jeudi 22 décembre 2016

Bilan 2016

D'habitude, je publie mon billet de "bilan" entre Noël et le Jour de l'An. Résultat : tout le monde étant occupé à fêter en famille (ou à se reposer intensément), ça passe plutôt inaperçu.

Alors cette année, j'ai décidé de procéder différemment : moi aussi je vais prendre une pause entre Noël et le Jour de l'An! (Ok, j'avoue que ma décision est en partie motivée par le fait que les maladies successives de tous les membres de ma famille ont mis à mal mes préparatifs soigneusement planifiés et que j'ai plus de cuisine à faire que prévu dans les prochains jours!)

L'année 2016 a marqué un tournant pour moi : c'est la première année où je pouvais vraiment dire que j'étais uniquement écrivaine (ma puce étant entrée à la garderie, le titre de "maman à temps plein" ne s'appliquait plus).

Écrivaine à temps partiel par contre. Trois jours par semaine. En théorie. Parce qu'en pratique, ces trois journées me servaient aussi à faire des animations, des critiques, du mentorat, de la rédaction commandée, aller à divers rendez-vous, abattre les tâches ménagères accumulées, préparer de la bouffe d'avance, m'entraîner, me reposer en cas de maladie, entretenir mon réseau social... et tout cela pouvait tomber à l'eau en cas de maladie de ma puce! Bref, en moyenne, je dirais que j'ai pu travailler deux jours par semaine.

Sachant que j'écris environ 1000 mots par jour, mettons que les projets n'ont pas avancé aussi vite que je l'aurais voulu. Surtout qu'il s'en est rajouté un en cours de route! Je termine donc ma première année d'écrivaine avec deux ouvrages à moitié rédigés au lieu du bouquin terminé que j'avais espéré.

Cependant, j'ai aussi complété l'écriture d'un guide pratique (à paraître en 2017) et de six nouvelles, dont quatre seront publiées en 2017 (n'ayant pas soumis l'une des deux autres, je trouve la moyenne pas pire pantoute!). Alors je n'ai pas trop besoin de m'en faire : mon année à venir sera quand même chargée.

Côté revenu, j'ai atteint entre 40% et 140% de mon objectif, dépendamment de la méthode comptable utilisée. En clair : le chèque relié au Prix Canada-Japon m'a été promis en octobre, mais je le recevrai seulement en mars prochain! Peu importe dans quelle année je le comptabilise, il renflouera mes économies et m'aidera à continuer d'essayer de vivre de ma plume. (En plus de me remonter le moral quand ça ira moins bien!)

Pourquoi est-ce que je dis "essayer" de vivre de ma plume? Parce que c'est pas gagné. Même en calculant que je vise un revenu minime qui servira surtout d'appoint à notre revenu familial (10 000$, soit de quoi payer ma part de l'épicerie, la garderie et mes dépenses personnelles), la route pour l'atteindre me semble longue. Surtout quand une revue où je publiais régulièrement (Alibis) ferme subitement (mine de rien, Alibis me rapportait 5% à 10% de mon revenu annuel!).

Pour me mettre à l'abri de ce genre de coups durs, j'ai récemment entrepris de diversifier mes activités (critiques, ateliers, animations, mentorat, rédaction) et j'ai réussi à me bâtir quelques revenus réguliers (une école, un atelier d'écriture, un client pour la rédaction), mais ce n'est pas toujours facile. L'investissement en temps (de préparation, d'entretien du réseau) est important et les retours sont incertains.

Avec les écoles, surtout, j'ai vécu beaucoup de déceptions. Parfois, les gens voudraient que je revienne régulièrement, mais les règles d'attribution des subventions à l'interne les en empêchent. Ou alors les profs changent et le projet tombe à l'eau. Je commence cependant à avoir une belle banque d'animations toutes prêtes, alors au moins quand on m'invite j'ai peu de temps de préparation à investir.

Côté ateliers, j'adore en donner, mais le temps de préparation et de correction post-atelier est vraiment grand, alors la rentrée d'argent (si on calcule un taux horaire) est toujours faible en comparaison (cette année au moins je suis arrivée à gagner à peu près le salaire minimum! youhouhou!). J'envisage cependant de créer une formule plus courte, axée sur des thèmes spécifiques (un peu comme le fait Éric Gauthier), ce qui me permettrait d'en faire plus d'un par année.

