblé pour les jeunes, car il y a plein de sexe, de violence et d'inceste. Tout ça pour dire que des personnages pour s'identifier est un must (mais c'est probablement aussi vrai pour les romans pour adultes).

Gen a dit…

lol! En effet, tout un roman pour ado ;)

Moi aussi je m'identifiais à Mona : Michael était vraiment séduisant ;)

Frédéric Raymond a dit…

@Gen Jamais vraiment trippé sur Michael... ;)

Frédéric Raymond a dit…

@Gen Je dirais même plus que j'étais jaloux.

Gen a dit…

@Fred : Ah, t'aurais pas dû préciser : ton commentaire précédent laissait à penser que tu lui préférais un autre gars! Mouhahahaha

Pierre H.Charron a dit…

Quand j'ai soumis dernièrement mon manuscrit pour Ado, j'ai réalisé que je n'ai pas pensé que j'écrivais pour des ados essentiellement mais j'avoue que mes personnages étant ADo, ca facilitait probablement la tâche. De plus, j'avais lu avant quelques romans pour ados juste avant et pendant dont le SoixaNTE-sIx de Michel J Levesque. Ca m'a aidé sûrement

Gen a dit…

J'envisage de me replonger dans les trucs qui m'ont fait tripper étant ado, histoire de me remettre dans le bain.

Cependant, en mettant mon idée sur papier, je réalise que si mes protagonistes seraient des ados, j'suis pas sûre que l'univers dans lequel ils évoluent plairait à un éditeur... Hum...

Ouaip, ben de la réflexion en perspective!

claude b. a dit…

Coucou!

Oh, je n'ai pas vraiment de conseils à donner à qui veut écrire pour les ados. Je ne l'ai pas fait souvent, et ça fait déjà un bout de temps que j'en ai fait. Ce n'est pas un terrain propice à l'écrivain amateur de choses malsaines.

Je dirais simplement:

sois ado, pense en ado, et agis en ado.

N'y va pas trop fort avec le niveau d'abstraction.

Sois politiquement correcte. Tu peux donner l'illusion que tu ne l'es pas, mais au bout du compte, tu dois le rester.

Ceci est une considération personnelle, mais j'évitais de trop marquer le moment présent, tu sais, avec des choses comme des allusions aux chanteurs populaires du moment, ou utiliser l'expression populaire du moment, qui finissent toujours par disparaître. Le public ado change très vite: en l'espace de deux ou trois ans, ce n'est plus le même monde, et les choses populaires du moment ne sont plus les mêmes. À vouloir faire trop «in», on se met vite «out».

Il y a cependant un avantage à faire «in», c'est qu'on tombe en plein dans le goût du jour, ce qui représente sûrement de bien meilleures chances de réussite.

Je disais plus haut «agis en ado», mais il ne faut pas dépasser les limites. L'anecdote personnelle que j'aime le plus raconter est… allez, je vous la radote encorei:

Mon directeur littéraire, le redoutable Daniel Sernine lui-même, avait bien aimé le roman que je lui ai proposé cette année-là. Après les premiers paragraphe du rapport de lecture, soit la partie qui flattait mon ego d'auteur on en arrive à

«Donc, ça m'intéresse de le publier. Mais. (ce mais était en italique).

Mais c'est la première fois qu'on me propose comme héros deux imbéciles aussi finis.

Je vois bien que tu ne souhaites pas, sous prétexte de littérature jeunesse, proposer des ados modèles - et je suis parfaitement d'accord. Mais aussi épais que ça?

Sur les cinq actes ou comportements idiots qui suivent, je te demande d'en couper ou d'en corriger au moins deux...»

Suivait l'énumération desdits actes ou comportements.

J'ai eu beau répliquer à Daniel que c'est ainsi que je me comportais à l'adolescence, rien n'y fit, et ce qui fut dit fut fait.

C'était pour un roman chouette peut-être, mais affligé d'un titre bien moche, «Le Chalet». .Je ne trouvais pas mieux. Le titre définitif, «La Porte du froid», est une trouvaille de Daniel.

Gen a dit…

@claude : Hihihihihi! J'en braille de rire! :D

Sérieusement, je crois que c'est la partie "politiquement correcte" qui va surtout me poser problème.

