vendredi 13 janvier 2017

Parler des projets en cours

Je parle peu de mes projets en cours d'écriture, même avec mon chum. Oh, je jase d'idées diverses tant que mon plan n'est pas établi, mais une fois en écriture, je me contente de dire que c'est en cours, que c'est dans tel genre et que ça avance (ou pas), mais ça s'arrête là : je ne dévoile rien du contenu à personne tant que ce n'est pas terminé.

Pourquoi?

Différents facteurs entrent en jeu, mais le principal, c'est la peur.

J'ai peur que mon interlocuteur trouve mes idées faibles, qu'il me le dise (ou que je crois le lire sur son visage) et que sa réaction me coupe mon élan créatif.

J'ai aussi peur des suggestions. Parce que oui, certaines pourraient être géniales et m'amener dans une direction qui m'enchante et que je n'avais pas envisagée.

Par contre, d'autres suggestions pourraient m'entraîner dans une direction où je ne voulais pas vraiment aller, mais que je m'efforce d'emprunter parce qu'elle est mieux, plus novatrice. Elle ne provoque pas de feux d'artifice dans ma tête, mais mon intellect l'admet comme "la meilleure" et ne me permet plus de l'ignorer. Dans ces cas-là, même si le texte, une fois terminé, est jugé excellent, moi il me laissera insatisfaite, parce que mon histoire, mon idée à moi, elle n'aura pas été écrite. (Et je n'aurai sans doute ni le temps ni l'envie de la réécrire un jour... surtout en la sachant plus faible que celle que j'ai effectivement rédigée... Oui, je sais, c'est paradoxal).

J'ai également peur de créer des attentes. Il arrive de moins en moins souvent que je ne termine pas mes projets, mais, quand même, des fois c'est le cas. (Il y a des gens, je le sais, qui attendent depuis 10 ans que j'écrive un truc de chicklit... vous pouvez arrêter d'espérer, ça ne se fera pas!) Et, le plus souvent, les idées demeurent dans ma mijoteuse cérébrale 3 à 5 ans avant que je ne les juge mûres pour une rédaction. Alors j'aime mieux de ne pas en parler trop en avance.

Bref, tout ça pour dire que lorsque j'écris, je suis vraiment seule dans ma bulle avec mes personnages, mon intrigue, mon univers... et mes doutes.

L'autre matin, alors je soupirais devant mon écran et mon manuscrit qui, de mon point de vue, avance à pas de tortue vers une retraite anticipée dans la poubelle d'un éditeur, mon papa m'a demandé sur quoi je travaillais. Chose rare (j'avais pas encore bu mon deuxième café, ma vigilance était réduite), je me suis laissée aller à en parler un peu...

Mon papa m'a fait une suggestion. C'était déjà dans le texte. Il a avancé une seconde idée. Déjà là aussi, ai-je dit, et j'ai rebondi sur comment et pourquoi et dans quel sens ça va évoluer ensuite...

Et mon papa, homme d'un enthousiasme légendaire et communicatif, s'est exclamé "Ben là! C'est super bon! Envoye, écris, j'ai hâte de le lire!"

Ouf, ça a fait du bien. Merci papa.

Note à moi-même : parler de mes projets en cours, malgré tous les risques, des fois ça vaut la peine.

Et vous, quelle est votre position à ce sujet? Les idées en cours d'écriture, vous en jasez ou pas?

6 commentaires:

Shadow_x99 a dit…

Je peux pas dire que je suis capable d'être à ta place... mais en tant que potentiel lecteur, je préfèrerais de loins en savoir le moins possible sur tes projets d'écritures, c'est que je veux pas me faire scrapper un punch parce qu'on en a parler durant ton processus créatif.

Donc mon point de vue se résume à "Parle en pas, laisse ton oeuvre parler pour toi."

Gen a dit…

@Shadow : C'est aussi une de mes préoccupations (une autre peur quoi!) : ne pas "spoiler" mes futurs lecteurs. J'suis contente de voir que je ne m'inquiète pas pour rien et que ça ne vous tente pas non plus de vous faire voler les punchs!

Pour ce qui est "laisse ton œuvre parler pour toi", c'est pas mal ma devise... ce qui fait de moi une bien piètre vendeuse! :p Mais bon, j'y travaille, j'y travaille!

Nomadesse a dit…

Oui, j'en parle à des gens de confiance. Des gens proches. Parce que je me sentirai à l'aise de ne pas prendre la suggestion, que ça ressemble plus à une discussion, un enrichissement. Aussi bien dire: j'en parle toujours à mon chum, des fois Léo écoute et pose des questions, ça part dans tous les sens et ça devient très drôle. Et je n'ai pas peur de me faire juger par les gens-amis, alors je peux me planter, c'est pas grave! ;)

Gen a dit…

@Nomadesse : Je n'ai jamais peur de me faire juger sur un texte terminé (ou, entk, pas trop mettons! hihihihi), mais le texte en cours, lui j'ai toujours l'impression qu'il est fragile.

Mais je trouve ça cute de savoir que Léo participe aux discussions chez toi! :) J'ai hâte qu'Éliane soit en âge d'apporter son grain de sel! :) (On a aussi des brainstorming assez désopilants chez nous, même s'ils sont à un autre moment du processus)

Annie Bacon a dit…

Je partage tout assez librement! De toute manière, mes idées sont trop bizares pour être volées, et je suis très (trop?) bonne pour ignorer les suggestions!

Par contre, après, quand le livre sort, je m'inquète que les gens qui attendent le livre depuis longtemps soient déçu, parce qu'ils se sont faits des attentes. Arme à double tranchant, donc.

Gen a dit…

@Annie : Tu remarqueras que la notion du "vol d'idée" ne fait pas partie de mes peurs non plus! (Selon mon expérience, les idées des autres nous inspirent rarement autant que les nôtres, alors pourquoi les volerait-on?)

Ah, les attentes des lecteurs. Je vois que ça te préoccupe toi aussi.