vendredi 12 mai 2017

Cervelle d'écrivain (9)

Ma cervelle d'écrivain est un drôle d'endroit qui abrite, en plus du subconscient, des souvenirs, des émotions et du Moi conscient rationnel qui tient les commandes, une Muse qui s'ingénie à foutre le bordel. Comme l'autre jour...

Muse - Bon matin, Gen! Sais-tu quoi? J'ai une super idée pour une histoire policière!

Moi conscient rationnel - Ok, je vais la noter, mais je te préviens : tu m'as déjà donné deux romans policiers complets, alors le temps que j'arrive à écrire ta nouvelle idée, ça va être long.

Muse - Oh, mais c'est pas un roman celle-là, c'est une nouvelle.

Moi - Ah ah! Elle est bonne. Je ne fais plus de nouvelle policière : y'a plus de revue pour les publier.

Muse - Pas grave, tu vas vouloir l'écrire dès que je te l'aurai dite.

Moi - C'est ça, c'est ça.

Muse - J'en suis sûre.

Moi - Écoute, c'est pas que t'es pas intéressante, mais des idées géniales, t'en as deux par semaine. Alors c'est pas comme si je manquais de boulot.

Muse - Tu veux parier?

Moi - Si je veux parier que je saurai résister à la tentation d'écrire une nouvelle qui n'a aucun espoir de mise en marché au lieu des romans sur lesquels je travaille déjà? Bien sûr, qu'est-ce qu'on parie?

Muse - Une seconde nouvelle.

Moi - Grmmmpfff... Bon, ok, pourquoi pas. De toute manière, tu vas perdre. Alors, c'est quoi ton idée?

Muse - C'est (explication de l'idée).

Moi (ravi par l'idée, mais fâché d'avoir perdu) - Merde!

Muse (satisfaite) - Je te l'avais dit.

Moi - Alors je te dois deux nouvelles, c'est ça? Celle-là et une autre? Le truc de SF je suppose?

Muse - Ouais.

Moi (faisant contre mauvaise fortune bon cœur) - Ok, donne-moi le temps de terminer mon projet en cours et je m'y mets.

Muse - Yé! J'aime ça quand je gagne contre toi. Et, d'ailleurs, ça me donne une autre idée (explication de l'autre idée).

Moi (exaspéré) - Ah non! Là, t'es gentille, pis celle-là t'en fais un billet de blogue, d'accord? De toute manière, l'écrivain qui s'obstine avec lui-même, ça fait longtemps que c'est plus original!

;)

5 commentaires:

Nomadesse a dit…

Ah ah ah! J'adore!

Pascal Raud a dit…

Ah ah ! C'est tellement une scène que je connais bien :p
Rien qu'au Boréal, pendant le marathon d'écriture, j'ai commencé à développer une idée, qui va donner un nouveau projet... misère... comme si je n'avais pas déjà des projets à mener à bien :D
Mais c'est un beau problème : nos muses ne prennent jamais de vacances et ne sont pas syndiquées ;-)

Gen a dit…

@Nomadesse : Merci! ;)

@Pascale : Je me disais que plusieurs personnes se reconnaîtraient dans cette scène. Cela dit, je ne suis pas sûre que les Muses ne prennent JAMAIS de vacances. Si je m'assois devant une feuille blanche avec un deadline et pas de thème ou contrainte pour partir la machine, j'ai quand même 25% de chance que la Muse ne se pointe pas! (Heureusement, dans ces cas-là, j'ai juste à fouiller dans le vieux stock qu'elle m'a laissée, mais bon... ;)

Claude Lamarche a dit…

Moi, j'aime bien ce qui est supposément pas original.
L'originalité à 100%, ça existe?
Je crois plutôt que c'est seulement que certaines personnes n'ont pas tout vu, tout entendu,tout lu.
Et puis, ce sera original puisque ce sera ton écriture et ce que tu t'apprêtes à écrire n'a jamais été écrit, na jamais été lu.
Non? c'est pas ça qu'on se dit pour se rassurer?

Anonyme a dit…

@ClaudeL : (de Gen qui n'est pas sur son ordinateur) Non, l'originalité à 100%, je ne crois pas que ça existe. Cela dit, il y a des modes en littérature, des tendances, des idées qui deviennent un cliché tellement elles sont utilisées. L'originalité, c'est de choisir d'utiliser le cliché pour l'amener dans une voie peu commune ou alors de s'en détacher et de faire autre chose.

Tout en sachant que tout cela est circonstanciel (en effet, on se fit un peu sur le fait que le public ne peut pas avoir tout lu tout entendu). Twilight de Stephanie Meyer a eu l'air original à sa sortie, puisque les vampires avaient un peu passé de mode depuis la fin du phénomène Anne Rice. Mais là, on en a pour un bon dix ans avant que les lecteurs (et les éditeurs) veuillent toucher de nouveau aux vampires.

Et oui, "Tout a été écrit, mais par moi", c'est effectivement ce qu'on se dit pour se rassurer. Cela dit, faut que le "moi" en question apporte quelque chose. Quand on écrit, je crois qu'on doit se demander "Pourquoi est-ce que je suis la meilleure personne pour écrire cette histoire? Qu'est-ce que ça apporte que ce soit moi qui l'écrive?"