Mais là, en y réfléchissant, je commence à considérer l'idée de faire vieillir drastiquement mes protagonistes... Enfin, faut que ça repose.

Merci pour tes conseils (et pour l'anecdote). C'est gentil d'être venu faire un tour :)

(Hé, j'y pense, Daniel Sernine, est-ce qu'il se retourne encore quand quelqu'un l'appelle par son vrai nom?)

claude b. a dit…

Je suis sûr que l'Autre est toujours en lui.

Et gare au vieillissement: ça fait quelques décennies qu'on ne voit plus des héros adultes en littérature populaire pour ados.

ClaudeL a dit…

Te conseille aussi le blogue et le site de Camille Bouchard
http://camillebouchard.com/

Gen a dit…

@claude : En effet et je ne comprends toujours pas pourquoi!

Cependant, j'en suis consciente, alors si je fais vieillir mes personnages, ce sera pour tourner l'histoire en roman adulte. Je trouverais ça dommage par contre.

Il m'est souvent arrivé de lire des romans pour adulte avec des personnages très naïfs pour découvrir ensuite que l'auteur voulait faire un roman pour ado mais qu'il a dû vieillir ses personnages à cause d'un thème qui ne passait pas...

Enfin...

Gen a dit…

@ClaudeL : Merci encore :) (je le connaissais un peu celui-là, mais j'avoue ne pas avoir fouillé pour voir s'il raconte quelque chose sur la façon d'écrire pour les ados)

François Bélisle a dit…

Tout à fait d'accord avec Claude B.

J'ai eu l'avantage d'espionner les deux ados qu'il y avait à la maison, dont un fut livreur de pizza à 16 ans...

Je pourrais en écrire, mais sa propre adolescence permet certains repères qui valent encore.

Le monde des ados est immédiat, ils agissent pour eux-mêmes et l'amitié, est, à mon avis, centrale. Mon Larry qui bégaie, c'est un chum du secondaire, par exemple.

Un ado réagit.Il ne planifie pas.
Ils ont les hormones dans le tapis...
Elles sont souvent plus réfléchies...
Leurs vieux (parents) les font suer (à calibrer)

Finalement, laisse-toi aller...

Gen a dit…

@François : Bien noté, merci! :)

Mouais, mon idée devient de moins en moins pratiquable on dirait... Elle sous-entendait une certaine planification... quoique...

Bleh, j'haïs ça quand je suis dans cet état-là!!! Entre deux chaises, entre deux concepts, avec des images fatigantes qui veulent pas sortir de ma tête. J'aimerais bien qu'elles partent faire un tour et ne reviennent qu'une fois clarifiées...

Allez, une bonne scéance de musculation et je devrais penser à autre chose ensuite...

Jean-Louis Trudel a dit…

Désolé, je ne connais pas de guide infaillible sur le sujet.

Ce que j'ai constaté en lisant des romans pour ados québécois assez régulièrement, en tout cas, c'est que la qualité littéraire est très variable. Cela n'empêche pas d'être publié, encore que, dans certains cas, seul un objectif industriel semble le justifier...

A mon avis, il faut retenir deux choses : ne pas ennuyer et ne pas faire trop compliqué. Tout le reste (psychologie des personnages, qualité de la langue, rectitude politique, réalisme social, etc.), cela n'interpelle que les adultes. (Attention, je ne dis pas qu'il n'y a pas des lecteurs ados sensibles au réalisme des personnages, à la beauté de la langue, aux bonnes intentions, etc. — mais ce n'est pas systématique.)

Le seul hic, c'est que ce sont les adultes qui décident de ce qui passe le filtre...

Gen a dit…

@Jean-Louis Trudel : Merci pour les observations. :)

Hum... j'ai peur d'achopper sur le "ne pas faire trop compliqué". Enfin, je vais voir.

Je suppose que c'est à cause de ce "filtre" adulte que tous les romans ados des dernières années sont des romans offrant aux ados des "miroirs" (avec personnages adolescents méritant souvent une bonne paire de claques) et non plus des "modèles" (avec personnages adultes auxquels l'ado peut avoir envie de ressembler)?

Joe G. a dit…

À mes yeux tout ça ressemble à écrire pour du TDAH sans tomber dans la stupidité.
Aucune idée du comment.

Gen a dit…

@Joe G. : lol! On en est donc au même point! hihihi