Pour sa part, le mentorat a été un peu décevant, mais c'est en grande partie de ma faute. Dorénavant, je vais me faire payer d'avance! Parce qu'il a été très difficile de faire comprendre à certains débutants que "payer un mentor" ne veut pas dire "acheter des bons commentaires". Et puis, payée d'avance ou pas, c'est épuisant de lire des textes bancals et d'essayer d'imaginer des manières de les corriger! (Chapeau à tous les directeurs littéraires qui font ça à temps plein!!!) Je ne sais pas si je vais continuer dans cette voix. Cela dépendra des opportunités je suppose.

C'est sans doute parce que j'émergeais d'une longue hibernation post-accouchement, mais il me semble que 2016 a été l'année où j'ai vu le plus de collègues se lancer dans les info-lettres, les pages d'auteur, l'auto-édition... et me semble que juste à les regarder aller, je suis épuisée! Oui, je pourrais sans doute publier des textes en format électronique, faire un effort de graphisme et de mise en page (malgré ce qu'on pourrait penser en voyant le blogue, je ne suis pas nulle en design graphique), transformer le blogue en info-lettre, essayer d'appâter des lecteurs, m'ouvrir un site web ou une page Facebook d'auteur, mettre du contenu exclusif à ces endroits-là... bref, jouer la game des statistiques, de la course aux like, de l'auto-promotion, dans l'espoir que ça me rapportera un meilleur revenu qu'en faisant affaires avec un éditeur...

Mais pour le moment, je n'en ressens pas le besoin. Je dirais même que la seule pensée de tous ces efforts me décourage. J'aurais l'impression de m'éparpiller. J'admire ceux qui le font (allo Dominic et Pierre-Luc même si j'ai pas de billet à mettre en preuve!), mais je crois que ce n'est pas pour moi.

J'entends souvent des collègues-écrivains dire qu'ils veulent surtout être lus. Et à chaque fois, je me sens un peu mal, un peu anormale. Parce que moi, je veux surtout écrire. Comprenez-moi bien : j'ai toujours mon lecteur en tête, j'écris pour lui, pour le faire voyager, le faire vibrer, j'adore être lue, j'aime qu'on vienne me jaser de mes bouquins (ou qu'on commente mes billets de blogue)... mais si je dois choisir entre investir du temps pour gagner des lecteurs ou investir du temps pour écrire un nouveau texte, le texte gagne à tous les coups.

Bref, 2016 aura aussi été l'année où je me suis rendue compte que j'avais absolument besoin d'un éditeur pour faire une partie de la job de promotion à ma place! Hihihihi! (Restera à en trouver un qui s'y investira sérieusement...)

Sur des plans plus personnels, cette année m'aura permis de renouer avec le café chaud, de lire 76 bouquins (pas tous bons, loin de là, mais j'étais contente de recommencer à lire), de découvrir comment un mini-humain développe son langage, d'apprendre un nouveau terme médical (bronchospasme), de refaire ma garde-robe, de reprendre une forme physique acceptable (même si y'a encore beaucoup de travail à faire) et de désespérer de pouvoir enfin passer du temps avec mon chum.

Dans l'ensemble, ce fut une excellente année, dédiée à l'écriture et à l'expérimentation, qui a passé à la vitesse de l'éclair. J'en veux au minimum 70 autres de  même!

Qu'est-ce que j'envisage pour 2017? Vous le saurez après Noël! ;)

11 commentaires:

Annie Bacon a dit…


Même constatation pour l'écriture et l'édition: j'aime trop la partie écriture pour m'embarasser de tout le reste! J'adore avoir un éditeur pour s'en occuper!

Sinon, 10 000$, ça me semble absolument atteignable! Une fois le DPP bien remplis, tu as déjà le tier de ton objectif! Et pour les animations scolaires, fais-tu partie de Communications jeunesse? Ils organisent des tournées scolaires qui sont assez rentable si tu as la chance d'en faire partie.

Nomadesse a dit…

Mmm, je partage ta passion pour l'écriture: j'avoue que j'ai déjà publié à compte d'auteur et que je n'ai plus le goût de le faire. Je veux bien être active sur FB et tenir mon blogue (mais très sporadiquement comme tu peux le constater), mais je carbure encore à l'inspiration (ben oui, je suis vieux jeu de même). Quand j'écris, c'est parce que j'ai quelque chose à dire et que ça va exploser sinon! Que ce soit un blogue, une chronique ou un roman. Je ne suis pas rentable, ça c'est sûr.

