lundi 22 avril 2024

La Barque - le tournage

L'aventure complètement folle de "La Barque" se poursuit. 

Il y a deux semaines, j'ai bravé 1h40 de transport en commun (aller seulement!) et je me suis rendue jusqu'aux studios où Vanessa et son équipe des Productions Montagnes Hallucinées tournaient la majorité des images du film. 

Ce n'était pas la première fois que je constatais qu'un studio d'enregistrement audio-visuel, ce n'est vraiment pas grand (j'ai eu droit à deux entrevues télé en carrière)... mais je crois que je n'imaginais pas la quantité de gens qui occupent un plateau de cinéma! 

En plus, à côté des coulisses de théâtre et de danse fréquentées dans mes jeunes années (et où règne une discipline presque militaire, car il est hors de question de chercher quoique ce soit quand on doit changer de costume et retourner en scène dans 87 secondes), un plateau de tournage c'est un chaos organisé! On alterne entre des moments d'activités frénétiques (retouches maquillages, discussions sur le jeu, ajout de ceci, retrait de cela) et des instants de silence chargé lorsque "ça tourne!" C'est à s'étonner que tout le monde arrive à se coordonner (sans se prendre les pieds dans tous les fils et rails qui parsèment le sol), mais pourtant, oui, ça fonctionne!

Quand je suis arrivée, après un accueil chaleureux de toute l'équipe, j'ai essentiellement vu ça :

Beaucoup de monde, perdus dans la boucane...
J'avais le dos au mur pour prendre la photo,
ça vous donne une idée de la taille des lieux!

Évidemment, s'il y avait autant de gens, c'est que (en plus des acteurs et actrices qui constituent la pointe de l'iceberg) il faut toute une équipe technique pour faire un tournage : construction, costume, accessoire, maquillage, coiffure, son, lumière, photo, caméra, effets spéciaux... Il y a toujours quelque chose à ajuster ou réparer entre deux prises (souvent, c'était le support de la barque!). 

Douze personnes à la technique! Plus la fameuse barque...
(photo de Claude Wauthier)


Assez grande pour l'acteur et les trois actrices...
(Photo de Claude Wauthier)

Ou pour une écrivaine et une réalisatrice.
Les comédien.nes ont le coeur solide :
pour des raisons de réalisme, la barque n'était pas très stable!
(Photo Claude Wauthier)

L'enthousiasme de toute l'équipe, unie dans le but de mettre en images cette histoire (mon histoire!), m'a vraiment touchée. Voir la barque, les costumes, entendre les voix, regarder avec Vanessa le résultat des prises de vue sur un écran... J'en avais les larmes aux yeux d'émerveillement!

À un moment, une actrice m'a prise dans ses bras et m'a remerciée de "l'avoir écrite". Elle était costumée et maquillée, alors j'ai ressenti un instant d'irréalité, comme si mon personnage était sortie du texte pour venir me parler! Une fois le choc passé, je me suis félicitée de pas avoir trop fait souffrir mes personnages dans ce texte... Enfin, pour la plupart! :p 

J'ai vraiment hâte de voir le résultat final. C'est prévu pour septembre. Je vous tiendrai au courant!

En attendant, les bonnes nouvelles se multiplient. Je crois que je ne réalisais pas ce que j'écrivais avec cette nouvelle. Pour moi, c'était une variation sur le thème des trois sorcières, une histoire de sororité touchante, certes, profondément féministe, mais toute simple, conçues pour répondre aux contraintes de l'appel à texte. Il semblerait cependant que cette histoire fait vibrer quelque chose chez mes lecteurs et, surtout, mes lectrices...

Au point où une jeune étudiante en traduction du Royaume-Uni (!) vient de me demander la permission de traduire mon texte pour son projet de fin d'étude! (J'ai évidemment accepté!) Les trois sorcières étant un motif bien connu en Angleterre (notamment à cause des "weird sisters" du Macbeth de Shakespeare), c'est vraiment génial de savoir que mon interprétation y sera publiée!

Si vous voulez vivre la même folle aventure, le concours de "nouvelles à adapter" connaîtra sa deuxième édition cette année! Allez, qui ne risque rien... 

mardi 19 mars 2024

La Barque - pré-production

J'écris peu ici ces derniers temps, parce que disons que je suis très occupée. Le boulot chez Alire est passionnant... et donc je m'y consacre à fond hihihihi! 

