mercredi 1 février 2017

La religion sereine

Le billet de lundi, écrit depuis des semaines, s'est retrouvé en ligne avant que j'apprenne ce qui s'était passé à Québec. Résultat : timing fouaireux pour jaser de développement de personnage mettons.

Le billet d'aujourd'hui a été écrit depuis des semaines. Parce que des fois ma défunte grand-maman et sa philosophie de vie si simple me manque. Et aujourd'hui, alors que je boucle ma valise en vue d'une visite à Québec, me semble qu'elle manque aussi au monde entier.

Voyez-vous, ma grand-maman avait la foi. Une foi pure et lumineuse, que j’ai toujours trouvée contagieuse (même si ça ne m'a pas empêchée de devenir une athée ou, à tout le moins, une déiste agnostique). Je ne sais pas trop comment ça a commencé, mais je me souviens que quand j’étais petite, pendant des années je suis allée à l’église avec elle à tous les dimanches.

Et puis, un jour, le prêtre, pendant son sermon, a parlé du mariage et du divorce. Je comprenais pas tout, mais j’étais restée avec l’impression que l’église catholique aimait pas les divorcés. Sauf que déjà, à cette époque, je connaissais quelques divorcés, certains dans ma propre famille, et j’avais bien vu que, dans leur cas, mettre fin à leur mariage avait été une bonne solution.

Après la messe, j’avais demandé à grand-maman si c’était correct d’être divorcé.

– Les divorcés, c’est du monde comme tout le monde! qu’elle m’avait répondu.

– Mais grand-maman, que j’avais dit, le prêtre, il a dit...

À ce moment-là, elle avait levé un de ses doigts un peu croche pour m’interrompre. Elle m’avait regardée en baissant la tête pour bien m’encadrer dans le haut de ses lunettes à double-foyer, elle avait sourit et elle avait pointé vers le haut.

– Moi je m’arrange avec le petit Jésus, m’avait-elle dit.

C’est à partir de ce moment-là que j’ai remarqué que ma grand-maman répétait souvent la même phrase.
 
Telle femme préférait les femmes aux hommes.
 
– Pis ça? C’est du monde comme tout le monde!

Un tel et une telle avaient des enfants sans être mariés.

– Pis ça? C’est du monde comme tout le monde!

Sa voisine, à la résidence, n’était pas catholique.

– Pis ça? C’est du monde comme tout le monde!

Au fil des ans, et des anecdotes du genre, j’ai compris que, de toute la religion catholique, grand-maman n’avait retenu qu’une phrase dite par son "petit Jésus" : Aimez-vous les uns les autres. Et elle a vécu en accord avec cette phrase-là, en aimant tous ceux qui croisaient sa route, parce que c’était "toute du monde comme tout le monde".
 
Ces jours-ci, j'aimerais ça que, justement, tout le monde pense comme elle.

4 commentaires:

Nomadesse a dit…

J'avoue que c'est la phrase, moi aussi, que j'ai retenue...

Gen a dit…

C'est ironique ce qui se passe, parce que pour moi qui ai grandi près de Montréal, Québec c'était le stéréotype même de la ville tranquille et sécuritaire. Mais semblerait que ça n'existe plus ce concept-là.

Caro a dit…

Le monde a cruellement besoin de plus de gens comme ta grand-maman. Il me semble que tous ces livres religieux pourraient être remplacés par cette phrase toute simple. On n'a vraiment pas besoin du reste. Une fois qu'on s'aimera les uns, les autres, on aura réglé ben des problèmes.

Gen a dit…

Ouaip!