Et quand j'écris un roman, j'écris pour moi. Je ne pense pas du tout à un lecteur potentiel pendant que j'écris. C'est MOI MOI MOI à ce moment-là. Je veux comprendre quelque chose. C'est pour ça que c'est déjà infiniment gratifiant d'avoir le temps de le faire!

Être lue, ah ça, c'est un plaisir inimaginable, si le texte plaît en plus. Mais c'est la conséquence, pas la cause de mon écriture. Ça me donne un gros boost d'énergie pour continuer à fouiller la tête de personnages différents, d'histoires d'ailleurs, de mondes et d'exploration. Quand je termine un roman, j'espère toujours qu'il sera lu ensuite et qu'on aimera les personnages autant que je les ai aimés. Même si je ne les ai pas laissé vivre pour quelqu'un d'autre que moi-même...

Je vais m'inscrire à Culture à l'école cette année, j'espère que ça m'apportera quelques rencontres dans les écoles. Mais qu'est-ce que tu veux dire par ces règles qui empêchent de revenir dans les écoles? Si on ne rencontre pas les mêmes élèves, où est le problème?

Claude Lamarche a dit…

"J'entends souvent des collègues-écrivains dire qu'ils veulent surtout être lus. Et à chaque fois, je me sens un peu mal, un peu anormale. Parce que moi, je veux surtout écrire."

Ta réflexion mériterait que je m'y attarde plus longuement. D'emblée, je dirais que moi aussi c'est écrire et même si je n'étais pas lue, le besoin d'écrire referait surface.
Comme Nomadesse, comme Cesbron: pour comprendre, pour m'expliquer la vie à moi-même.
Mais il faudrait que je réfléchisse un peu plus parce qu'il est vrai également que ne pas être lue vous démotive.

Claude Lamarche a dit…

Ah! oui bien sûr je te souhaite que tu atteignes et même dépasses ton objectif financier.

Gen a dit…

@Annie : Contente de voir que je ne suis pas la seule qui voit les avantages de l'éditeur! :) Et non, je ne fais pas partie de Communication-Jeunesse. Je paie déjà l'UNEQ, alors ça me dérange un peu de devoir payer un second organisme, dans l'espoir d'être choisie pour leurs tournées d'animation. Ça ressemble un peu trop à une gageure... mais bon, tu n'es pas la première à me dire que ça vaut la peine, alors je vais ptêt m'inscrire en 2017. :)

@Nomadesse : J'aime que tu dises qu'être lue, c'est la conséquence! :) Tu as raison : moi aussi ça me donne un boost et j'adore ça, mais c'est effectivement la conséquence, pas la cause! :) Par contre, comme je ne me raconte pas mon histoire en l'écrivant, mais plutôt en la planifiant, pour moi dès que je suis en phase d'écriture, j'écris en pensant à un éventuel lecteur, à ce que je veux lui faire vivre... mais qu'il y ait 1 lecteur (mon chum) ou 1 million, ça ne change rien à mon plaisir d'écrire.

Pour les règles d'attribution des subventions, il semble y avoir des commissions scolaires et/ou des directions d'école (c'est pas clair qui est le responsable) qui veulent "faire une rotation" entre les écrivains invités. Même si, en effet, on pourrait revenir chaque année et voir chaque fois un groupe différent! Je présume qu'ils font ça pour éviter d'avoir l'air de favoriser un auteur ou un autre, mais c'est plate quand ça clique vraiment avec le prof.

Cela dit, c'est pas partout pareil. Comme je dis, j'ai au moins une école qui m'invite chaque année.

@ClaudeL : Effectivement, écrire sans jamais être lue deviendrait démotivant. Ah, misère, c'est jamais simple! lol! (Et merci pour les vœux financiers! :)

Dominic Bellavance a dit…

T'inquiète pas : l'autoédition, je ne conseillerais ça à personne. Je le fais parce que le défi me plaît bien, et j'aime les activités connexes. Mais un éditeur, ça a encore sa raison d'être.