En parallèle, j'écris (il y a trois collectifs en préparation dans lesquels je vais publier des nouvelles et on a terminé mon prochain recueil de nouvelles qui devrait sortir aux Six Brumes début 2025 et puis je publie dans le prochain numéro de Solaris...), je lis et...

Et j'essaie d'aider autant que je peux (sans nuire! lol!) à la pré-production de "La Barque", le court métrage qui sera tiré de "Dans la barque", ma nouvelle gagnante du concours Boréal/ Huis clos (qui a été publiée dans le Solaris #229) par les Productions Montagnes Hallucinées

C'est fascinant de voir comment la réalisatrice Vanessa-Tatjana Beerli a transformé le texte (que j'avais déjà conçu de manière à ce qu'il soit très visuel, sans flashback ni long discours intérieur) pour qu'il puisse être raconté uniquement en image. La fin a été changée un peu, elle en est devenue plus horrifiante, sans enlever aux personnages leur agentivité. 

C'est essoufflant aussi de voir tout ce que ça demande comme logistique un tournage (les lieux, la barque, les comédien.es, faut une autre barque finalement, les costumes, on va-tu finir par en trouver une maudite barque, les accessoires, on a une barque mais faudrait des gens pour la déplacer...). Et tout ça en très peu de temps! Alors que les délais du milieu de l'édition se comptent souvent en années, là on fonctionne avec un calendrier serré. J'ai gagné le prix en octobre, on va filmer en avril et tout sera prêt en août-septembre! O.o Je prends parfois plus de temps que ça pour écrire une nouvelle et je suis toute seule avec mon ordinateur!

Bref, je découvre un nouvel univers tout en continuant à entretenir les miens. Et j'ai bien hâte de voir la transposition de mon texte en images! À suivre... 



vendredi 16 février 2024

Décision émotive ou le privilège d'avoir un toit

Au tournant de 2020, dans la foulée de mon divorce, j'ai fait un choix que mon planificateur financier et mon agent d'immeuble ont qualifié, avec dédain, de "décision émotive" : j'ai investi l'essentiel de mes avoirs (dont ma part de la maison familiale fraîchement vendue et une bonne partie de mes économies de retraite) dans un condo.

Un 4½ assez récent, dans la même ville et le même quartier que mon ancienne maison, ce qui me permettait de ne pas changer ma fille d'école. 

"Vous devriez attendre" m'ont dit les supposés experts. "Vous ne savez pas ce que la vie vous réserve, dans un an ou deux, vous pourriez être à nouveau en couple, vouloir plus d'espace... Vous devriez louer pendant quelques années..."

Mais un 4½, ça me semblait bien assez grand pour un couple éventuel (j'avais raison). Et louer quelques années, ça voulait dire me mettre à la merci des appartements disponibles, des enquêtes de crédit (qui ne seraient pas favorables à une écrivaine-travailleuse-autonome), risquer des reprises de logement, des propriétaires abusifs ou paresseux... Ça voulait dire aussi envisager plusieurs déménagements. Traîner ma puce au milieu des boîtes... 

Je savais que je ne pourrais pas gérer ces stress-là. Je mettais déjà les ruines de moi-même dans des boîtes. Ma maison, qui avait accumulé les pépins depuis des années mais que j'avais toujours réussi à remettre sur pied, dans laquelle j'avais investi beaucoup d'énergie, que j'avais arrangée à peu près à mon goût, ma maison m'était arrachée. Je ne voulais plus jamais revivre ça.

"Prenez une plus grosse hypothèque au moins, m'a-t-on dit. Avec les taux d'intérêt actuels..."

Mais les taux pouvaient monter, les paiements pourraient devenir un stress...

Alors j'ai accepté l'étiquette et le dédain, j'ai affronté les messieurs experts et j'ai acheté (presque) comptant. C'était une décision émotive? Sans doute, mais mes émotions, je devais les respecter, puisque je vivrais avec. Je voulais un toit à moi. Un refuge pour me reconstruire. Que personne ne pourrait m'enlever. 