Cela dit, j'ai l'air de passer énormément de temps en promotion, mais en vérité, je ne fais presque rien. Outre mes billets de blogue occasionnels, j'écris mon infolettre mensuelle (une demi-journée de travail). Je ne nourris pas mon Twitter, et suis assez tranquille sur Facebook. J'ai fait des choix pour investir mes efforts uniquement là où ça en valait la peine (justement pour ne pas nuire à l'écriture).

C'est mettre mon système en place qui a été long. Mais une fois que c'est fait, ben, c'est fait :)

Gen a dit…

@Dominic : C'est sûr qu'avec mes trois billets de blogue, ça me prend probablement à peu près le même temps (mais à part ça je suis en silence radio presque partout). Mais ce qui me dérange avec l'info-lettre, c'est l'absence de stats. Comment tu fais pour savoir si ça été lu? (Je reçois personnellement beaucoup d'info-lettre et j'en lis 1 sur 10 à peu près) Et les commentaires des lecteurs vont aller uniquement vers toi, ils ne discuteront pas entre eux, comme ça se fait (ou, entk, se faisait) sur le blogue. Je trouve ça moins convivial. (Sans compter le problème avec les règles anti SPAM). Mais bon, je continue de réfléchir. On verra bien ce que je ferai l'an prochain. Tsé, j'ai même pas de Facebook d'auteur, je suppose que je devrais corriger ça.

Dominic Bellavance a dit…

On a effectivement accès à des statistiques qui nous révèlent le taux d'ouverture, de désabonnement et de clics. Et ce n'est pas tout le monde qui désire communiquer entre lecteurs. Si certains aiment le faire, ils peuvent utiliser mes autres canaux comme le blogue ou Facebook. C'est vraiment un question de préférences. L'infolettre, c'est parfait pour le lecteur passif qui veut rester au courant.

Mon but est évidemment que mes courriels soient ouverts et lus. Pour ça, j'ai dû ajuster mon ton et faire quelques tests. Les courriels autopromotionnels (avec un titre qui annonce un rabais, par exemple) ont eu un taux de désabonnement très élevé. À l'inverse, pour les courriels qui contiennent des trucs d'écriture, ce taux s'approche de 0 %. C'est tout un exercice, et ça m'a permis d'en apprendre énormément sur les comms en général.

Les SPAMS, c'est évidemment notre bête noire. Et c'est pas si simple de se protéger contre ça. Il faut modifier les DNS de son serveur pour signer ses courriels et les rendre sécurisés, utiliser des white labels, etc.

L'un des meilleurs sites web pour tester sa "deliverability" est le suivant : https://www.mail-tester.com

Entk, si jamais tu te décides à te lancer là-dedans, hésite pas à m'écrire. Je pourrais te guider vers les bonnes ressources.

Je connais aussi plein d'auteurs qui ont une infolettre se limitant à annoncer les nouvelles parutions. Genre, ça envoie un courriel uniquement lorsqu'un nouveau livre est dispo en librairie. Ça ne gosse personne, et ça permet à tes fans de rester au courant. Tu pourrais évaluer cette option.

Gen a dit…

@Dominic : Ouaip, je vais définitivement t'écrire si je me lance là-dedans. (Ou alors je vais sous-traiter mon chum! hihihihihi! ;) Et tiens, j'aime l'idée d'une info-lettre pour annoncer les dernières parutions. :)

Gabrielle Syreeni a dit…

Moi aussi j'ai décidé de me lancer dans l'Infolettre (même si pour l'instant, c'est plutôt mort) ces derniers temps et mon fournisseur est la compagnie québécoise CyberImpact (je l'avais découverte par l'entremise d'une de mes expériences de bénévolat dans le milieu de l'événementiel) que je trouve très bien et très fonctionnel. Tous les outils sont fournis, dès le départ - si nous n'y connaissons pas beaucoup en html. Et le système d'envoi de courriels est gratuit jusqu'à un maximum de 250 (250 courriels au total par mois).

@DominicBellavance Moi qui est toujours impressionnée par ta présence sur les réseaux sociaux, me voilà étonnée d'apprendre que finalement, tu en fais peu... mais le travail derrière pour y arriver a été énorme. Je comprends ce que tu veux dire.

Gen a dit…

@Gabrielle : Intéressant, je note le nom de l'entreprise. :)