J'ai signé l'achat de mon condo un mois avant le confinement. Le temps que j'y déménage, j'avais un amoureux (lui aussi dépourvu de logis) et les prix des propriétés avaient tellement explosés que je n'aurais plus été capable de l'acheter (j'en fais parfois des cauchemars). Le prix des loyers aussi était devenu astronomique. Si on avait été obligés de louer durant deux ou trois ans, j'aurais dû soit renoncer au travail autonome, soit grugé mes économies et risqué de ne plus jamais été capable de sortir du marché locatif. 

Bref, je ne me suis jamais autant félicitée d'avoir écouté mes émotions. 

Et ces temps-ci, chaque fois que j'ouvre les journaux et que je lis à propos de la crise du logement, chaque fois que je passe par Montréal et que je vois des itinérants couchés au sol, j'ai les larmes aux yeux, le coeur qui s'émiette et le souffle qui s'étrangle. 

Parce que personne ne devrait vivre cela. 

Parce que j'ai honte tellement je me sens miraculeusement privilégiée d'avoir un toit...

Et j'ai envie de hurler, car ça ne devrait pas être un privilège. 

mardi 30 janvier 2024

Peaufiner le quotidien

Prendre soin, disais-je... et déjà janvier s'achève. 

Mais j'ai gardé mes objectifs en tête. L'écriture avance (j'ai trois nouvelles à remettre d'ici juin, après ça, c'est promis, je le jure, je me concentre sur mes romans!), je trouve mon rythme à travers le travail. J'ai réintégré l'exercice physique quotidien et la méditation pour prendre soin de mon corps. Du temps de lecture est réservé chaque soir avant le coucher de la puce, histoire qu'on prenne du temps pour se coller à trois, pour relaxer ensemble, renforcer nos liens. De petites améliorations sont planifiées pour notre logis, histoire de prendre soin du quotidien. Des trucs aussi niaiseux qu'installer des crochets aux bons endroits, remplacer une corbeille à papier brisée et mettre des cadres sur des murs vides. Des petits riens qui, pourtant, allègent l'ambiance.

Ça m'étonne toujours ce genre de changements minimes qui aident la fonctionnalité ou l'esthétisme. Oui, au bout de quelques mois, ils deviendront invisibles, acquis. Le jeu est donc de ne pas tous les intégrer en même temps, de les laisser faire leur effet. J'avais tendance, dans mon existence précédente, à me faire de longues listes de problèmes à régler, puis à essayer d'acheter tout ce qu'il fallait pour les corriger et ensuite tous les attaquer d'un coup, ce qui demandait énormément d'argent, d'énergie et de temps sur une courte période.

Maintenant, j'y vais un petit pas à la fois. Un crochet ici. Un meuble bancal enfin réparé là-bas. Acheter le matériel qu'il faut une fin de semaine. Attendre un mois avant de l'utiliser pour améliorer le décor. Ne pas me mettre de pression, ne pas m'en vouloir quand tout n'est pas fait immédiatement.

Prendre soin de mon rythme, de mon temps, de mon énergie.  

Peaufiner ma vie comme je peaufine mes textes, quoi, en acceptant que le temps fait partie du processus. 

vendredi 22 décembre 2023

Bilan et objectif

C'est déjà l'heure des bilans. Ça n'a pas été l'année la plus occupée sur le blogue... et pour cause : en 2023, je voulais ralentir le rythme et écrire plus. 

Ralentir n'a pas été facile. En début d'année, ça allait encore, j'avais réussi à installer un mode un peu contemplatif, j'ai réduit le blogue, le bénévolat, sacrifié mon atelier court... mais à partir de septembre, j'ai dû cumuler mon nouvel emploi et la fin des contrats acceptés avant de savoir que j'aurais une job. Ouf. Heureusement, là c'est terminé. 

Ça me fait un pincement au coeur de penser que je ne reverrai plus "mes madames" des ateliers d'écriture de la bibliothèque, mais toute bonne chose à une fin. Elles sont plusieurs à voler de leurs propres ailes à présent : trois ont publié professionnellement. J'espère qu'une quatrième osera s'y essayer. (C'est fou le sentiment de fierté maternelle que je ressens quand j'y pense... et c'est comique parce que mes mentorées ont toutes l'âge d'être ma mère et me chicanent quand je sors pas de foulard. Comme quoi l'art transcendent les générations! hihihihi!)

En 2024, je serai donc uniquement éditrice adjointe et écrivaine. Peut-être que je renouerai avec l'idée de donner un atelier court en octobre prochain... je verrai dans quel état je serai. C'est loin. Je ne veux pas reprendre un rythme trop frénétique. 

Parce que l'écriture a très bien été en 2023. J'ai publié deux nouvelles, une troisième est acceptée, j'ai remporté deux prix, finalisé la préparation d'un recueil de nouvelles de fantasy contenant deux textes inédits, j'ai placé deux traductions, j'ai pris des notes pour mes deux prochaines nouvelles et pour deux projets de roman (coudonc, y'a beaucoup de trucs qui sont arrivés par paire cette année!), je vais bientôt voir une de mes nouvelles adaptées en court métrage... 

Le congé des Fêtes sera un vrai congé cette année, que je pourrai passer à relaxer et à écrire. Et en janvier, l'écriture sera à nouveau au programme chaque semaine, dans le temps dégagé par les contrats terminés et par la puce qui grandit. 

L'objectif en 2024? Prendre soin. De mon écriture, de moi-même, de mon amoureux, de ma fille, de notre logis, de nos familles, de nos amis... Sortir du mode survie, de l'urgence, abandonner les petites habitudes adoptées pour sauver du temps, mais qui finissent par nous faire sentir bousculés. Me centrer sur ce que je peux contrôler et influencer, pour tenir à distance toute la laideur du monde. 

Créer un cercle de lumière et de chaleur et espérer qu'il se diffuse...

Au moins jusqu'à vous. Que vos Fêtes soient douces!

vendredi 15 décembre 2023

La négociation et les femmes

Il paraît que les femmes ne négocient pas assez forts leurs conditions de travail et leurs salaires (c'est ce que dit Lagacé en tout cas). Que ça explique la rémunération et la charge de travail des infirmières. C'est donc encore la faute des femmes si elles ne sont pas bien traitées, hein?

Mais cette grève (historique par son ampleur et sa durée : la dernière fois que les profs ont débrayé, c'était en 1983 pis ça a duré trois semaines) nous montre comment les femmes sont reçues lorsqu'elles tentent de négocier : 

Elles demandent 25% d'augmentation? On leur offre 10%, puis 12% (et on les gaslight en disant que c'est 14%)...

Elles veulent une diminution de leur charge de travail? Moins de précarité? On leur demande au contraire plus de "flexibilité". 

Elles demandent plus de classes, plus de postes? On répond qu'on manque de personnel. Comme si celui qui a fuit le réseau public à causes des mauvaises conditions n'existait plus et n'avait aucune chance de revenir si on améliorait les choses. Comme si en augmentant l'attractivité de la profession, on n'aiderait pas la relève. 

Elles font la grève? On les culpabilise au nom des enfants, des patients... On laisse traîner les choses, on cherche à les épuiser, on les menace que "ça va brasser", on remet en fin de journée des résumés des ententes qui ne reflètent pas les discussions réelles...

La morale : ce n'est pas les femmes qui ne savent pas négocier, c'est le gouvernement qui n'est pas intéressé à négocier avec elles. Il est persuadé qu'il n'a pas besoin de les écouter et de chercher le compromis. Qu'il va arriver à s'acheter un arrangement à son goût.

Devant ce genre d'attitude, il y a deux options possibles : se contenter de ce qu'on nous donne ou s'entêter à notre tour. 

Je pense que les employées de l'état sont rendues à la deuxième option. J'aimerais penser que c'est parce qu'on commence à secouer collectivement le patriarcat... mais en fait c'est juste que les services sont arrivés au point de rupture et les personnes qui les dispensent refusent de tout laisser s'effondrer. 

Je les en remercie. 

mardi 5 décembre 2023

In English, prise deux

Pour la deuxième fois, un de mes textes traduits en anglais (toujours par la merveilleuse Margaret Sankey) vient de paraître. 

Cette fois, il s'agit de "La vie secrète des carapacées", traduit par "The Secret Live of Shellwomen" dans le Year’s Best Canadian Fantasy and Science Fiction: Volume One! J'y suis en super bonne compagnie (notamment Marie Bilodeau et Premee Mohammed, que j'ai très très hâte de lire à nouveau!)


Pour le moment, seuls les ebook sont en vente, soit sur Amazon, sur Kobo ou ailleurs. Le format papier sera cependant disponible bientôt!